C'est à Londres qu'Electronic Arts nous a conviés à rencontrer les créateurs de certains de leurs jeux maison. Parmi eux, nous ne pouvions manquer de remarquer Alex Ward qui préside au devenir de Burnout puisqu'il dirige Criterion, le développeur de ce jeu de courses pas comme les autres. En préambule à l'entretien que nous avons sollicité, M. Ward nous a montré les premières images du prochain volet de cette série : Burnout 5. Par souci pratique, il avait enregistré une courte séquence de course sur une PSP pour la présenter à toutes les personnes qui le demandaient mais, qu'on se rassure, cet opus paraîtra sur PlayStation 3. Et si la console de Sony a été la seule qu'il a citée, on peut d'ores et déjà parier que Burnout 5 sera présent sur toutes les machines. Que penser de ce que nous avons vu ? C'est à la fois très différent des volets précédents et absolument identique. On retrouve la célèbre interface caractérisée par la jauge de turbo en bas à gauche de l'écran, ça file toujours aussi vite et la voiture, qui a une coupe sportive inspirée de certains supercars de la réalité, fait indéniablement partie du garage traditionnel de Burnout. D'un autre côté, les textures ont été revues. Durant ce court extrait, difficile de se défaire du sentiment selon lequel les précédents opus proposaient des couleurs un peu flashy. Si cette séquence reflète effectivement ce que sera Burnout 5, le jeu devrait gagner en réalisme voire en authenticité ce qu'il perdra en fantaisie. Mais ce n'est qu'une toute première impression que nous nous ferons une joie de développer au fil des prochaines présentations du jeu.

Après cette mise en bouche, nous avons quitté l'ambiance surchauffée et bruyante de la boîte dans laquelle se déroulait la soirée pour pouvoir discuter quelques instants avec Alex Ward. Cette interview s'est donc déroulée dans un angle de mur d'une ruelle londonienne tandis que sur le trottoir d'en face un clochard beuglait de manière inintelligible et commençait à se déshabiller. D'après notre interviewé qui nous l'a fait très pince-sans-rire, à l'anglaise, il s'agissait d'un de ses anciens programmeurs très doué en matière de graphisme mais dépité depuis que la Dreamcast s'est arrêtée. Mais vous verrez que cette personne n'a pas été la seule à profiter du sens de l'humour féroce et dévastateur d'Alex. Ambiance...

jeuxvideo.com > Depuis quand travaillez-vous sur Burnout 5 ?

Alex Ward : On s'y est mis dès que Black a été lancé.

jeuxvideo.com > Vous seriez d'accord avec ceux qui trouvent que, d'un Burnout à l'autre, les différents opus paraissent un peu répétitifs ?

Alex Ward : Une chose est sûre : Burnout est un jeu de courses. Partant de là, on utilise des voitures et on reste fidèle à notre principe de base. D'un autre côté, nous en avons développé quatre en cinq ans et, à chaque fois, nous avons voulu faire quelque chose de différent par rapport au volet précédent. Nous avons toujours souhaité apporter des changements pour éviter justement que les gens ne se plaignent d'une certaine routine.

jeuxvideo.com > Diriez-vous que le principe de Burnout est stupidement simple...

Alex Ward : Ah oui !

jeuxvideo.com > ... ou diaboliquement compliqué ?

Alex Ward : Non, c'est très très simple. Il s'agit juste de conduire très dangereusement comme un crétin. Voilà tout. Conduire vite au mépris du danger en prenant des risques, c'est quelque chose que tout le monde fait tout le temps. Donc pour moi, c'est un principe très simple.

jeuxvideo.com > Mais dans votre jeu, il faut aussi savoir faire preuve de finesse...

Alex Ward : Effectivement. Si vous voulez progresser, vous allez devoir vous montrer talentueux. Cela n'empêche pas le principe de base de rester très simple.

jeuxvideo.com > Quel est votre sentiment sur le fait que Burnout soit publié par l'éditeur des Sims. D'un côté il y a ce titre très fédérateur et prévu pour plaire au plus grand nombre sans choquer personne et d'un autre côté, il y a votre jeu qui propose d'aller trucider son prochain à grands coups de pare-chocs sur l'autoroute ?

Alex Ward : Moi ça me va. D'un côté il y a les titres pour téléphones portables et de l'autre les jeux comme Burnout ou Black. C'est parfait.

jeuxvideo.com > Pensez-vous qu'on ressente le même plaisir en jouant à Burnout sur une console portable que sur une console de salon ?

Alex Ward : Oui dans la mesure où il s'agit toujours de Burnout mais non car rien ne vaut d'avoir une vraie manette en main et de profiter d'un grand écran avec ses amis. Quand vous allumez une portable, vous vous retrouvez généralement tout seul. Or le jeu vidéo, c'est comme le sexe, plus il y a de monde, plus c'est agréable.

jeuxvideo.com > Si vous le dites...

Alex Ward : En tout cas, c'est ce qu'on m'a dit.

jeuxvideo.com > Vous ne parlez pas d'après votre expérience personnelle ?

Alex Ward : Non. Dépêchons-nous, je dois me lever tôt demain pour aller à l'église.

jeuxvideo.com > Pensez-vous que la vocation de Criterion se limitera à toujours vouloir développer le prochain Burnout ?

Alex Ward : Non.

jeuxvideo.com > Qu'aimeriez-vous faire d'autre ?

Alex Ward : A peu près tout ce que nous voulons. Nous souhaitions absolument faire un nouveau Burnout pour la première année d'existence de la PlayStation 3. Derrière cela, nous pourrions en faire encore un ou nous pourrions ne plus jamais en faire. Les gens sont convaincus que nous avons un plan bien préparé à l'avance mais ce n'est pas le cas.

jeuxvideo.com > Mais croyez-vous que les petites différences d'un Burnout à l'autre justifieront toujours qu'on achète le dernier ?

Alex Ward : Je ne suis pas d'accord avec vous. Je pense au contraire qu'il y a des différences majeures d'un opus à l'autre. C'est vraiment le but poursuivi par toute l'équipe. Je vous mets au défi de me montrer une autre série forte de quatre jeux publiés en cinq ans et qui montre autant de différences de l'un à l'autre.

jeuxvideo.com > Comment définiriez-vous Burnout 5 ?

Alex Ward : Je dirais qu'il s'agit d'un tout nouveau jeu. Alors peut-être que vous trouverez que les différences sont "petites" mais le reste des habitants de cette planète le verra comme un tout nouveau jeu. C'est très différent, très libre, très ouvert et à des lieues de ce que nous avons fait jusqu'à présent.

jeuxvideo.com > Que voulez-vous dire par "ouvert" ?

Alex Ward : Disons qu'il n'y a pas d'idée de progression linéaire comme c'était le cas précédemment. Il n'y aura pas de menus ou de chargements. Dès qu'on y a joué une heure, si vous parvenez bien entendu à dépasser votre déception quant aux petites différences et à y jouer une heure entière, on constate que chacun a vécu une expérience différente de son voisin. En fait, il ne s'agit plus de vous donner une liste de choses à faire mais de faire ce que vous voulez. En cela, c'est effectivement un jeu qui se démarquera de ce que nous avons fait avant cela.

jeuxvideo.com > Merci M. Ward.

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