Continuant à véhiculer au cinéma le mythe du super-héros à travers ses innombrables franchises, Marvel choisit cette fois de mettre en avant l'un de ses héros les plus atypiques, l'un des rares à briser le quatrième mur, à savoir Deadpool. Ainsi à l'image des Guardiens de la Galaxie, on se retrouve ici face à un film qui ne partait pas gagnant, du moins si on se base sur la notoriété grand public du personnage qui allie langage fleuri et méthodes expéditives versant rapidement dans le gore. Pour autant, ce premier Deadpool se montre réjouissant à bien des égards et constitue l'une des excellentes surprises de ce début d'année 2016.
Deadpool : Entre bonne blague et gore
Bien qu'habitué aux films de super-héros, il faut avouer que nous n'attendions pas grand chose de Ryan Reynolds dans le rôle titre. Il faut dire qu'après avoir incarné une première version de Deadpool dans X-Men Origins : Wolverine (dont le film se moque gentiment), Green Lantern dans le très moyen film éponyme ou bien encore l'insupportable Hannibal King dans Blade : Trinity, il y avait de quoi douter. Fort heureusement, Deadpool convient parfaitement à l'acteur, tant dans sa personnalité que dans sa façon de s'exprimer, l'anti-héros n'ayant jamais son pareil pour balancer des vannes entre deux étripages à grand coups de katana. D'ailleurs, si le film arbore un étonnant (pour un tel blockbuster) «Interdit aux - de 17 ans» aux USA, c'est sans doute cette liberté de ton qui offre au long-métrage de Tim Miller un personnalité le classant dès le départ comme un véritable ovni dans le Marvel Univers cinématographique.
En effet, là où Les Guardiens de la Galaxie optait pour un ton décalé, rock 'n roll, constamment saupoudré d'humour, Deadpool, tout en maximisant lui aussi sur les blagues et autres vannes, milite pour des affrontements gores synonymes de membres coupés, d'empalements et autres joyeusetés. Une façon de bien se démarquer des autres productions de la Maison des idées et ce dès le générique d'ouverture s'amusant au détriment du réalisateur, de son acteur principal ou bien encore de l'intégration d'un personnage entièrement en CGI, autrement dit Colossus, l'un des deux X-Men présents avec la jeune mutante Negasonic.
Il n'en reste pas moins que Deadpool prend malgré tout son temps pour nous conter l’histoire de Wade Wilson (un tueur atteint d'un cancer qui se voit offrir la chance de guérir et d'obtenir en prime des pouvoirs le rendant quasi immortel) à travers une histoire d'amour étonnamment touchante et évoluant à travers plusieurs allers-retours entre présent et passé. Ainsi, via des flashbacks s'attardant sur la rencontre entre Wade et Vanessa, le film trouve un bon équilibre, ces passages, oscillant entre complicité et humour, permettant au long-métrage de souffler entre deux scènes d'action mettant en scène Deadpool et les hommes d'Ajax, aussi indestructible que notre héros cabotineur.
Briser le quatrième mur afin de pouvoir rire de tout
Outre un rythme mené tambour battant et le savoir-faire de Miller (qui n'avait pourtant jusqu'ici principalement brillé qu'en designant les séquences d'ouvertures de The Girl with the Dragon Tattoo, Thor : The Dark World ou en surpervisant les effets spécieux de Mass Effect 2), c'est avant toute chose l'élément le plus iconique du comics qui donne le ton du film : le fait qu'a Deadpool de s'adresser au spectateur en l'associant à ses pensées. Assez déstabilisant pour qui ne connaîtrait pas la BD, cet élément trouve rapidement place dans le film, surtout lorsqu'il s'agit de s'amuser aux dépends d'autres productions Marvel, du manque de moyens du film ou bien encore d'envoyer des clins d'oeil complices aux spectateurs.
Si le film tacle donc certains films X-Men ou divers choix artistiques appartenant au passé, il n'en oublie pas pour autant de rendre son propos cohérent tout en offrant un spectacle de grande qualité. C'est ce qu'on attendait de lui et sur ce point, difficile de faire la fine bouche.
De fait, en devenant rapidement le film le plus rentable de la franchise X-Men aux USA (et sans aucun doute, très bientôt au niveau mondial), Deadpool semble bien parti pour traîner ses guêtres encore quelques années dans les salles obscures. Espérons simplement qu'il ne perdra pas en chemin sa verve jouissive et sa propension à tailler dans le lard à la moindre occasion.