Qu'ils fassent espérer ou redouter l'avenir du jeu vidéo, on peut dire qu'Heavy Rain et David Cage n'en finissent pas de faire parler. Eric Viennot (In Memoriam) a publié sur son blog une lettre ouverte adressée aux cinéastes et plus particulièrement à Mathieu Kassovitz suite à ses récentes et multiples déclarations au sujet d'Heavy Rain, jeu qui a persuadé le réalisateur que le jeu vidéo est l'avenir du cinéma et que, réciproquement, le salut du jeu vidéo viendra du cinéma. Une prise de position qui irrite passablement Eric Viennot qui rappelle aux cinéastes qu'on ne fait pas un jeu comme un film et que leur intérêt subit pour ce média lui semble bien trop opportuniste.
Bien qu'admiratif d'Heavy Rain, il s'efforce également de rappeler que les jeux vidéo n'ont pas attendu d'avoir un script de 2 000 pages ou d'effectuer la convergence avec le cinéma pour émouvoir ou se montrer intelligents et qu'on ne peut diviser l'industrie en deux pôles opposant Heavy Rain à un ensemble de jeux idiots et violents. On se permettra d'ajouter que tout comme il existe un jeu vidéo intelligent moins visible que les grosses productions "superficielles", le cinéma n'est pas toujours d'une grande finesse non plus et ne se prive pas pour faire recette avec des formules éculées qui semblent tant agacer Mathieu Kassovitz. Pour Viennot, les créateurs ont leur propre "langage" qui leur appartient et leur permet de raconter toutes sortes d'histoires, sans avoir besoin du salut des cinéastes, avec un scénario conséquent, ou sans aucune ligne de dialogue.
Si la lettre en soi est déjà assez emportée, précisons que Mathieu Kassovitz s'est fendu d'une longue réponse dans les commentaires du blog de Viennot afin de défendre sa propre position, expliquant que son intérêt pour le jeu vidéo n'est pas nouveau mais remonte à sa jeunesse. Il explique toutefois que pour lui, Heavy Rain et son géniteur David Cage, dont le nom parsème lettre et réponse, marque un tournant, lui qui se dit lassé des jeux idiots et violents qui dominent le marché. Le point culminant de la prise de bec résidant probablement dans cette phrase :
Malheureusement pour vous, je peux ressentir dans votre article la douleur de ne pas être celui par qui la révolution arrive. David Cage a pris cette responsabilité avec Heavy Rain.
Nous vous laissons lire la lettre ouverte d'Eric Viennot et la réponse de Mathieu Kassovitz pour vous faire votre propre opinion sur le sujet.
- Le blog d'Eric Viennot