Comme le veut la tradition des news BTG*, nous revenons plus en détail sur un événement marquant qui s'est produit il y a 10 ans dans le monde du jeu vidéo. Nous avons aujourd'hui choisi de nous attarder sur un point assez amusant de mars 2005, plutôt révélateur de l'attente générée autour d'un jeu qui peut durer tant de temps qu'elle finit par lasser les joueurs. Effectivement, il y a 10 ans, un de nos lecteurs lançait une pétition qui avait recueilli plus de 5.000 signatures pour voir apparaître Beyond Good & Evil 2...

Beyond Good & Evil, un moment de poésie injustement méconnu

Pour celles et ceux qui ne verraient pas pourquoi cet événement est insolite, un bref point historique s'impose. Beyond Good & Evil, premier du nom, a vu le jour fin 2003 sur PlayStation 2, PC, Xbox et GameCube. Edité par Ubisoft et développé par la branche montpelliéraine de l'éditeur sous l'impulsion de Michel Ancel (Rayman), le jeu vous propose d'incarner la belle Jade, reporter photo particulièrement habile en arts martiaux.

L'histoire vous plonge en 2435 sur la planète Hillys, située aux confins de la galaxie et assiégée par les DomZ, des extraterrestres cherchant à asservir la population de la planète. Pour pallier ce mal, les sections Alpha sont arrivées au pouvoir avec la promesse de préserver la population d'Hillys de la menace alien. Malheureusement, l'étendue du pouvoir des sections Alpha donne à la planète des allures de dictature qui n'endigue pourtant aucunement la menace DomZ.

En dépit de son univers coloré et la cohabitation entre humains, robots et animaux qui parlent, Beyond Good & Evil propose une trame narrative passionnante et des personnages touchants et authentiques. Jade et son « oncle » Pey'j (oui c'est un cochon) vivront des aventures trépidantes visant à mettre à jour la connivence existant entre les DomZ et les sections Alpha.

Le charme de BGE, c'est son petit nom, opère certes grâce à son histoire mais également par son gameplay, qui fait montre d'une diversité qui lui fait honneur, mêlant résolution de puzzles, course, combats et phases d'infiltration. Si l'on pourra déplorer quelques soucis de caméra, le titre d'Ubisoft Montpellier avait absolument tout pour devenir un jeu incontournable, et il l'a été dans le cœur des joueurs et de la presse, tous deux lui ayant réservé un accueil plus que chaleureux.

Un échec commercial mettant en péril la suite

Pourtant, tout n'est pas si simple et BGE a été un échec commercial, en dépit de l'excellente réception du jeu par la presse et l'affection que portent encore les joueurs au titre d'Ubisoft. Plusieurs raisons ont sans doute nui au succès commercial. Nous pourrions par exemple évoquer l'aspect presque « enfantin » du design général du jeu et des personnages qu'il met en scène, trompant une partie du public sur la cible réelle de BGE. Toutefois, des représentants d'Ubisoft ont expliqué les raisons de cet échec d'une manière différente auprès de Venturebeat, évoquant des problèmes de timing pour la sortie du projet. Effectivement, la même année sont notamment sortis Star Wars : Knight of the Old Republic, Prince of Persia : Les Sables du temps ou encore le très médiatisé Manhunt.

Outre cette rude concurrence, Ubisoft a déclaré à l'époque n'avoir pas suffisamment investi dans le marketing pour promouvoir son bébé, triste constat qui a toutefois sans doute sa part de responsabilité dans cet échec. En dépit de l'enthousiasme de Michel Ancel lorsqu'il s'agit d'évoquer un éventuel deuxième opus pour BGE, aujourd'hui, dix ans plus tard, une suite à ce petit chef-d'oeuvre injustement méconnu n'a toujours pas vu le jour, quand bien même des pétitions ont commencé à fleurir deux ans après la sortie du premier épisode, comme nous l'évoquions en introduction.

Cette absence est d'autant plus frustrante que la création d'une suite ne s'est pas contentée de rester au stade de rumeur mais a carrément été officialisée par Ubisoft au cours des Ubidays de 2008, dans le cadre desquels un bref teaser et quelques visuels ont été dévoilés. Reconnaissez que pour raviver la flamme des fans résignés, on pouvait difficilement s'y prendre mieux.

Si cette vidéo est parfaitement officielle et dévoile Pey'j, l'oncle de Jade un brin acariâtre mais dévoué, une autre courte vidéo a circulé sur le Net, sans pour autant être officialisée. On y voit un personnage prenant tout de même très largement les traits de Jade fuir certains opposants dans un esprit très proche de Mirror's Edge. L'environnement désertique dans lequel évolue Jade fait quant à lui écho à celui mis en scène dans le trailer officiel.

Une suite maintes fois confirmée, jamais dévoilée

Malheureusement, depuis, c'est le calme plat ou presque. Si Michel Ancel n'a jamais cessé de scander que Beyond Good & Evil 2 était toujours en chantier, que ce soit en 2008 ou en 2010, c'est essentiellement une déclaration de 2011 faite à GamesIndustry qui a fait comprendre aux joueurs que BGE 2 non, ça ne serait pas pour tout de suite.

Effectivement, l'ami Ancel, jusqu'à présent assez avare en déclarations sur le jeu, a certes réaffirmé l'existence effective du projet en arguant que le stade de développement du jeu était « trop avancé pour revenir en arrière » mais qu'il était trop ambitieux pour la 7ème génération de machines. Le couperet tombe : en 2011, nous apprenions que nous ne verrions pas le jeu avant la sortie des actuelles PlayStation 4 et Xbox One, dont on ignorait encore à l'époque l'existence même et donc leur année de commercialisation.

Cette volonté de lancer BGE 2 sur la nouvelle génération de machines viendrait de l'ambition placée par les équipes dans le développement du titre, comme il s'en est expliqué en 2013 auprès d'IGN.

Je pense que nous faisons quelque chose de trop important pour la génération actuelle. Honnêtement, c'est trop compliqué de sortir le jeu sur les machines d'aujourd'hui. Je ne dis pas que les consoles ne sont pas assez performantes ni que l'équipe n'est pas assez compétente, mais il faut ajuster les objectifs aux machines. Je pense qu'avec l'arrivée des nouvelles consoles, nous allons essayer de reprendre le développement du jeu. Pas simplement une suite, mais un titre qui rendrait possibles toutes les idées que nous avions eues pour le premier épisode.

Si l'intention peut facilement se comprendre, qu'en est-il des ambitions précises de Beyond Good & Evil que la précédente génération de machines ne permettait pas de mettre en place ?

C'est la liberté que nous voulons offrir au joueur. Dans ce genre de jeux, lorsque vous menez une enquête, nous ne voulez pas le faire dans une histoire écrite par les développeurs. J'estime que vous préférez enquêter à votre manière. J'aime pouvoir choisir librement des véhicules, voler avec des vaisseaux spatiaux, ce genre de choses. Cela existait déjà dans Beyond Good & Evil 1 mais pas suffisamment à notre goût. Pouvoir voyager d'une ville à une autre, d'une planète à une autre, c'est quelque chose que j'apprécie et j'aimerais que les joueurs puissent le faire. Cette liberté ainsi que l'univers de Beyond Good & Evil sont très difficiles à réaliser.

Beyond Good & Evil avec une plus grande liberté d'action, voilà la promesse que fait le bonhomme à des fans qu'il sait impatients, voire frustrés de ne plus entendre parler de cette fameuse suite. Seulement voilà, les choses ne sont désormais plus placées sous les meilleurs auspices, car nous voici arrivés en 2015 sans avoir d'autres nouvelles concrètes du jeu.

Le principal espoir que nous entretenions d'entendre parler de Beyond Good & Evil 2 remonte peu de temps avant l'E3 2014, où nous espérions tous voir Michel Ancel débarquer au cours de la conférence Ubisoft pour nous faire une annonce. Malheureusement, pas un mot sur le jeu n'a filtré au cours de la conférence. Bien conscient de la déception des joueurs, Yves Guillemot, CEO d'Ubisoft, a déclaré ne « pas oublier » BGE 2. Maigre consolation.

Début août 2014, Ubisoft a réaffirmé l'existence du développement du jeu et nous promet une suite « surprenante, novatrice et exceptionnelle ». En parallèle, Michel Ancel fonde son propre studio, baptisé Dubbed Wild Sheep, tout en conservant son poste de directeur créatif chez Ubisoft. Et depuis c'est le silence radio.

Dix longues années se sont donc écoulées depuis qu'un membre de la communauté de lecteurs de jeuxvideo.com a créé une pétition clamant son amour pour Beyond Good & Evil et son souhait ardent de voir une suite paraître bientôt. Nous avons bien eu en 2011 un portage HD de la licence de bonne facture sur PlayStation 3 et Xbox 360, maigre consolation lorsque l'on sait que la suite de cette petite pépite du jeu vidéo est d'ores et déjà dans les tuyaux.

Reste désormais à savoir si les équipes parviendront à mettre un terme à ce parcours du combattant dans les temps à venir... pas trop tard, ça serait pas mal, d'autant que la licence, pensée initialement comme une trilogie, laissait augurer le meilleur dès la fin du premier épisode....

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• L'expression BTG est l'acronyme de "Bien ta grotte" qui exprime l'idée du retard en faisant comprendre à quelqu'un qu'il a manqué une information, importante ou non, connue du plus grand nombre.