Présent à la Republic of Fighters, actuellement en direct sur notre Web TV Gaming Live, le Champion du Monde de l'EVO Luffy répond à nos questions.
Kere : Bonjour Luffy. Tu participes à ta quatrième Republic of Fighters aujourd'hui. Comment cela se passe-t-il ?
Luffy : Très bien ! L'organisation est bonne, avec beaucoup de postes de free play, de plus il y a un lieu indépendant pour le stream, isolé du bruit, ce qui est idéal pour se concentrer. Mes matchs se passent bien pour l'instant, j'avance, toujours avec ma Rose bien évidemment.
Qu'aimes-tu dans la Republic of Fighters ?
C'est ma quatrième et j'en ai déjà gagnée une, j'ai été top 3 à chaque fois. Elle me réussit donc bien. C'est un gros tournoi, un format avec beaucoup de joueurs ce qui est parfait pour rencontrer la communauté, revoir des amis. De plus elle est sur Paris, c'est important et l'organisation est bonne.
Tu as remporté l'EVO cette année, le tournoi le plus important sur Street Fighter. Qu'est-ce qui a changé pour toi depuis ?
Je suis beaucoup plus demandé, pour des interviews mais aussi en tournois, français comme internationaux. J'ai eu davantage d'opportunités au niveau sponsoring. J'ai rejoint le Meltdown avant l'EVO et ils m'ont aidé, car ils payent mes frais de déplacement, d'inscription aussi (comme la DreamHack). Ils m'ont envoyé à l'EVO aussi, même si je dois reconnaître que j'y serais allé sans eux tout de même.
Cette victoire a changé beaucoup de choses pour le versus fighting en France. Tu le ressens, toi directement ?
Personnellement, ça n'a rien changé vis-à-vis des autres tricolores. Je fais partie de la scène française depuis 5 ans, ils me connaissent tous, ça n'était donc pas une surprise pour eux. Ceci dit, le regard des internationaux a énormément changé. Il y a une grosse mise en avant des Européens en règle générale, sur des sites d'actualité Versus notamment. On ne voit plus que les Japonais et les Américains, c'est nouveau. La communauté européenne (et donc française aussi) est remotivée, boostée par cette victoire qui montre qu'un joueur du Vieux Continent peut s'imposer aussi.
Tu ne joues que Rose, telle une belle histoire d'amour, mais voilà, cela n'est pas un handicap pour toi aujourd'hui ?
C'est clairement un handicap oui, mais c'est comme ça. C'est le cas quand on joue un seul personnage. Les adversaires me connaissent, savent comment je la joue, et c'est plus délicat de jouer sans counter pick parfois. Mais cela prend trop de temps d'apprendre un nouveau personnage et de le maîtriser. J'espère regagner l'EVO un jour, mais si ça arrive, ça sera avec Rose. Je ne veux pas changer.
Tu étais absent aux Game Awards dans la catégorie "joueur de l'année e-sport" alors qu'on trouvait dans les nominés un joueur comme Firebat qui n'a réalisé qu'une seule performance dans l'année, la Blizzcon, sur Hearthstone. Regrettes-tu ce manque de reconnaissance médiatique ?
Je ne joue pas dans la même cour au niveau starification, médiatisation. Le Versus est une des plus petites communautés de l'e-sport, très loin des monstres PC comme les FPS, Call of Duty et Counter Strike en tête. Alors, ça n'est pas étonnant et ça n'est pas important.
Cette faible médiatisation du Versus Fighting est un regret pour toi ?
Bien sûr, c'est un milieu petit, loin d'autres scènes compétitives, mais voilà, il est en plein essor, notamment avec Sony qui arrive avec Street Fighter V. De plus gros tournois, de meilleures infrastructures, tout cela va permettre d'accroître la reconnaissance du Versus auprès du grand public. Nous avons une bonne base, les joueurs sont là. Il faut simplement faire connaître le Versus.
Tu es Champion du Monde et salarié. Associer les deux doit être délicat.
C'est très compliqué en effet, de plus en plus. C'est très fatigant. J'ai une compétition presque tous les week-ends, parfois à l'étranger. Je peux partir le vendredi aux USA ; jouer le samedi et le dimanche avec le jetlag et reprendre le travail mardi. Je ne peux pas toujours prendre des jours supplémentaires de repos. Je vais devoir faire un choix car là, ça joue sur mon moral et mon physique, je ne joue pas à 100%. Je suis acheteur dans une boîte de communication et c'est ça qui me fait vivre aujourd'hui, mais je sais que si j'arrête, je peux m'en sortir. Mais voilà, il y a une différence entre "bien vivre" et "en vivre". C'est délicat avec Street Fighter. Je suis aussi quelqu'un qui voit les choses sur le long terme. Si j'arrête, comment vendre cette expérience ? En France, les jeux vidéo n'ont pas bonne presse : Indiquer sur un CV 4-5 ans de jeu vidéo à haut niveau, ça ne fait pas une belle ligne. Les gens ne reconnaissent pas l'énorme investissement que cela implique. C'est dommage.
Bon courage pour la suite de ce tournoi Luffy. Bravo et merci pour l'EVO.
Retrouvez nos deux streams de la Republic of Fighters sur Gaming Live toute la journée : depuis l'amphithéâtre avec les grosses affiches, et celui dans le café avec Yamato et Smash Bros.