Edité en 2002 en France chez Fleuve Noir puis ressorti 12 ans plus tard sous l'égide de la société Milady, la première novélisation de Resident Evil, sous-titrée La Conspiration d'Umbrella, ne prend pas de risques. En effet, plutôt que de proposer une déclinaison de l'oeuvre de Capcom apportant un regard nouveau sur les événements de Raccoon City afin d'enrichir la mythologie, l'ouvrage choisit plutôt l'option inverse en décrivant point par point ce qui se déroule dans le jeu.
Toutefois, rendons à César ce qui appartient à César. En effet, les 50 premières pages du roman se déroulent dans le quartier général des STARS en décrivant la préparation de l'équipe de Wesker s'apprêtant à s'envoler en hélicoptère dans les montagnes d'Arklay où l'on a signalé des événements étranges et où, accessoirement, l'équipe Bravo n'a plus donné signe de vie depuis plusieurs heures. Une fois passée cette introduction inédite, le reste de l'ouvrage n'est que le reflet de l'oeuvre originale. De fait, La Conspiration d'Umbrella ne surprendra aucun joueur ayant déjà retourné le premier Biohazard. Au contraire, la romancière S.D Perry (7 romans de Resident Evil, plusieurs de Star Trek ou bien encore Alien : le rapport Weyland-Yutani) s'évertue à décrire à l'exact la progression de Chris, Jill et Barry afin de contenter les fans qui ne manqueront pas de sourire en se remémorant de vieux souvenirs vidéoludiques.
Sur ce point, c'est plutôt réussi puisque outre les destins croisés des membres insufflant une vraie énergie au récit, chaque scène culte du jeu est présente. De fait, on y retrouve des hordes de zombies, les Hunters, la Plante 42 ou bien encore Tyran. Le hic est qu'au-delà de la nostalgie inhérente au processus, la construction de l'ouvrage ne s’émancipe jamais de celle de son modèle et s'enlise dans des descriptions très précises des lieux qui au fil de l'histoire alourdissent considérablement la lecture. On en vient presque à se demander si ces descriptions ne sont pas là pour atteindre un nombre minimum de pages ici synonyme de 278. L'autre problème est que l'aspect longitudinal du jeu passe beaucoup moins bien dans le livre qui devient vite redondant à cause des descriptions (de lieux, d'énigmes...) citées plus haut.
En somme, les passages les plus intéressants nous feront découvrir les actions de Wesker ou Barry qui n'étaient pas traitées dans le jeu ou les petits clins d'oeil adressés aux joueurs lorsque l'auteur joue avec sa référence. Ainsi, Chris se fera la réflexion que les pièges du manoir n'ont rien d'un jeu et qu'il est impossible de redémarrer une partie en cas d'erreur. De son côté, Jill laissera de côté le fair-play afin de déjouer une énigme bien connue des joueurs d'un simple coup de crosse de revolver.
Au final, si S.D. Perry s'amuse ici et là, elle semble plus que jamais prisonnière de son histoire et ne réussit jamais vraiment à créer des frissons (d'angoisse ou liés au plaisir de la découverte) chez ses lecteurs.
Toutefois, l'ouvrage se laisse aisément découvrir grâce au style de l'auteur, certes très académique mais amplement suffisant pour ce genre d'ouvrages d'autant que la romancière ne se montre jamais avare lorsqu'il s'agit de décrire les découvertes macabres où le gore occupe une place prépondérante.
La fameuse cinématique d'introduction du tout premier Resident Evil (censurée en Europe)