Organisé par The Gaming Resorts et Gaming.rs la semaine dernière, Gaming Paradise se voulait être un événement de référence pour les deux jeux eSport que sont Counter-Strike : Global Offensive et Dota 2. Avec un cash prize total de 100 000 $, 50 000 pour chaque jeu, des équipes stars telles que Virtus.Pro, Team Secret, Titan et Na'Vi y participant, Gaming Paradise avait tout ou presque pour parvenir à s'imposer comme tel dans la région de la Slovénie.

Malheureusement pour les organisateurs de l'événement, ils n'avaient pas pris en compte le nombre d'éléments nécessaires au bon déroulement d'une pareille manifestation. D'abord, le tournoi s'est monté grâce à du financement participatif récupéré sur des places vendues par avance, ce qui ne laisse jamais rien présager de bon en termes de dispositifs pris au préalable d'une rencontre internationale. Mais soit, nous pouvons leur laisser le bénéfice du doute et de toute évidence, c'est ce qu'ont fait les équipes participantes.

Acte i : le tournoi dota 2

Grand bien leur fasse, les premières équipes à s'affronter sur Dota 2 n'ont pas pu toucher à un PC avant une dizaine d'heures après le début théorique du tournoi, puisque l'arène n'était malheureusement pas équipée de ce genre de matériel, qui a été livré avec plusieurs heures de retard. Et lorsque les machines sont enfin arrivées, ô stupeur, elles n'étaient pas munies de cartes graphiques et il a donc encore fallu attendre que ces pièces essentielles soient trouvées.

Qu'à cela ne tienne, cela a permis aux joueurs professionnels de visiter leurs chambres d'hôtel et de commencer à s'installer... dans des logements pour le moins précaires, certains des joueurs n'ayant nulle part ailleurs où dormir que sur le sol de leur chambre. Suite à ces nombreux désagréments, les responsables des équipes s'en sont naturellement plaints aux organisateurs, qui ont préféré annuler la compétition de Dota 2 devant ces déconvenues :

Nous envisagions le Gaming Paradise 2015 comme un énorme et premier événement qui combinerait eSports et tourisme. Nous y avons investi beaucoup d'efforts, mais comme pour tout projet pionnier, nous avons rencontré beaucoup de problèmes en cours de route, certains étant survenus juste avant l'événement.

Nous avons essayé de remédier aux problèmes de toutes nos forces, mais après beaucoup de réflexion, nous avons réalisé que nous devions annuler le tournoi de Dota 2 pour nous assurer de pouvoir mener l'événement à terme. Nous nous excusons envers toutes les équipes ainsi que leurs fans qui ont fait le trajet jusqu'au festival. Tous les billets pour les 9, 10, 11 et 12 septembre seront naturellement remboursés le plus tôt possible.

Acte ii : le tournoi Counter-Strike

Le tournoi de Dota 2 ayant été annulé et l'attention se portant désormais sur celui de Counter-Strike, les choses auraient vraisemblablement dû rentrer dans l'ordre. Que nenni, le climat ou la gastronomie slovènes – peut-être une combinaison des deux – n'ont à priori pas été tolérés par certains joueurs de l'équipe Titan qui sont tombés malades et ont été expédiés à l'hôpital pour se faire examiner.

Quant aux autres équipes, elles se sont au choix : soit frottées aux douanes slovène qui leur ont confisqué leur matériel, soit se sont faites confisquer leurs passeports ou encore retenir par la police locale pour ne pas avoir payé leur pension au sein de leurs hôtels. Car non, The Gaming Resorts n'avait pas prévenu les autorités de la venue de joueurs internationaux et n'avait pas non plus prévu de régler par avance les frais d'hébergements.

Acte iii : un homme qui s'appelait Markovic

Heureusement pour tout le monde le PDG de Gaming.rs, compagnie responsable de la diffusion, de la production et des joueurs, est intervenu en insistant sur le fait que The Gaming Resort se chargerait du règlement et a également fait le nécessaire pour que les équipes puissent récupérer leurs passeports ainsi que leur matériel. Mais alors que le tournoi était toujours en cours, sans même que les joueurs sachent s'ils seraient rémunérés pour leur tournoi, le PDG nommé Petar Markovic a annoncé la mauvaise nouvelle suivante :

Nous avons reçu des informations de la part de l'équipe de production d'après laquelle les lieux vont être fermés et nous ne pourrons pas quitter les lieux ni l'hôtel tant que tout ne sera pas payé.

Le PDG de Gaming Resorts en a parlé avec les joueurs et la décision est que le tournoi va continuer et les joueurs signeront un contrat avec The Gaming Resorts.

Les équipes prendront l'avion pour Dubaï, et tous les frais non couverts par Gaming Resorts le seront par Gaming.rs. Nous avons déjà acheté quelques billets pour les présentateurs, pour Mikail ‘Maikelele’ Bill et pour notre second hôte. Nous faisons de notre mieux pour nous assurer que tout le monde soit satisfait. Nous ne nous préoccupons pas d'argent.

Car oui, la plupart de ces joueurs avaient rendez-vous quelques jours plus tard à Dubaï, pour l'ESL ESEA Pro League Invitational. Une chance donc que Markovic soit assez influent et qu'il ait pris les choses en main, et nous passerons sur le mécontentement général qu'ont engendré ces désastres à répétition, entre autres problèmes de stream et de retards, la compétition ne s'étant pas encore terminée. Quant au PDG de Gaming Resorts Saša Bulić, il compte apparemment démissionner de sa position afin de laisser sa place "à quelqu'un de plus compétent".

Que faudra-t-il retenir de cette histoire si ce n'est que l'organisation d'un festival d'envergure n'est pas à prendre à la légère ? Nous n'en savons rien, sinon la même leçon que l'on apprend de Burn After Reading, dont l'imbroglio d'événements est finalement similaire : il ne faudra tout simplement pas reproduire les mêmes erreurs à l'avenir.