Récemment Jay Puryear, responsable de la marque Call of Duty chez Treyarch, a affirmé que Black Ops III serait 3 jeux en 1 grâce à la présence des modes solo, multi, et coop. Certes, l'homme prêche pour sa paroisse, mais cette déclaration n'est sans doute pas aussi fallacieuse qu'on pourrait le croire de prime abord. Et s'il y avait bien plusieurs expériences de jeu dans un Call of Duty ?
Cela ne vous aura sans doute pas échappé, mais la série Call of Duty sera de retour cette année pour le 3ème opus de la série Black Ops. Véritable machine de guerre de l'éditeur Activision Blizzard, Call of Duty doit chaque année convaincre ses fidèles, et de nouveaux joueurs, de passer sur la nouvelle version. Jeu grand public au budget pharaonique, il doit parler à un maximum de personnes. Et ce qu'un joueur cherche dans un jeu vidéo, c'est un certain type d'expérience. Forcément, pas facile de plaire à la fois au mordu de compétition, comme au loup solitaire ; au joueur du Dimanche, au soldat assidu.
Quand Jay Puryear nous parle de 3 jeux en 1, il fait donc référence à la campagne solo, la partie multijoueurs en ligne, et la coopération de la campagne ou le mode zombie. Si on se situe à chaque fois dans le FPS Call of Duty, avec le même gameplay, l'expérience est elle, radicalement différente. Et c'est justement sur ce point que Black Ops III compte assurer son succès.
Dans la suite de cet article, on utilisera le test de Bartle pour nommer les différents types de joueurs. On les distingue en 4 catégories, en fonction de s'ils veulent agir sur/interagir avec l'environnement de jeu/les autres joueurs.
- Achiever, ou « Termineur » : Ce joueur est typiquement celui qui aura à cœur de terminer un jeu à 100%, quelle que soient les récompenses associées à cette complétion. Les succès et achievments des différentes plateformes de jeux, comme Steam ou le Xbox Live, lui parlent tout particulièrement.
- Explorer, ou Explorateur : Un fouineur professionnel, qui aura à cœur de fouiller chaque recoin d’un jeu afin d’en découvrir tous les secrets. L’explorateur est friand d’ester eggs, mais aussi d’éditeurs de niveaux.
- Socializer, ou Sociable : Le joueur de type sociable recherche avant tout une expérience basée sur l’échange et le partage, qui prévaut sur le jeu lui-même. Le MMO est son genre de prédilection.
- Killer, ou Tueur : Enfin, les Tueurs sont des joueurs orientés compétition, et qui sont stimulés par des affrontements contre d’autres joueurs humains.
Mais quel intérêt a le test de Bartle pour les développeurs de chez Treyarch ? C’est très simple, plus un jeu présente d’intérêts pour les 4 types de joueurs, plus il s’adresse à une population large de joueurs, et donc d’acheteurs. Le champion en la matière est Minecraft, dans lequel tout un chacun trouvera une motivation suffisante pour y passer des heures. Si tous les jeux ne cherchent pas à plaire à tous les types de joueurs, ce qui est une très bonne chose, c’est clairement la volonté de Black Ops III avec ce fameux « 3 en 1 » façon lessive.
C’est la faute à la manette
Quand on pense Call of Duty, c’est surtout et avant tout à son multijoueur et ses combats endiablés que l’on pense. Bien évidemment, vous aurez deviné qu’il s’agit là du terrain de chasse privilégié des Tueurs.
Offrant une rejouabilité quasi infinie, le multijoueur permet des affrontements entre joueurs humains. Si l’objectif de la partie peut différer (capture de points, nombre de kills, etc) chaque joueur met ses compétences dans le jeu en face de celles des autres. Dans un FPS tel que Call of Duty, ce sont bien sûr les compétences physiques qui sont mises en avant, comme la réactivité et la rapidité. Mais il faut aussi savoir se montrer malin et s’adapter à toutes les situations. Car à l’inverse de PNJ aux comportements plus ou moins prévisibles, un joueur humain est un adversaire beaucoup plus difficile à cerner.
Le multijoueur est une arène dans laquelle les joueurs mesurent leur maîtrise du gameplay. Il s’agit ici de se placer au sommet de la chaîne alimentaire pour les Tueurs, afin de démontrer sa supériorité. Battre la machine dans la campagne solo n’est pour eux pas aussi gratifiant que de battre un collègue humain. Même si aucun PNJ de Call of Duty ne vous invitera à avoir des relations incestueuses avec votre génitrice en cas de défaite. À l’inverse du solo, où l’avatar est un être tout puissant, tout le monde est ici identique, et ce ne sont que les compétences des joueurs qui feront la différence. Le multijoueur d’un Call of Duty est ainsi particulièrement exigeant pour qui veut briller parmi les élites. Cela demande beaucoup d’entraînement, afin d’acquérir des automatismes par la répétition.
Côté designer, il faut s’assurer de l’équilibre de chaque map, tout en créant des choke points (lieux propices aux fusillades) pertinents. Et quand tout un pan du jeu échappe à votre maîtrise pour cause de non présence de PNJ, la tâche s’avère délicate. L’expérience est ici avant tout dépendante des autres joueurs.
Véritable fer de lance de la licence, le multijoueur est largement mis en avant par Activision Blizzard pour Black Ops III. C’est d’ailleurs tout récemment que l’éditeur a communiqué sur sa forte volonté de faire de Call of Duty un incontournable de la scène esport. Nouveau système de league, mode spectateur retravaillé, système guns up qui permet de tirer à tout moment, etc, on bichonne la communauté pour profiter de cet incroyable appel d’air qu’est le spectacle du jeu compétitif. Car le succès d’un jeu se travaille aujourd’hui au-delà de ses seuls joueurs.
Dans ce monde de brutes et d’explosions, les Sociables trouveront tout de même un certain intérêt à évoluer au sein d’une équipe, bien que la domination ne soit pas forcément leur tasse de thé. Les Termineurs se verront eux motivés par la possibilité de construire son personnage au fil de sa progression.
Me, I, and myself
Autre composante du futur Call of Duty, la campagne solo. Si on a pu lui reprocher d’être le parent pauvre de la série durant quelques opus, force est de constater que le solo de CoD est revenu sur le devant de la scène. Ainsi dans Black Ops II (2013), le dernier titre de la licence sortie de chez Treyarch, la campagne solo proposait un récit bien ficelé, qui osait s’éloigner d’un manichéisme primaire et bateau. Une quasi prouesse dans le genre FPS. Pour la première fois, un Call of Duty proposait même des embranchements scénaristiques afin d’impliquer toujours plus le joueur.
Tous les joueurs de Call of Duty 2 se souviendront forcément de l’incroyable introduction de la bataille de Normandie, et son intense débarquement face aux défenses nazies. Car c’est aussi une mise en scène spectaculaire de la campagne solo qui a fait le succès de la série Call of Duty. Aujourd’hui plus que jamais, le solo assure un spectacle hollywoodien avec des cinématiques explosives, dans lesquelles il n’est plus rare de croiser des têtes connus. Si Kevin Spacey et Troy Baker ont assuré le show dans Advanced Warfare, on connait encore peu le casting de Black Ops III côté campagne solo.
Côté expérience générale, une aventure solo est forcément quelque chose de très personnel. Que ce soit pour découvrir la suite du scénario, ou relever de nouveaux défis, chacun y trouvera, ou non, une raison suffisante de continuer à progresser. Le solo est une partie du jeu qui dépend grandement des designers, et doit constamment garder le joueur dans le flow, dans cet environnement ou lui seul est maître de sa destinée. Black Ops III nous laissera d’ailleurs libres de choisir l’aspect de notre avatar dans cette aventure, homme comme femme.
Ainsi le solo d’un Call of Duty est un choix judicieux pour nos amis Termineurs, et surtout Explorateurs, qui y trouvent de quoi s’occuper durant de nombreuses heures. Qu’on se le dise, l’univers d’un Call of Duty est aujourd’hui bien moins simpliste que certains pourraient le penser. Après la seconde guerre mondiale et les guerres plus contemporaines, Black Ops nous emmènera dans un futur proche apocalyptique, où se posent les questions des alliances géopolitiques, le réchauffement climatique, et la place de la robotique. Des enjeux qui font directement écho à notre monde contemporain.
Robot Coop
Dernier aspect d’un Call of Duty, c’est bien sûr la cooperation. A mi-chemin entre le solo et le multi, la coop permet à un groupe de joueurs humains d’aller casser du PNJ. Même si on peut toujours y trouver de la compétition, le plaisir des uns ne se fait pas aux dépends de la frustration des autres. Voilà qui plaît beaucoup plus aux Sociables que le multi ! Si aujourd’hui la compétition est beaucoup plus présente que la coopération dans le jeu vidéo, il reste des irréductibles à la recherche d’un jeu entre amis sans prise de tête.
On trouvera de la coop sous 2 formes dans Black Ops III : dans le désormais classique mode zombie, mais également dans le mode campagne. Ce dernier sera en effet jouable jusque 4 joueurs dans Black Ops III, ce qui n’était pas arrivé depuis World at War en 2008. Les différentes aptitudes des avatars, qu’elles soient actives et plutôt offensives (Cyber Core), ou passives et défensives (Cyber Rigs), devraient d’ailleurs permettre de créer des avatars complémentaires. La communication entre les membres de l’équipe sera assurée par le système Direct Neural Interface, qui permet un partage rapide de l’information. Il n’y a guère que les Tueurs assoiffés de frags qui ne trouveront donc pas leur compte dans cette coop, puisque Termineurs et Explorateurs y retrouveront les attraits du solo.
On notera que les niveaux solo de Black Ops III devront être différents des précédents opus, puisque qu’il faudra désormais permettre à 4 joueurs de s’y épanouir. Il faut s’attendre à moins de zones cloisonnées, et des affrontements dantesques en arène. Treyarch devra cependant faire attention à garder quelque chose de cohérent, que l’on soit seul, ou en groupe. La difficulté devrait donc être modulée en fonction du nombre de joueurs.
La coopération sera également de mise dans le mode zombie, de retour dans Black Ops III avec une ambiance surnaturelle dans les années 40. Depuis son apparition dans World at War, le mode zombie n’a cessé d’évoluer pour devenir un jeu à l’intérieur du jeu. Il possède désormais son propre univers, sa propre histoire, et un côté cinématique comme la campagne solo. C’est même devenu le seul argument d’achat pour bon nombre de joueurs. Comme quoi la coop n’est pas morte.
Avec vos compagnons d’infortune, vous parcourez diverses map infestées de zombies, dans le but de remplir toute une série d’objectifs. Impossible de faire cavalier seul, puisqu’on se retrouve très vite submergé par le nombre, et qu’une réanimation d’un camarade est toujours la bienvenue. Plus que les talents personnels des joueurs, le mode zombie met à l’épreuve leur sens du groupe et leur cohésion d’équipe. En plus des Sociables, cette coopération ravira les Termineurs, puisque de très nombreux secrets sont à decouvrir.
Call of Duty a donc bel et bien réussi à proposer 3 types d’expérience, afin de coller à un maximum de joueurs. Si certains ne toucheront même pas à certains modes, force est de constater que nos 4 typologies de joueurs y trouveront un certain intérêt. A condition bien sûr d’être amateur de FPS. Après toutes ces annonces, Treyarch va devoir assurer pour la sortie le 6 Novembre prochain.