Plus que tout, Crytek aime faire avancer les choses en matière de rendu graphique. Son moteur, le CryEngine, prône depuis maintenant plus de dix ans ses capacités à fournir aux développeurs une palette d'outils aptes à créer des expériences aux qualités visuelles et techniques de premier ordre (au détriment du gameplay parfois). De son côté, la réalité virtuelle connaît en cette année 2015 une vague d'annonces sans précédent avant une sortie commerciale calée en début d'année prochaine avec l'Oculus Rift. Crytek se lance à son tour dans l'aventure VR avec une promesse, celle de proposer un véritable jeu adapté à cette façon particulière de jouer mais aussi un fleuron technique pour la chose. Le projet porte un nom, Robinson : The Journey, un jeu d'aventure « préhitorico-futuriste » qui, même s'il a simplement été évoqué lors de conférences de cet E3 2015, canalise déjà de nombreux espoirs parmi tous ceux ayant pu essayer sa première démo technique.
E3 2015, meeting room Crytek, j'ai rendez-vous avec la réalité virtuelle dans un salon blanc immaculé équipé de PC et de deux casques Oculus Rift modèle Crescent Bay, on m'indique que le périphérique utilisé ici est très proche de celui de la version commerciale annoncée pour le printemps 2016. Une affiche sur le mur me montre un dinosaure pas très jouasse sur fond de jungle luxuriante, je vais « jouer » à Back to Dinosaur Island 2, une démo technique du CryEngine sur VR, préquelle chatoyante de Robinson : The Journey donc. De quoi en prendre plein les mirettes en mode plongée totale en plein cœur du Jurassique tout en jaugeant les possibilités du moteur sur le terrain de la réalité virtuelle. Le résultat se montre à la hauteur des attentes que j'ai pu placer à la fois dans les ressources techniques du CryEngine et dans celles du Crescent Bay. Je sais qu'il est difficile de retranscrire une expérience de réalité virtuelle à l'écrit, ces choses-là se vivent avec le casque sur la tête, je vais tout de même essayer de vous communiquer mon agréable expérience.
Jurassic View
Suspendu à une série de cordes accrochées le long d'une vertigineuse falaise à pic sur l'océan, le décor étale tout de suite sa majesté préhistorique teintée de science-fiction. Le gameplay de cette démo se résume à sa plus simple expression, seules les deux gâchettes de la manette sont utilisées ici pour contrôler nos deux mains. Elles doivent saisir différentes poignées de tyroliennes placées sur la paroi afin d'escalader jusqu'à son sommet. J'en aurai vu des prototypes et des démos de jeux en réalité virtuelle et je dois dire qu'avec Back to Dinosaur Island 2, Crytek rehausse la barre de ce que la technologie est capable de nous offrir en termes d'affichage. Je pourrais vous sembler peut-être trop emballé par une simple démo, mais l'effet waouh provoqué par la qualité d'affichage est saisissant.
La contemplation des lieux me donne un aperçu rapide de la situation, mon personnage semble s'être écrasé sur une falaise opposée puisqu'une immense carcasse fumante de vaisseau spatial gît au loin dans mon dos. Si les contrôles sont simples, regarder dans la direction des treuils, puis guider chacune des mains sur une poignée pour déclencher une ascension automatique, le gameplay tout entier hurle ici son envie d'être accompagné d'un périphérique de capture de mouvement plus direct permettant la détection de la position des mains. L'équipe me confirme d'ailleurs que l'Oculus Touch, le dispositif permettant de reconnaître le mouvement des mains du joueur (voire aussi le système Steam VR Lighthouse selon mon interlocuteur), sera utilisé dans le jeu final en guise de contrôles, une bonne chose en termes de sensations de jeu.
L'ascension se poursuit accompagné par un bal de ptérodactyles accrochés à la paroi. Les créatures me scrutent de loin, commencent à s'agiter lorsque je m'approche d'elles et prennent soudain leur envol en se jetant dans le vide. C'est à ce moment précis que tout le potentiel de cette démo s'étale devant nos yeux pleins d'étoiles. Vous rêviez de vivre une aventure à la Jurassic Park ? Eh bien vous risquez d'être servi avec le projet de Crytek. Les effets de lumière à travers les membranes des ailes des dinosaures, la résolution des textures sur les murs ou encore les multiples détails de l'environnement (œufs éclos de ptérodactyles, mousse et fleurs primitives courant le long de la falaise), tout cela participe à une immersion pleine de promesses pour la suite ! Une fois au sommet, un gigantesque panorama s'offre à nous, un paysage baigné d'effets graphiques que l'on peut scanner à l'aide d'un regard pour en apprendre un peu plus sur ce mystérieux crash de vaisseau. La démo se termine sur ce point de vue général des lieux dont la grandeur résonne encore comme un appel à l'exploration.
Car cette démo n'est pas simplement destinée à en mettre plein les mirettes, elle sert d'introduction technique au premier véritable jeu en réalité augmentée du studio, Robinson : The Journey. Un titre d'aventure et d'exploration dans lequel le joueur incarnera un jeune garçon dont le vaisseau s'est écrasé sur cette mystérieuse planète. Si les détails concernant le gameplay ne sont pas encore connus, le studio me mentionne une liberté de mouvement à 360 degrés au sein d'une planète sauvage remplie de dangers et de mystères à résoudre. Espérons donc que la jouabilité soit à la hauteur des graphismes, car Crytek nous a malheureusement habitués depuis quelques années à des déceptions sur ce point-là (on pensera notamment à Ryse : Son of Rome).
Mais dans tous les cas, Robinson s'annonce comme un projet ambitieux et diablement immersif, une plongée totale dans le Jurassique que nous avons hâte de découvrir plus en détail. Aucune date de sortie n'est communiquée pour le moment, il faudra à n'en pas douter attendre encore quelques longs mois avant d'avoir une confirmation sur le sujet, les développeurs m'ayant indiqué que le jeu ne serait pas disponible au lancement de l'Oculus Rift au premier trimestre 2016.