Les médias français ont beaucoup relayé, ces derniers mois, la vague de suicides à France Telecom, qui témoigne de la détresse et du mal de vivre de tous ces employés, de plus en plus nombreux, qui n'arrivent pas à supporter la pression, le rythme et les conditions de travail générés par la logique de productivité, de rentabilité et de compétitivité de leur entreprise. Tous les secteurs sont touchés, et notamment les jeux vidéo, qui n'échappent pas aux dérives de l'économie de marché.
Ainsi, l'usine chinoise de Foxconn, la plus grande manufacture d'appareils électroniques au monde, fait depuis quelque temps l'actualité. Jour et nuit, 400 000 employés (non, il n'y a pas d'erreur de zéro) y fabriquent les PS2, PS3, Xbox 360, Wii, iPhone, iPod et iPad sur lesquels nous nous divertissons chaque jour. Le site accueille même quotidiennement une file interminable de chômeurs qui tentent de se faire embaucher dans cette fourmilière sous haute surveillance.
Pourtant, quelques journalistes ayant réussi à s'infiltrer dans les unités de production de l'usine dressent un constat peu glorieux des conditions de travail des employés de Foxconn : épuisés et dépressifs, ces derniers sont surveillés en permanence (et parfois maltraités) par les responsables des unités de production, que l'on prendrait facilement pour des matons. Des conditions de travail qui s'apparentent à de l'esclavage moderne.
Quoi de plus surprenant d'apprendre que ces dernières semaines, 30 employés de Foxconn (essentiellement des ouvriers) ont tenté de mettre fin à leurs jours ? Huit sont parvenus à leurs fins, semant le malaise chez les dirigeants qui, pointés du doigt, ont préféré rappeler que le taux de suicide chez Foxconn était inférieur à la moyenne nationale.
Quelques semaines plus tôt, une autre manufacture chinoise, celle de KYE Systems, avait elle aussi été accusée de traiter ses employés comme des prisonniers. Entre autres choses, elle fabrique nos manettes de jeu Xbox 360.