On peut dire qu'un petit de vent de polémique a soufflé sur le retour de Fallout 4, celui qui naît du traditionnel débat : graphismes versus gameplay. Alors que le trailer semble diviser au sein de la communauté, certains trouvant quelques éléments techniques trop datés à leur goût, nous avons décidé de revenir sur le fait de savoir si ce débat qui fait couler tant d'encre a vraiment lieu d'exister, sous un angle assez spécifique, car autant l'annoncer tout de suite, votre serviteur est un grand amateur de la saga Fallout et n'est clairement pas sensible aux jeux « vitrines technologiques ».

« On dirait du Fallout 3 ». Voilà grosso modo la phrase qui est revenue le plus souvent à propos du trailer d'annonce de 3 minutes de Fallout 4. Bien que la propension à l'exagération et à la mauvaise foi soit assez courante sur le Net, surtout lorsque cela touche à une licence attendue depuis si longtemps, plusieurs raisons semblent avoir suscité ces réactions, davantage que les graphismes en eux-mêmes d'ailleurs.

Des visuels qui ne trichent pas, une perte d'habitude des joueurs ?

Aujourd'hui, lorsqu'un AAA est dévoilé, cela se passe souvent de deux manières. Soit il s'agit d'un trailer en CGI, réalisé par des entreprises externes au studio et qui ressemble davantage à un court-métrage qu'à ce que l'on aura vraiment entre les mains le jour de la sortie, soit il s'agit d'une démonstration de gameplay qui intervient plusieurs années avant la commercialisation du titre, et qui n'offre pas un contenu représentatif du produit final. Les downgrades à la Watch Dogs, ou plus récemment à la Witcher 3, ont énormément fait parler d'eux, suscitant le courroux des joueurs qui se sentaient logiquement déçus en ce qu'ils ont façonné leur attente des jeux en question sur ce qu'on leur en a dévoilé et affirmé comme conforme à ce qu'ils auront dans leur salon le jour J.

Si l'on connaît un peu la manière de procéder de Bethesda, qui édite et développe Fallout 4, il y a fort à parier que le jeu ne tarde pas à sortir. Un peu à l'image de ce qui s'était produit à l'occasion de Skyrim, dont le trailer d'annonce ne précédait que de quelques mois la sortie du jeu, Fallout 4 pourrait bien, dans le meilleur des cas, sortir d'ici la fin de l'année ou en début d'année prochaine. Ainsi, Bethesda a choisi de nous dévoiler pour la première fois un titre réclamé à cor et à cri par les fans de la saga à l'aide d'une bande-annonce qui ne triche pas, du moins semble-t-il. Effectivement, le studio a affirmé que tout ce que vous pouvez voir dans le présent trailer a été réalisé à partir d'images en jeu.

Le mécontentement s'est immédiatement fait sentir, mécontentement qui semble oublier qu'il est peut-être, à mon sens, préférable d'avoir un visuel raccord avec le produit que vous achèterez, plutôt que de découvrir un trailer qui certes vous en mettra plein la vue, mais qui ne sera en réalité qu'une version diminuée d'une splendeur graphique façonnée pour flatter la rétine. Un peu comme si l'on avait perdu l'habitude de voir une vidéo d'annonce d'un triple A qui ne serait pas nécessairement tape-à-l'oeil. En clair, je préfère un trailer qui certes ne correspond pas aux canons du genre, mais qui au moins permet de me donner des pistes sur ce que j'obtiendrai en jeu sans recouvrir le tout d'une dose superflue et provisoire de paillettes.

Atmosphère, écriture vs graphismes

Si l'on s'en tient à l'ensemble de la série Fallout, qu'il s'agisse des épisodes édités par Interplay ou ceux sous la houlette de Bethesda (à partir du 3, donc), la saga post-apocalyptique n'a jamais été saluée pour être une vitrine technologique, ni pour être tout simplement belle, pour être honnête. Les plus grincheux diront même que les Fallout sont « globalement moches ». Tout est alors question de perception et d'attente. Effectivement, celles et ceux qui sont familiers avec la saga ne recherchent pas nécessairement la claque graphique.

En revanche, il n'est pas impossible que ce trailer de Fallout 4 pâtisse d'un certain manque de connaissance "grand public" de la licence, j'insiste sur les guillemets. Effectivement, aussi populaires soient-ils, les Fallout, y compris les plus récents, ne sont pas tous passés à travers les mains des joueurs, y compris celles des amateurs de Bethesda qui ont plus ou moins découvert le studio avec son travail réalisé sur Skyrim. La principale force graphique de ce dernier résidait incontestablement dans sa direction artistique sur laquelle pas grand monde n'avait trouvé à redire. Le petit frisson esthétique qui s'emparait du joueur dans sa traversée de Bordeciel constituait l'un des nombreux charmes du cinquième épisode de The Elder Scrolls.

Mais les deux univers sont radicalement différents. Fallout se déroule dans un univers alternatif, rétro-futuriste, dévasté par une guerre atomique. Alors, bien entendu, ces propos n'engagent que votre serviteur, mais je pense ne pas trop me tromper si j'affirme que ce que l'on recherche avant tout dans un univers post-apocalyptique en général et dans un Fallout en particulier reste une atmosphère bien spécifique et immersive, pas des graphismes qui poussent les machines dans leurs derniers retranchements. Si Fallout 3 et Fallout : New Vegas n'étaient pas franchement des révolutions technologiques, un charme incontestable se dégageait des terres désolées. Qu'il s'agisse des ruines de Washington, de la gigantesque Rivet City, de l'intimiste Megaton, en passant par la statue de l'avant-poste du Mojave ou les villes de Primm et de Novac, parcourir les terres dévastées, c'était avant tout se plonger dans une ambiance caractéristique et finalement très cohérente, celle qu'on peut s'attendre à trouver suite à une catastrophique nucléaire.

Outre la cohérence graphique, Fallout, c'est tout un univers qui existe depuis près de 20 ans que l'on se plaît à retrouver, et au regard de ce que le trailer de Fallout 4 nous a dévoilé (nous y reviendrons en fin de semaine dans un article dédié), Bethesda sait comment prouver aux fans que ce quatrième volet de la série sera bel et bien un Fallout, avec ses codes, sa bande-son et son univers. Et si nous ne pouvons pour le moment que juger le jeu par ce qu'il nous suggère dans un trailer de 3 minutes, il semblerait que du point de vue respect de la licence, Fallout 4 connaisse bien sa leçon.

Enfin, certes les animations sont assez rigides dans cette bande-annonce. Les personnages ont un aspect artificiel et nous espérons que cela ne soit pas généralisé au jeu et que de gros efforts seront réalisés sur l'aspect général des personnages par rapport aux précédents volets de la série. Toutefois, les quelques images dévoilées des terres dévastées et des villes qui ont surgi des cendres de Boston semblent bénéficier là encore d'une très jolie direction artistique qui tranche d'une manière suprenante avec ce que l'on connaît des précédents Fallout. Il semblerait que Bethesda ait fait le pari de la diversité et qu'il ait choisi de façonner un univers assez coloré, là où les autres épisodes s'articulaient autour de couleurs ternes et uniformes. Un simple coup d'oeil aux screenshots officiels du jeu que vous pouvez apercevoir ci-dessus devrait largement suffire à vous convaincre de la beauté désolée de l'univers du jeu.

En somme, si je devais retenir quelque chose de ce trailer, c'est que certes il ne constitue aucunement une prouesse technologique, mais qu'en revanche il récite suffisamment bien les codes de la série et qu'il semble développer un univers suffisamment riche pour me donner l'envie de m'y plonger. Nous croiserons simplement les doigts pour que le titre, bien au-delà de ses graphismes qui finalement importent peu, propose une écriture riche et prenante, avec des embranchements multiples qui font le charme incontestable de la saga, davantage dans la lignée de Fallout 2 et New Vegas que dans celle du 3. La conférence Bethesda à l'E3 2015 approchant à grands pas et des rumeurs faisant état d'une présentation de gameplay au cours du salon de Los Angeles se faisant pressantes, il y a fort à parier pour que nous en apprenions davantage sur le contenu de Fallout 4, qui reste nettement plus intrigant, et à mon sens déterminant dans les jeux vidéo en général et dans la licence post-nuke en particulier, que le contenant.