Ghost Recon Wildlands fut une étape déterminante pour la franchise estampillée Tom Clancy. L’épisode de 2016 a redéfini les contours de la saga et modernisé la formule en s’aventurant dans les immensités coopératives du monde ouvert. Du sang a coulé sous les ponts en trois ans, mais les Ghosts n’ont toujours pas déposé les armes. Ubisoft les parachute désormais dans Breakpoint… un nouveau TPS qui innove et s’avance confiant en terrain "inconnu".
Ghost Recon Breakpoint : Les impressions de la rédaction en 3 minutes
Lors d’un événement organisé par Ubisoft dans ses studios de Montreuil, l’éditeur français a dévoilé Ghost Recon Breakpoint au cours d’une présentation en hands off d’une heure suivie d’une session de jeu de 15 minutes et pour finir l’interview d'Eric Couzian (Creative Director).
L’aurore des loups
Ghost Recon Breakpoint s’intéresse de près à l’un des sujets favoris de la science-fiction… l'avènement des intelligences artificielles. Le nouveau TPS d’Ubisoft suit la percée des sciences dans le domaine des I.A au début du 21e siècle et la montée en puissance des armes autonomes. Après un détour plus contemporain par la Bolivie, la franchise retrouve ses aspirations technologiques avec ce récit d’anticipation symbolisé par Skell Technology, une entreprise pacifique tombée aux mains d’un groupuscule militaire nommé The Wolves. Le postulat de départ de Breakpoint rappelle clairement un certain Metal Gear Solid avec son île occupée par une force militaire inconnue.
Le scénario débute lors d’une mission de reconnaissance des Ghosts sur Auroa, un archipel ayant coupé tout contact avec le monde extérieur. Suite à une attaque coordonnée de drones et le crash de leur hélicoptère, les agents envoyés sur place découvrent un lieu hostile tombé sous le joug de Cole D. Walker, ancien compagnon d’armes des Ghosts, et de ses sbires. Et les élans cinématographiques de ce nouvel épisode ne font que confirmer l’affiliation avec l’oeuvre de Hideo Kojima. Le grand vilain de l’histoire n’est autre que l'acteur Jon Bernthal (aka The Punisher sur Netflix)… un soldat introduit dans l’Opération Oracle de Ghost Recon Wildlands.
Ubisoft lorgne sur le 7e Art avec ses plusieurs heures de cinématiques et souhaite travailler avec les talents d’Hollywood pour donner un souffle épique à son récit. Loin d’être de simples fonctions scénaristiques, les antagonistes et les personnages secondaires gagnent en présence, et empruntent la voix et/ou les traits de certaines personnalités. Et Breakpoint tente d’iconiser ses méchants en mettant l’accent sur leur entrée en scène et sur leurs exactions à l’image de FlyCatcher, un ennemi utilisant des drones volants pour atteindre ses cibles. Plus surprenant encore, certains choix moraux ponctuent l’aventure. Si les objectifs militaires demeurent les mêmes lors des missions, les Ghosts expriment leurs opinions via plusieurs dialogues à choix multiples. Néanmoins, cette fonctionnalité sert uniquement le roleplay et n’a aucune incidence sur le récit.
Ghost Recon Wildlands marquait une rupture dans la saga. Fini la structure en niveaux et la progression linéaire et place à un monde ouvert. Et Ubisoft se repose sur ces fondamentaux pour imaginer Auroa, une île fictive propice à l’exploration et à la découverte que ce soit à pied ou à bord de la trentaine de véhicules mis à disposition. Ce lieu regorge de mystères et invite les aventuriers à en découvrir les moindres recoins. Le périple en Bolivie en mettait plein les mirettes et Breakpoint est en passe de faire mieux. Plus grand et plus riche, cet Open World alternant végétation et structures hightech brille par ses visuels aguicheurs et la variétés de ses biomes (jungle, marécage, montagne, volcan, plaine, plage, forêt...). La technique souligne la beauté des lieux et insuffle la vie dans ces environnements. La météo dynamique, le cycle jour/nuit, les animations de la végétation, les effets de lumières et atmosphériques… participent grandement à ce réalisme tant recherché par les artistes officiant sur le projet. Ubisoft pousse également dans ses retranchements les animations des personnages. Une main posé sur le sol pour stabiliser une ascension difficile, une glissade contrôlée… l’ensemble gagne grandement en crédibilité.
Présentation de Skell Technology
L’ombre et la proie
Ghost Recon Breakpoint s’appuie bien évidemment sur le gameplay et la progression de Wildlands sans pour autant se reposer sur ses acquis. En effet, Ubisoft innove sur de nombreux points. Autrefois dans la peau du chasseur, le Ghost est cette fois-ci la proie des loups. Pour échapper à ses poursuivants, il se fond dans le décor avec l’aide d’un camouflage optique, exploite les conditions météorologiques et s’infiltre sans alerter les gardes. Ce TPS met aussi l’accent sur l’investigation. Il faudra trianguler la position d’une cible, faire une reconnaissance tactique via un drone, marquer les ennemis, localiser précisément le lieu de la mission et surtout planifier ses actions sous peine d’échouer ou de mordre la poussière.
Cet épisode insiste plus que jamais sur la survie et intègre directement une vision simplifiée de celle-ci aux mécaniques de jeu. Pour survivre sur Auroa, le Ghost doit se nourrir, s’hydrater et se soigner sous peine de voir ses aptitudes au combat décliner sans pour autant risquer la mort. Une jauge de Stamina (endurance) traduit en temps réel l’état du héros. Lorsque celle-ci frôle le zéro, les actions les plus simples deviennent alors compliquées à réaliser. Et le bivouac matérialise cette approche survivaliste. Lieux de repos du guerrier, ces campements à découvrir au gré de l’aventure, permettent de répondre aux besoins physiques du Ghost ainsi que de crafter des équipements, des items… en collectant au préalable les ressources nécessaires au sein de l’environnement.
La dimension RPG similaire à celle de l’épisode précédent reprend du service avec la personnalisation de l’avatar, les capacités physiques et mentales à améliorer via un système d’expérience et le loot synonyme d’obtention de nouvelles armes à feu et/ou d’équipements. Cependant, Breakpoint cherche à spécialiser les joueurs. En effet, ces derniers choisissent une classe, interchangeable au bivouac, parmi les 4 présentées (Assaut, Sniper, Furtif…). Et cette décision détermine votre style de jeu et donc votre rôle lors des missions. Ghost Recon Breakpoint prend tout son sens à plusieurs et cette feature accentue l’approche collaborative du titre.
En plus du mode PvP tiré de Wildlands, la campagne sera jouable en solo ou en coopération jusqu’à 4 joueurs et Ubisoft ajoute plusieurs mécaniques d’entraide afin de pousser les Ghosts à travailler en équipe. Ces derniers peuvent ainsi partager leurs ressources au bivouac, se soigner mutuellement et surtout porter un coéquipier blessé. Mais un jeu Ghost Recon ne serait que l’ombre de lui-même sans ses tirs synchronisés, véritable marque de fabrique de la saga. Et ces derniers répondent naturellement présents. En solo, le joueur sans I.A pour l'accompagner utilise trois drones afin d’éliminer les unités adverses. A plusieurs, les Ghosts se synchronisent entre-eux et peuvent également faire appel à leurs drones respectifs pour éliminer plusieurs cibles simultanément.
Pourtant, aussi bien planifiée qu’elle soit, une mission se déroule rarement sans accroc et les pluies de balles ne tardent jamais à tomber. Et sur ce point, les combats demeurent toujours aussi intenses et tactiques. Le système de couverture fonctionne parfaitement tandis que le ressenti armes en mains exalte les sens. Malgré cette facilité à divertir par l’action, Ghost Recon Breakpoint souffre d’une intelligence artificielle sommaire qui récite les gammes du parfait soldat de TPS moderne sans réellement surprendre. Bien souvent, leur agressivité naturelle et le surnombre se contentent de donner le change.
Ghost Recon Breakpoint met en joue et vise juste. Le TPS d’Ubisoft repose sur des fondations solides et souhaite véritablement innover. Ses élans cinématographiques et son appétence pour la survie transforment en profondeur l’ADN de la franchise sans en sacrifier les forces. La richesse de son monde ouvert et sa campagne coopérative intense promettent un dépaysement total et plaisant en milieu hostile.