Les mods – abréviation, rappelons-le, de modifications – sont des programmes / fichiers informatiques divers destinés à changer un aspect du jeu auquel ils sont associés, du plus petit détail (l’effet de fumée d’une bougie) à la “total conversion” la plus radicale (Nehrim pour Oblivion, le futur Enderal pour Skyrim...). Territoire privilégié des développeurs amateurs, le modding a pour défaut principal de ne pas paraître forcément très accessible aux non-initiés. Une idée reçue, en partie, car divers outils existent pour nous faciliter la vie. On pense ainsi à l’indispensable Nexus Mod Manager, projet open source qui permet de gérer l’installation / activation de mods par dizaines, ou bien encore à LOOT, qui les place dans le meilleur ordre possible pour éviter les conflits. Surtout, nous vous conseillons de prendre le temps de visionner certains tutoriels particulièrement éclairants, qui expliquent pas à pas ce qu’il faut faire. A cet égard, Gopher est l’un des meilleurs professeurs qui soient, l’homme étant capable de transformer le pire des noobs en spécialiste du modding en à peine deux heures. Seul souci, le monsieur est Américain – il parle donc en anglais –, mais sa série Fallout NV : tutorials for mod users, par exemple, est un modèle de pédagogie 2.0.

Nehrim et Enderal

Reste une question, essentielle : les mods subliment-ils réellement l’expérience de jeu, ou bien tiennent-ils surtout d’une espèce de snobisme propre au joueur PC ? La réponse n’est pas si évidente. Bien sûr, le jeu dans sa version vanilla (standard) reste le cœur de l’expérience, et se suffit à lui-même. Mais le modding a des avantages évidents, non seulement pour le joueur, mais également pour Bethesda, qui voit ses productions défier le temps, soutenues par une communauté active. C'est certainement la raison pour laquelle Skyrim, quatre ans après sa sortie, fait encore régulièrement partie du Top 10 des titres les plus pratiqués sur Steam.

C’est beau, c’est neuf ?

La principale raison qui pousse les joueurs à s’essayer aux mods est esthétique. Entre textures affinées, couleurs des yeux enchanteresses, rendu de l’eau amélioré, effets magiques éblouissants, etc., la différence entre un Skyrim ou un Fallout de base et sa version “customisée” laisse parfois pantois. Surtout, les mods s’intéressant spécifiquement aux décors peuvent modifier à eux seuls une atmosphère, de Fellout, qui supprime le filtre verdâtre / orangé de Fallout 3 ou New Vegas, à Enhanced Lights and FX, qui modifie de façon notable les effets de lumière dans Skyrim.

Fellout

Pour peu que l’on associe à cette esthétique nouvelle un mod comme Climates of Tamriel (Skyrim) ou Nevada Skies (New Vegas) pour multiplier les effets météo, et un autre comme One ou Immersive HUD pour faire disparaître toute information superflue à l’écran, l’immersion est totale. Enfin, bien sûr, l’ambiance sonore n’est pas en reste, et l’embarras du choix est donné au joueur curieux qui peut, s’il le désire, profiter de bruits d’armes plus réalistes, de cris d’animaux au loin, de réverbérations plus subtiles lors d’explorations de donjons ou de grottes… jusqu’à l’ajout, dans le mod Follower Commentary Overhaul (Skyrim), de commentaires inédits pour les PNJ qui vous accompagnent, afin de les rendre plus “vivants” !

En en plus, c’est pratique

Un des aspects essentiels du modding concerne, tout simplement, les diverses améliorations auxquelles vous avez accès. Ainsi, des patchs non officiels pour à peu près tous les jeux en monde ouvert signés Bethesda corrigent des bugs par centaines, de façon tout à fait invisible pour le joueur. Plus concrète, l’utilisation d’une carte plus détaillée (A Quality World Map) ou d’une interface permettant une meilleure gestion de l’inventaire (SkyUII) améliore considérablement l’expérience de jeu, le retour aux options de base faisant rapidement figure de régression.

Les mods peuvent également vous rendre la vie plus facile dans les jeux eux-mêmes, avec par exemple la possibilité que l’on vous offre de profiter d’un vault inédit dans Fallout New Vegas (Underground Hideout New Vegas V4-4), de votre propre forteresse dans Skyrim (Riverhelm), voire, dans Fallout 3, de multiples boutiques là où auparavant ne se trouvaient que des immeubles aux entrées condamnées (D.C. Interiors Project).

Non seulement les ajouts proposés sont appréciables, mais, surtout, ils s’intègrent généralement parfaitement au jeu de base. Il en va de même pour les armes ou les armures inédites – Immersive Armors (Skyrim) se révèle à cet égard particulièrement impressionnant, avec sa soixantaine de sets d’armure et ses près de 400 boucliers –, ou bien encore les compagnons annexes (Willow dans New Vegas, Sofia ou Vilja dans Skyrim…), qui disposent bien souvent de quêtes inédites. Et d’un sacré caractère.

Sofia

Où l’invisible est essentiel

Et si le plus important, finalement, échappait au regard ? En modifiant en profondeur le gameplay, le leveling (les conditions nécessaires au passage à un niveau supérieur) ou bien encore le comportement des PNJ, amis ou ennemis, certains mods modifient de façon drastique l’expérience de jeu, généralement pour la rendre plus âpre, mais également plus satisfaisante.

Skyrim Perk Enhancements and Rebalanced Gameplay, Project Nevada et Oscuro’s Oblivion Overhaul

Ainsi, Oscuro’s Oblivion Overhaul ajoute non seulement nouvelles quêtes et nouveaux ennemis, mais modifie également l’intelligence artificielle de ces derniers, n’associe plus les zones que vous explorez à votre propre niveau, etc. Fallout 3 – Wanderers Edition, Project Nevada, Skyrim Perk Enhancements and Rebalanced Gameplay… Chaque jeu a droit à son (ses) mod(s) rééquilibrant l’ensemble de ses paramètres, certains, comme Deadly Reflex (Oblivion), revisitant même le système de combat en ajoutant de nouvelles animations d’esquive, d’attaques furtives, à distance, ou au corps-à-corps… avec décapitation ou éviscération possibles. La seule limite n'est donc pas le talent des moddeurs – multiple, évident, renversant –, mais bien leur imagination. Et elle semble fertile...