jeuxvideo.com > Comment vous définissez-vous aujourd'hui ?
Sebastien Bourdais : Je suis un pilote exilé aux Etats-Unis, triple champion de ChampCar, pilote de la voiture McDonald qui se fait plaisir en ayant l'opportunité de piloter la Peugeot 908 lors des prochains Vingt-Quatre Heures du Mans.
jeuxvideo.com > Justement peut-on être un pilote maintes fois récompensé dans la vraie vie et trouver le moindre intérêt aux jeux de courses ?
Sebastien Bourdais : Oh oui car il est toujours intéressant de savoir où en sont ces jeux-là quand on est pilote. Et comme c'est une passion, on essaie de garder le contact avec tout ça même si ce n'est pas toujours facile durant la saison. Mais je pense que nous (ndr : les pilotes) sommes tous un peu pareils. On essaie de reproduire à la maison et entre copains les émotions que nous avons ressenties sur la piste.
jeuxvideo.com > Êtes-vous le meilleur joueur que vous connaissiez parmi les pilotes ?
Sebastien Bourdais : Non. J'en connais de bien plus assidus. Il y en a certains... Je ne sais pas comment ils font pour jouer autant. Si je faisais ça, je retrouverais des papiers de divorce directement sur la table du salon. Il y en a, notamment des types qui courent au Japon, qui peuvent se permettre de recentrer leurs préoccupations là-dessus. Ils ne mènent pas la même vie que moi...
jeuxvideo.com > Entre le ChampCar et Le Mans, ça tient du grand écart. Ça ne fait quand même pas appel aux mêmes qualités...
Sebastien Bourdais : Ce n'est pas si différent que ça puisque les deux types de voitures se tiennent en matière de vitesse. Sur un circuit de cinq ou six kilomètres, un proto tourne environ cinq secondes moins vite. Il n'y a pas un fossé énorme.
jeuxvideo.com > En vous regardant jouer à Forza Mortorsport 2, nous avons remarqué que vous n'utilisiez que la vue arrière. Vous ne trouvez pas qu'avec cette vue on se prive un peu de sensations ?
Sebastien Bourdais : J'aime bien voir la dynamique de la voiture pour corriger éventuellement. En vue plus rapprochée (ndr : Forza 2 ne proposant pas de vue cockpit), on a plus de difficulté de prévenir le survirage ou le sous-virage quand on ne connaît pas le jeu encore à 100%. Mais dès que je suis familiarisé avec le jeu, je me rapproche. Ceci dit, vu qu'on n'a pas encore les outils de simulation comme un baquet qui bougerait, il est vrai que c'est plus simple d'évaluer les réactions de la voiture dans cette vue-là.
jeuxvideo.com > Quelles sont les qualités de Forza qui vous ont semblé les plus importantes ?
Sebastien Bourdais : La modélisation des voitures porte vraiment le degré de simulation à un autre niveau. Le fait que chaque pièce soit simulée me fait dire qu'on s'approche de plus en plus de la vérité. On finit par se demander ce qui pourrait être encore amélioré, aussi bien en matière de simulation de la piste qu'en simulation de la voiture. Enfin... On se demande toujours comment on va pouvoir aller plus loin et il y a toujours une nouvelle étape qui repousse le réalisme. Ce qui est très intéressant, c'est que les jeux vous demandent de plus en plus de piloter convenablement, je veux dire à l'image de ce qui se passe dans la réalité. Pour nous, pilotes, c'est très marrant. Dans Forza 2, si je prends la Ferrari avec laquelle j'ai participé à Sebring, je me retrouve vraiment quelques années en arrière. C'est prenant.
jeuxvideo.com > Quelles sont les idées qui vous ont surpris dans Forza 2 ?
Sebastien Bourdais : Je pense qu'il s'agit de tout le pan création qui va du tuning moteur à la modification de la carrosserie et autres. Je n'imaginais pas qu'une simulation pouvait offrir cette touche tuning, la possibilité de décorer les voitures comme on veut, etc. C'est une addition sympa au système.
jeuxvideo.com > Et vous sentez vraiment une différence de pilotage de voiture en voiture ?
Sebastien Bourdais : Ah oui ! Chaque voiture a vraiment sa particularité. Je n'ai pas la prétention d'avoir conduit toutes les voitures du jeu mais pour celles que j'ai piloté, c'est bien ça.
jeuxvideo.com > Quelle est votre préférée pour l'instant ?
Sebastien Bourdais : Je ne peux parler que des GT parce que je n'ai pas encore fait le tour de tout le jeu. J'ai beaucoup aimé la Ferrari ProDrive que j'avais piloté à Sebring.
jeuxvideo.com > Vous êtes plutôt "jeu solo" ou en multi ?
Sebastien Bourdais : Pour l'instant, je n'ai pas eu le temps de m'intéresser au multi. D'un autre côté, il faut que le matériel suive parce que jouer à plusieurs en partageant le même écran, ce n'est pas terrible. Je crois que de toutes façons le plus intéressant, c'est de jouer en réseau.
jeuxvideo.com > Ça vous tente quand même ?
Sebastien Bourdais : Oui, oui. D'ailleurs le rendez-vous est pris avec Stéphane (NdR : Sarrazin) et Nicolas (NdR : Minassian). On a déjà prévu de se rencontrer. C'est en projet.
jeuxvideo.com > De tous les jeux de courses que vous avez utilisés, vous considérez vraiment Forza Motorsport 2 comme le meilleur ?
Sebastien Bourdais : Au jour d'aujourd'hui, oui. Je n'ai trouvé aucune autre simulation qui atteignait ce niveau de détails par rapport à la jouabilité, même si on peut en trouver des comparables sur PC, et à la modélisation des pistes. Le meilleur exemple pour moi, ce sont les pistes américaines car elles sont très variées en matière de revêtements. Quand dans la réalité il existe une tâche sur une piste, vous la retrouvez dans le jeu. Je trouve cela bluffant.
jeuxvideo.com > Tout à l'heure, nous vous regardions jouer sur Laguna Seca et vous disiez que c'était "scabreux". Que vouliez-vous dire ?
Sebastien Bourdais : En fait, je parlais de la voiture. Je pense qu'il y a encore à faire en ce qui concerne les périphériques et leur gestion. Par exemple, quand vous freinez dans le jeu, il faut enfoncer la pédale à fond. Dans la réalité, si vous enfoncez la pédale à fond, c'est que vous n'avez plus de freins. Ça, ça pourrait être amélioré pour être plus fidèle et que les capteurs retranscrivent mieux l'utilisation des divers équipements de la voiture.
jeuxvideo.com > A quel autre jeu de courses avez-vous joué de manière assidue ?
Sebastien Bourdais : Au concurrent puisque j'ai été sponsorisé par PlayStation2. Mais je dois reconnaître que Forza 2 représente une grosse évolution. C'est dans la logique des choses.
jeuxvideo.com > Justement, par rapport à cet illustre concurrent, vous appréciez le fait qu'on puisse abîmer les voitures dans Forza ?
Sebastien Bourdais : Oui parce que cela renforce l'idée même de simulation. Si c'est Destruction Derby, ce n'est pas une simulation mais si c'est une simulation, les dégâts font partie de la course. C'est bien de perdre en comportement ou en trainée aéro parce qu'on touche les autres pilotes.
jeuxvideo.com > Si on devait développer un jeu de courses dont le titre commencerait par "Sebastien Bourdais", que faudrait-il mettre dedans ?
Sebastien Bourdais : Ce serait probablement quelque chose de difficile à faire pour des questions de droits. Il y a aurait plusieurs championnat, du ChampCar à la F1 en passant par le Rallye. Ce serait un jeu d'une taille énorme car il faudrait beaucoup de modélisations et de pistes mais on pourrait passer d'un style de course à un autre.
jeuxvideo.com > Merci, M. Bourdais.
- Site officiel de Forza Motorsport 2