

Je suis écœuré par cette propagande.[...] Le dénigrement de la grande Révolution est une sale besogne pour instiller davantage de dégoût de soi et de déclinisme aux Français. Si l'on continue comme ça, il ne restera plus aucune identité commune possible aux Français, à part la religion et la couleur de peau.
Et il n'est pas le seul à s'en prendre au titre d'Ubisoft, puisque Alexis Corbière, qui avait rejoint Mélenchon lors de la création du Parti de Gauche, tire lui aussi à boulets rouges sur Unity. Ancien professeur d'histoire, le monsieur dénonce une "propagande réactionnaire sur la Révolution française". D'après l'article posté sur son blog, c'est surtout le trailer assez original réalisé par Tony Moore (dessinateur du comics The Walking Dead) et Rob Zombie, rockstar et réalisateur de films d'horreur, qu'il condamne.
La Révolution française revue par Rob Zombie
Corbière n'a pas apprécié le portrait particulièrement sombre qui a été dressé de Maximilien de Robespierre, présenté dans cette vidéo comme un meurtrier assoiffé de sang et responsable de très nombreuses morts.
Et en effet, le trailer en question ne fait pas dans la dentelle puisque les révolutionnaires passent un peu pour une masse de brutes sanguinaires, mais il semblerait néanmoins que l'intéressé n'ait pas compris que la vidéo n'était finalement qu'une "revisite" d'Assassin's Creed, par un réalisateur de films d'horreur. Pas certain que la vidéo soit de fait porteuse d'un véritable message... mais d'un point de vue artistique, il faut admettre que c'était plutôt bien fait.
Une campagne marketing maladroite ?
Assassin's Creed Unity est-il réactionnaire ? D'après Kaaraj, qui a longuement testé le jeu, la Révolution française n'apparaît finalement qu'en filigrane et sert surtout de décor aux aventures d'Arno, le héros du jeu. Et si l'on en croit Antoine Vimal du Monteil, l'un des producteurs du jeu, Unity n'a de toute manière pas vocation à servir de leçon d'histoire.
Mais la Révolution française reste un sujet sensible dans notre pays. Si elle est globalement (et à juste titre) considérée comme l'élément fondateur de notre nation, certains n'ont jamais hésité à dénoncer les exactions commises durant cette période s'étalant de 1789 à 1794. La politique menée par Robespierre est elle aussi soumise à polémiques, entre ceux qui jugent que son action fut nécessaire et ceux n'hésitant pas à le comparer aux pires meurtriers que l'histoire du monde ait connus. Et que monsieur Mélenchon le veuille ou non, beaucoup de gens sont morts durant cette période, quelles qu'en soient les raisons.
Une attaque sur le fond et pas sur la forme
Il ne faut pas croire pour autant que les politiques s'en prennent une nouvelle fois gratuitement au monde du jeu vidéo. C'est d'ailleurs assez nouveau, et très appréciable puisque le jeu, ici Assassin's Creed Unity, est traité comme n'importe quel produit culturel. Afin de se protéger des attaques type "oh le vieux qui critique parce que c'est un jeu vidéo", Alexis Corbière, dans son article, précise :
Je n’ai aucun mépris pour les jeux vidéo qui savent créer des univers virtuels envoûtants et je trouve réducteur que l’on caricature ceux qui les pratiquent comme des gens enfermés sur eux-mêmes. Le jeu est le propre de l’homme depuis des siècles et je goûte peu les discours assurant que « c’était mieux avant » et que « de mon temps on savait s’amuser ». Balivernes de vieux schnocks ! Bref, le jeu vidéo est un jeu comme les autres. Il en est des bons et des mauvais, comme toute œuvre humaine.
Un discours bienvenu. Plus récemment encore, à la Paris Games Week, nous avions eu la chance de pouvoir nous entretenir avec Axelle Lemaire, secrétaire d'Etat chargée du numérique ; elle nous confiait :
Le jeu vidéo est un outil qui permet l’interaction et qui n’isole pas. Très souvent, les joueurs sont en ligne et donc en lien avec d’autres joueurs.
L'entretien complet est disponible ici, en vidéo ou retranscrit par nos soins à l'écrit.
- Source : Le Figaro
- Notre entretien avec Axelle Lemaire, secrétaire d'Etat chargée du numérique