La désormais tristement célèbre saga opposant d'un côté Gameloft et Ubisoft, et de l'autre Vivendi prend un nouveau tournant ce lundi. Déjà propriétaire de plus de 30% des parts de Gameloft, la société menée d'une main de maître par Vincent Bolloré a proposé une offre de rachat de l'ensemble des actions à hauteur de 6 € chacune. Offre refusée par le conseil d'administration de l'éditeur de jeux mobiles, qui l'a estimée contraire à son intérêt.
Si l'offre semblait plutôt raisonnable au moment de sa formulation, la hausse du cours de l'action jusqu'à 6,80 € le lendemain n'a sans doute pas aidé à la rendre assez intéressante. Dans un billet publié sur son site, Gameloft développe ses arguments, insistant notamment sur "l'absence de rationnel industriel de ce projet de rapprochement".
L'argumentaire du groupe est en fait divisé en trois parties : D'une part, le manque d'intérêt financier de la manoeuvre, justifié par la hausse du cours depuis l'offre publique d'achat, d'autre part le faible degré de synergie entre les groupes qui ne permettrait pas à Gameloft de bénéficier d'une plus-value avec son acquisition par le groupe Vivendi. Enfin, l'éditeur évoque également des questions d'ordre morale, tançant "La déstabilisation des équipes de Gameloft résultant de cette offre hostile et en particulier de ses créatifs et leur management très attachés au caractère indépendant de la société", ainsi que "Les modalités de la montée au capital de Gameloft par Vivendi depuis le 22 septembre 2015, qui ont trompé et lésé les actionnaires minoritaires ayant cédé leurs titres à Vivendi". Ambiance.
Si la manoeuvre retarde la prise en main de Gameloft par Vivendi, ce dernier ne devrait pas trop tarder à lancer une nouvelle offre financièrement plus intéressante pour les premiers cités : Reste à savoir si parler à coups d'espèces sonnantes et trébuchantes suffira à s'attirer les faveurs des actionnaires, ou si la mention de l'absence de synergie n'est pas vouée à tomber dans l'oubli.