Depuis lundi, une étude conduite par l'Université de Pittsburgh fait les choux gras de la presse et de la télévision. Des chercheurs auraient établi que passer trop de temps devant des médias électroniques (ce qui recouvre tout de même pas mal de choses) favoriserait l'apparition de dépression chez les adolescents et les jeunes adultes.
Sur 4 142 jeunes qui ne souffraient pas de dépression en 1995, 308 d'entre eux (soit 7,4 %) ont développé, tout au long de l'observation qui a duré 7 ans, des symptômes de dépression. Ces adolescents avaient passé en moyenne 5,68 heures par semaine devant des médias électroniques (2,3 heures à regarder la TV, 2,3 heures à écouter la radio, 0,62 heure à regarder des films et 0,41 heure à jouer à des jeux vidéo). Notez que l'utilisation d'Internet, encore trop peu répandue à l'époque, n'est pas mentionnée, tout comme celle des téléphones portables.
Sans vouloir jouer les analystes de bas étage, le temps passé devant ces médias ne nous semble pas excessif (cela ne représente même pas une heure par jour en moyenne, ce qui n'est tout de même pas un frein pour les activités sportives et sociales). Tout comme le pourcentage de "dépressifs" obtenu, qui nous pousse à rappeler que les phénomènes de dépression concerneraient 4 à 10 % de la population mondiale (variable en fonction des pays et des zones géographiques). L'étude nous semble même un peu obsolète en raison de l'évolution des médias et du comportement des jeunes depuis 2002 (rappelons que le "phénomène" Internet n'est pas pris en compte).
Pourtant, comme nous le mentionnions plus haut, la presse généraliste française, relayée par certaines émissions de télévision comme Télématin ou Le Grand Journal, n'a pu s'empêcher de s'y intéresser, caricaturant au passage les conclusions de l'étude pour les rendre suffisamment accrocheuses en termes d'audimat. Et le bon père de famille d'entendre, images de World of Warcraft à l'appui, que les écrans seraient susceptibles de rendre ses enfants dépressifs. Bon, ce n'est pas si grave : il pourra au moins les montrer chez Jean-Luc Delarue.
Image d'illustration : Jack Thomson, le légendaire mais non moins déprimant avocat en lutte perpétuelle contre le jeu vidéo.