Devant ces bons résultats, Phil Spencer avait déjà exprimé son soulagement auprès de GamesRadar :

Je l'ai déjà dit un bon nombre de fois, mais il y a quatre ans, quand je faisais ce genre d'interviews, je disais : "Est-ce que les gens ont encore besoin de consoles ?" et "Est-ce que ce ne serait pas la fin ? Tout le monde joue sur son téléphone".

Maintenant je vois que la PS4 s'est vendue à plus de 20 millions d'exemplaires et que nous avons vendu plein de Xbox One à travers le monde, plus que de 360 à la même période.

Mais si le patron de la division Xbox se montre plutôt optimiste, les analystes, eux, semblent toujours aussi pessimistes. Le fait qu'ils se soient plus ou moins trompés concernant le lancement de la huitième génération ne paraît pas les décourager et ils en remettent aujourd'hui une petite couche. En effet, un expert du cabinet Wedbush s'est exprimé auprès de GamesIndustry et pense que le nombre de consoles actives ne grimpera plus : des joueurs mettront leur précédente machine au placard pour en acheter une autre, d'autres commenceront ou arrêteront d'acheter, mais nous ne dépasserons pas le chiffre de 270 millions de machines utilisées :

La base de consoles installées ne sera jamais plus grande. Cette génération ne sera pas plus grande que la génération précédente. Nous allons être au même point.

En bon analyste qu'il est, Pachter va étayer un peu ses propos avec quelques chiffres issus de ses travaux :

La Wii U vendra 20 millions d'unités comparés aux 100 millions de la Wii. La PlayStation 4 vendra 120 ou 130 millions - ce qui est bien. La Xbox One vendra 100 à 110 millions - ce qui est bien. Additionnez le tout et cela fait 260 millions d'unités, environ, et le cycle précédent était à 270 millions.

La partie la plus intéressante est alors abordée. Pourquoi les analystes sont-ils si défaitistes ? La réponse est simple : pour eux, la huitième génération sera la dernière à proposer de véritables consoles de jeu. Les ventes vont s'essouffler jusqu'à ce que les trois grands décident d'arrêter d'en produire pour se concentrer sur leur système et les jeux, car selon Pachter, "le jeu vidéo ne devrait pas nécessiter de console".

C'est le dernier cycle de véritables consoles. Je ne veux pas dire que Microsoft, Sony et Nintendo vont faire faillite et fermer - ce ne sera pas le cas. Chacun d'entre eux fera encore une console, certaines personnes vont l'acheter et le prochain cycle sera à cette console, ce que la 3DS est à la DS. La 3DS vend environ 15 millions d'unités par an, la DS a eu cinq années consécutives où elle a vendu plus de 26 millions. C'est presque moitié moins.

Donc quand je dis que ce cycle de console est le dernier cycle de console, la raison est que le jeu vidéo ne devrait pas nécessiter de console. Et je ne parle pas de cloud.

L'homme continu alors en expliquant qu'une console de jeu est en fait un ensemble de composants électroniques dont le prix ne cesse de baisser. Les divers appareils multimédia que nous utilisons tels que les smartphones ou même des boitiers TV sont pourvus de composants de plus en plus puissants et Pachter pensent que nous tenons là l'avenir du jeu vidéo. Le postulat est simple : ce n'est pas sur les consoles que les constructeurs font le plus d'argent, mais sur les jeux et s'il n'y a plus besoin d'acheter une console, les jeux se vendront beaucoup mieux :

Combien de personnes joueraient à Grand Theft Auto s'ils n'avaient pas besoin d'une console ? 100 millions. C'est un chiffre hallucinant. C'est tellement censé. Ca va arriver.

C'est donc un avis intéressant que nous livre cet analyste américain. Si les consoles sont menacées, il se pourrait également que celles-ci soient amenées à évoluer. C'est en tout cas ce qu'avait tenté Microsoft avec la Xbox One en la transformant en véritable appareil multimédia capable d'utiliser la télévision, enregistrer des émissions etc... Même si cette idée n'a finalement pas séduit tant que la firme de Redmond l'aurait espéré, cela démontre malgré tout une tendance : les équipementiers doivent évoluer et ils le savent pertinemment.

Il faut également penser au nombre de joueurs sur mobile ayant explosé ces dernières années. En somme, avoir un appareil uniquement dédié au jeu vidéo séduit de moins en moins et si les analystes ont raison, la formule magique de la console de jeu devra être modifiée pour survivre. Nous sommes donc à une période charnière de l'industrie vidéoludique et les trois grands devront réagir pour ne pas se faire voler leur part du gâteau par les experts du multimédia tels qu'Apple, Google ou Amazon.