Les Radeon R9 Fury vont-elles permettre à AMD de se repositionner efficacement face à la concurrence sur le marché des cartes graphiques haut de gamme ? Peut-être, sous réserve qu'elles soient disponibles en nombre suffisant, et à un prix un poil plus attractif.

Après avoir lancé sa Radeon R9 Fury X en s’appuyant exclusivement sur un modèle de référence watercoolé et mis au point par ses ingénieurs, AMD passe à la seconde phase de son "programme Fiji", en donnant le coup d’envoi de la sortie des Radeon R9 Fury (sans le “X”, donc). Derrière cette nouvelle série de cartes se cachent des modèles équipés de systèmes de refroidissement ventilés plus classiques, personnalisés par les partenaires d’AMD, et bénéficiant d’un GPU Fiji légèrement castré par rapport à celui qui avait été présenté précédemment.

Techniquement, la puce graphique Fiji des R9 Fury repose donc toujours sur l’architecture GCN 1.2, gravée en 28 nm et soutenue par 4 Go de mémoire HBM sur un bus 4.096 bits, ce qui permet à la bande passante mémoire d’atteindre 477 Go/s. En revanche, le nombre d’unités de calcul est légèrement revu à la baisse (de 4.096 à 3.584), de même que les unités de texturing (de 256 à 224), et tandis que la fréquence de fonctionnement du GPU perd 5% par rapport à celle des R9 Fury X, pour atteindre un maximum de 1.000 MHz. La mémoire tourne, elle, toujours à 500 MHz. Des caractéristiques qui, en pratique, traduisent un écart de puissance de calcul pure de 17% entre les deux cartes, mesuré à 8,6 Tflops en simple précision sur la Fury X et à 7,2 Tflops sur cette Fury “tout court”. Une différence de performances qui, on va le voir, n’est pas aussi grande en jeu.

Passé entre les mains de nos confrères de Hardware.fr, un échantillon de Radeon R9 Fury de marque Sapphire et fonctionnant aux fréquences de référence a en effet permis de valider un écart de performances compris entre 4 et 10% par rapport à une R9 Fury X, selon les jeux testés. Ces tests ont été menés avec les pilotes Catalyst 15.7 WHQL, sur une définition de 2.560 x 1.440 pixels. Si l’on prend quelques exemples précis, on voit la R9 Fury travailler à 44 fps sur The Witcher 3 contre 48 fps pour la R9 Fury X (sans HairWorks), à 63 fps contre 67 sur Battlefield 4, ou encore à 46 fps contre 50 sur Crysis 3. Des chiffres qui placent la Radeon R9 Fury de référence environ 10% au-dessus d’une GeForce GTX 980 de référence, et au niveau des GTX 980 personnalisées et overclockées. L’arrivée de R9 Fury elles aussi overclockées devrait donc permettre à AMD de dépasser ces dernières, comme on peut notamment le voir chez Clubic avec le test de la R9 Fury STRIX d’Asus.

A partir de là, on pourrait considérer qu'AMD a quasiment gagné son pari de revenir dans la course sur le marché du haut de gamme... Sauf que deux problèmes viennent entacher légèrement ces belles performances : d'abord, il faut signaler que les Radeon R9 Fury disponibles pour ce lancement sont très peu nombreuses. En effet, en l’absence de cartes de référence à mettre sur le marché, seuls deux fabricants ont été sélectionnés par AMD pour alimenter les revendeurs : Asus et Sapphire. Une situation qui traduit évidemment un nombre réel de puces Fiji disponibles qui doit être assez faible pour le moment, et qui handicape forcément le lancement de la R9 Fury en nombre de modèles et d’unités commercialisés. Il faut donc se contenter de trois cartes : une Sapphire R9 Fury Tri-X aux fréquences de base à 590 €, une Sapphire R9 Fury Tri-X OC à 1.040 MHz à 600 € et une Asus R9 Fury STRIX OC à 1.020 MHz à 650 €.

Ce qui nous amène au second point d'interrogation : celui des tarifs. Bloquées au-dessus du seuil des 590 €, ces nouvelles références vont avoir du mal à percer face à des GTX 980 personnalisées, que l'on trouvera plutôt autour de 550 €, au moment où nous rédigeons ces lignes. Et même dans son propre camp, AMD doit faire face à la concurrence de R9 390X qui affichent des performances globales en retrait de 6% seulement, pour un tarif autour des 500 €. Reste maintenant à voir, comme souvent, la manière dont cette situation de très faibles volumes va évoluer, et si elle aura une influence positive sur le placement tarifaire. Il serait par ailleurs étonnant que Nvidia n'aille pas vers un repositionnement de ses propres produits haut de gamme, avant de s'attaquer à un nouveau chantier : celui des GTX 950.