Monde ouvert et grande liberté, deux ingrédients qui ont permis aux jeux de survie de séduire des millions de gamers ravis de pouvoir jouer les robinsons. Mais avec l'expérience et les moyens de Bethesda, il sera intéressant de découvrir comment seront incorporées ces mécaniques sandbox à l’univers de Fallout et ce que cette fusion inattendue apportera aux afficionados du genre. Alors, AAA et survie font-ils bon ménage ?

Une anarchie contrôlée

Entrons directement dans le vif du sujet en abordant la question du gameplay. Les jeux de survie classiques, vous les connaissez probablement : il s’agit généralement de survivre (eh oui) dans des environnements hostiles en commençant avec un morceau de bois et une pierre en poche. La liberté est totale, pour le meilleur… et pour le pire. Entre les joueurs suréquipés qui s’attaquent aux plus démunis et les raids de bases en pleine nuit, quand personne n’est présent sur le serveur, les expériences du genre sont jouissives, mais aussi parfois frustrantes. Avec sa mouture, Bethesda compte bien limiter ce genre de pratiques. Car qui dit AAA, dit également accessibilité. Ainsi, Todd Howard a expliqué à plusieurs reprises que les comportements précédemment cités seraient limités :

Il est important de noter qu’il ne s’agit pas simplement d’un jeu complètement PVP, où vous entrez dans un monde et tout le monde vous tire dessus. – Todd Howard, producteur de Fallout 76

Pour rendre le tout accessible au plus grand nombre, la firme américaine a donc procédé à quelques ajustements inédits. Tout d’abord, il ne sera pas possible de récupérer l’ensemble de l’équipement d’un adversaire que vous avez tué, mais seulement une partie des ressources qu’il a amassées. Aussi, lorsqu’un utilisateur s’attaque à un autre joueur, celui-ci ne reçoit qu’une quantité de dégâts limitée et le combat ne commence réellement que si la personne visée riposte. Une forme d’acceptation du duel, en quelque sorte. À noter également, il est impossible de s’engager dans un affrontement PVP avant le niveau cinq. Enfin, si jamais une personne s’amuse à tirer sur tout ce qui bouge, elle deviendra alors une cible à abattre, s’affichera en rouge sur la carte et une prime sera mise sur sa tête. Bref, le côté peu encadré qu’il est possible de retrouver dans des titres comme ARK est donc largement atténué.

Même son de cloche du côté de la construction. Déjà présente dans Fallout 4, la fabrication d’abris s’intègre donc logiquement à la formule du jeu de survie. Mais là où conserver une forteresse durant plusieurs jours dans Rust est quasiment impossible (à moins de mettre en place une équipe de nuit et de posséder un arsenal énorme), Bethesda a également procédé à une adaptation majeure. Lorsque l’on se déconnecte, notre bâtisse disparaît du serveur et ne revient qu’à notre retour. Impossible de camper devant une porte ou d’attendre une absence pour tout faire exploser, les assauts devront se faire en face à face. La liberté en prend un coup, mais c’est clairement pour rendre l’expérience de tout le monde plus agréable. Ce n’est pas parce que nous sommes dans un univers post-apocalyptique qu’il ne faut pas respecter son prochain après tout.

Un univers fort et adapté à la survie

Comme vous le savez certainement, Bethesda Game Studios possède deux grandes licences, The Elder Scrolls et Fallout. Si les développeurs ont choisi les Terres Dévastées pour s’attaquer au genre de la survie, ce n’est pas un hasard. Il s’agit en effet d’un monde qui devrait particulièrement bien s'y prêter. Tout d’abord, l’ambiance post-apocalyptique apporte une justification immédiate au comportement des joueurs : le monde est au bord du gouffre et les êtres encore en vie essayent de survivre coûte que coûte. Vous n’apparaissez donc pas au hasard sur une carte, vous êtes le ressortissant d’un abri après une guerre thermo-nucléaire globale. Et cet environnement apportera avec lui un lore travaillé depuis une vingtaine d’années, comprenant ses créatures, ses factions, son histoire… Un monde AAA qui possède donc une personnalité forte, argument qui fait souvent défaut chez une bonne partie des productions du genre.

Outre cette ambiance forte, ce sont également les mécaniques de la licence qui sont finalement assez proches de ce que nous retrouvons dans un jeu de survie classique. Nous avons déjà évoqué le système de construction, mais le craft d’objets est également très présent depuis Fallout 4. Récupérer des babioles un peu partout sur la carte vous permet de fabriquer des objets, comme des armes ou des outils, mais également de les améliorer. L’ensemble semble toutefois plus adapté au jeu en communauté avec la possibilité d’aller chercher des matériaux dans les mines ou de cuisiner.

Mais il est clair que si Fallout 76 tente de modernises la franchise afin d’offrir une expérience de jeu de survie, il reste fondamentalement un membre de la famille Fallout. Comme les développeurs l’ont déjà expliqué, le PVE sera au moins aussi important que le PVP. Cela signifie donc que des quêtes environementales, des éléments liés au lore et une trame principale seront au rendez-vous. Là où Rust vous pousse à fabriquer votre propre aventure dans un monde proche du bac-à-sable, le titre de Bethesda semble se diriger vers une progression plus guidée. Encore une fois, nous retrouvons ce critère typique des productions majeures : l’expérience se doit d’être accessible et cela se fera également par la présence d’un scénario principal. Tout dépend donc la manière dont il est sera naré et, en cela, Bethesda a l'experience pour proposer, au moins, quelque chose de similaire aux autres épisodes de la série.

Finition et suivi AAA

Terminons enfin sur un élément qui fait régulièrement polémique chez les amateurs de jeux de survie, l’optimisation. Evidemment, quand on possède les moyens de Bethesda, il n’est pas nécessaire de passer par une Early Access durant plusieurs années. Nous pouvons donc attendre de Fallout 76 une expérience plus complète et peaufinée comme savent nous en proposer les AAA modernes. À la vue des différents trailers publiés jusqu’ici, il semblerait d'ailleurs qu’un contenu important soit disponible dès le lancement puisque nous avons pu voir une foule de créatures différentes, ainsi qu’une grande quantité de lieux variés. Également, certaines possibilités réservées aux joueurs de haut niveau ont été dévoilées, notamment le lancement de missiles nucléaires.

À ce propos, Todd Howard a récemment déclaré que le titre aurait le droit à un suivi lui aussi digne d’un AAA. Selon le producteur du jeu, l'expérience a été conçue pour pouvoir être mise à jour de manière mensuelle, voire hebdomadaire. Avec sa force de frappe, Bethesda compte ainsi la faire évoluer durant plusieurs années. Si le financement de cet entretien passera notamment par des micro-transactions pour des objets cosmétiques, il faut savoir que les DLC à venir ne coûteront pas un centime. Il sera donc intéressant de voir les différentes directions que prendra Fallout 76 dans les années à venir.

L’une des choses que nous aimons vraiment à propos de Fallout 76, c’est que nous l’avons créé de telle manière que nous pourrons le mettre à jour sur une base mensuelle et hebdomadaire. – Todd Howard, producteur de Fallout 76

En conclusion, nous pourrions citer les mots de Todd Howard afin de qualifier au mieux cette fusion entre production AAA et jeu de survie, il s’agit d’un "softcore survival". Littéralement, un "jeu de survie modéré". Afin d’éviter les agissements abusifs, le comportement des joueurs sera encadré afin de rendre le tout accessible au plus grand nombre. Bethesda chamboule donc la formule traditionnelle et semble dire : « nous ne voulons pas que le chaos soit total ». Une logique inhérente aux productions majeures qui vient accompagnée de nombreux atouts dont un univers fort et cohérent avec un contenu que l'on attend riche et un suivi post-lancement digne de ce nom. Fallout 76 sera-t-il considéré comme un jeu de survie à part entière, comme un Fallout en ligne ou comme un mariage des deux ? Réponse le 14 novembre.