Après un cru 2018 très correct, marqué par une nette amélioration des graphismes, la licence motorisée MotoGP revient avec son lot de promesses. Ambitieux, le studio Milestone mise cette fois sur le réalisme des courses et comble les manquements, en matière de contenu, de l’édition précédente. Outre une IA revue et corrigée, cette itération ajoute un mode Défis historiques qui devrait ravir les nostalgiques du bitume. On a pu poser les mains sur une version preview et on vous explique pourquoi ce titre pourrait bien mettre tout le monde d'accord.
En découvrant la bande-annonce du jeu de ce nouveau volet, on a bien compris que MotoGP 18 était un épisode de transition. Bien que salué pour ses graphismes et la topographie de ses tracés – merci l’Unreal Engine 4 – l’édition précédente a fait grincer les dents de la communauté. Pas de mode multi en écran-splitté, plus de saison en coopération, de motos de légende ou encore de management… le contenu s’est mangé un sérieux coup de casque ! Pour un épisode « reboot », le pari était risqué et les protégés de Milan avaient apparemment un plan.
IA neuronale
C’est assurément l’innovation majeure de cet épisode. Depuis deux ans, Milestone développe, en collaboration avec Orobix, une intelligence artificielle neuronale appelée A.N.N.A. – pour Artificial Neural Network Agent. Derrière ce nom un peu pompeux se cache un système qui permet aux adversaires de ne plus se limiter à un ensemble de règles codées par des programmeurs. Désormais, ils apprennent de leurs erreurs et modifient leur trajectoire selon les situations rencontrées. Leurs attitudes ne sont plus scriptées mais intègrent, à l'image du Drivatar de Forza, des comportements qui évoluent en temps réel. En jeu, ces déplacements sont palpables et nous n'avons jamais vu le même pilote reproduire la même erreur. Par ailleurs, les dépassements sont plus agressifs et les concurrents n’hésitent pas à prendre des risques – qui ne payent pas toujours – pour grapiller une place ou deux. Dans les faits, le changement est donc perceptible mais il faudra attendre la version finale pour se faire un avis plus définitif. Une chose est sûre, l'IA donne moins l'impression de suivre un rail.
Courses de légende
Remarqués par leur absence l'année dernière, les pilotes de légende signent leur grand retour ! Le mode Défis historiques vous permet ainsi d'incarner les champions qui ont marqué l'histoire de la moto. Mis en abîme par une description complète des évènements, le joueur revit des moments fédérateurs, comme le record de Wayne Rainey sur le circuit de Brno en 1993, le dernier tour de piste de Mike Doohan ou encore l’éclosion d’un certain Valentino Rossi. Au-delà de l’interface très soignée (avec une vidéo jouée dans une petite fenêtre), ce mode d’une soixantaine de défis est une bénédiction pour tous les amoureux de la discipline car il retrace près de vingt ans de compétition. Divisé en quatre catégories (Héros des 500 cm3, L’aube du MotoGP, Grandes rivalités et l’Ère moderne), nul doute qu’il saura raviver la flamme des nostalgiques qui s’était un peu éteinte avec MotoGP 18. Il y a toutefois un bémol, le gameplay ne semble pas avoir été remanié pour ces bécanes de prestige. Il faut donc espérer que cet ajout ne soit pas seulement d’ordre esthétique. Aussi mythiques soient-elles, les motos d'antan ne se maîtrisent pas du tout comme les bolides actuels.
MotoE présente ou pas ?
Parmi les autres nouveautés de cette édition, l’apparition de la compétition MotoE était attendue. C’est en effet cette année que sera lancé le championnat du monde des motos électriques. À l’origine, la compétition devait débuter en avril mais un incendie a ravagé le paddock MotoE en mars dernier (motos et équipements sont partis en fumée), obligeant les organisateurs à repousser cette première saison électrique à juillet. MotoGP 19 aura ainsi cet avantage de vous plonger dans cette compétition avant même son ouverture. Enfin logiquement… car rien dans la version preview ne laisse penser que la MotoE sera de la partie. Il se peut que le flou entourant cette nouvelle compétition ait poussé les développeurs à revoir leurs plans initiaux. Il faudra, là encore, attendre la version finale pour en avoir le cœur net. Rien n’exclut, en effet, l’ajout de ces motos électriques via le menu Contenus téléchargeables présent sur l’interface.
L’ascension des sommets
En ce qui concerne le mode Carrière, nous n’avons pas vu de changements majeurs. Très classique dans son déroulement, il reprend dans les grandes lignes les bases de MotoGP 18 avec son week-end complet. Scindé en deux sections, carrière normale et pro (pour les puristes et les amateurs de challenge), ce mode intègre de nouveaux essais hivernaux, des essais libres, un tour de chauffe et des séances de qualification. Et on retrouvera bien entendu tout ce qui touche à la progression, qu’il s’agisse des réglages, de l’interaction avec les mécaniciens et ingénieurs et de la R & D (recherche et développement). Indéniablement, MotoGP 19 est plus complet que son aîné. Les options de personnalisation sont également plus nombreuses (on peut créer et partager ses casques) et tout laisse à croire qu’il surpassera, sans mal, l’édition précédente. En revanche, une nouvelle fois, il faudra faire sans l’écran-splitté, ce qui est très dommage. Les développeurs ont préféré miser sur la troisième édition du MotoGP eSport Championship et sur les infrastructures en ligne. Ainsi, les joueurs pourront compter sur des serveurs dédiés afin d’être mis dans les meilleures conditions. Vous pourrez ainsi créer votre Grand Prix, paramétrer vos tournois, définir vos règles… et même vous grimer dans la peau du directeur de course en gérant la retransmission, en collant des pénalités et en partageant vos exploits. Le multijoueur n’étant pas actif, nous n’avons pas pu essayer ce mode mais ça laisse augurer de choses sympathiques.
Mises bout à bout, toutes ces nouveautés fleurent bon le travail bien fait et MotoGP 19 demeure plutôt prometteur. Quant aux graphismes, ils profitent une nouvelle fois de l'Unreal Engine 4 et les sources de lumière nous ont paru plus maîtrisées. Malheureusement, les tracés manquent encore de vie et certaines textures font un peu tâche dans ces paysages assez mornes. Il faut donc s'attendre à une timide amélioration sur le plan visuel. Enfin, en ce qui concerne le gameplay, le pilotage s’avère aussi agréable que l’an passé avec un poids bien retranscrit, des collisions moins laxistes (dommage que les animations soient toujours aussi robotiques) et un frein moteur très efficace.
Avec son interface mieux pensée et ses diverses nouveautés, MotoGP 19 poursuit le long chemin entrepris par Milestone depuis des années. Cette édition corrige les manquements de l’épisode précédent et devrait, en toute logique, surpasser son homologue. Ne vous attendez toutefois pas à l'excellence, il reste encore de la marge pour que le studio italien ravisse tout le monde – à commencer par le retour de l'écran-splitté et de différents modes présents dans MotoGP 17 – mais on aura bien le temps d’en reparler dans le test complet.