Il y a d'abord Kane, le traître. Anciennement marié et père de deux enfants. Une vie sans histoire, mais tout bascule lorsque son fils trouve son arme planquée à la maison. Ce dernier mourra deux semaines plus tard à l'hôpital, des suites de ses blessures. Complètement anéanti, accablé par sa femme et sa fille, Kane fuit pour rejoindre un groupe de mercenaires, ce qui l'emmènera bien plus tard à cette fameuse mission au Vénézuela. La dernière qu'ils disaient tous, après ça, c'était terminé, tous raccrocheraient pour de bon, les poches pleines du pactole récolté. Oui, mais voilà, le destin s'en est mêlé et la mission a foirée. Le groupe est décimé, seul Kane parvient à s'enfuir, emportant certes l'argent volé, mais laissant surtout une nouvelle fois derrière lui l'odeur de la mort. Kane est finalement rattrapé par les autorités qui le conduiront à son nouveau domicile, une petite cellule avec vue sur le couloir de la mort. Lynch, l'assassin, connaît également un passé pour le moins obscur. Pour lui aussi, c'est la mort d'un proche qui le fera chuter. Atteint de schizophrénie, Lynch ne parvient pas à se rappeler s'il est à l'origine de l'assassinat de sa femme, retrouvée morte dans le foyer conjugal. Condamné pour ce meurtre qu'il n'a peut-être pas commis, il attend lui aussi d'être exécuté.
Le jeu débutera le jour de la mort programmée du premier. Rempli de remords pour sa vie passée, et pour l'amour qu'il n'a pas su donner à sa famille, Kane écrit à sa fille. Bientôt, il sera transféré, son dernier voyage avant la fin. C'est en tout cas ce qu'il pense car le sort lui réserve un autre mauvais tour lors de son transfert de pénitencier. Un "accident" survient sur la route, manifestement organisé par ses anciens équipiers (finalement pas si morts que ça) lui reprochant à juste titre de les avoir abandonnés sans jamais se retourner. Pour se venger, ils placent Kane entre les mains de Lynch qui devra donc le surveiller et s'assurer qu'il rendra l'argent pris au Vénézuela. Qu'il trouve l'argent ou pas, cela ne change rien pour Kane qui sera de toute façon tué à la fin de sa mission. Sa famille, quant à elle, sera épargnée si l'argent est rendu.
On résume donc. Kane l'ancien professionnel du crime organisé se retrouve sous la surveillance rapprochée de Lynch, un schizophrène qui n'a peut-être jamais tué personne mais qui pète les plombs s'il n'a pas sa dose de médicaments. Un point de départ pas facile à suivre mais excellent pour planter le décor d'un jeu qu'on imagine déjà dur et violent, surtout avec IO Interactive aux commandes. Ces gens-là nous l'ont déjà prouvé avec Hitman, ils savent créer des personnages ambigus, aux repères troubles, Kane & Lynch n'en est qu'une nouvelle illustration. Le duo n'est pas habituel. On ne trouve pas ici l'expérimenté et le novice, le jeune et le vieux ou l'intello et l'aventurier. Dans ce jeu, rien n'est aussi manichéen. Les deux personnages sont globalement mauvais (ont des raison de l'être), et ne s'apprécient pas, ce que les nombreux dialogues ne manqueront pas d'illustrer au fil du jeu.
Le jeu, parlons-en justement. Empruntant à la fois à Hitman et à Freedom Fighters, Kane & Lynch est globalement à classer dans le genre action. On fera très souvent parler les armes à feu, même s'il arrivera de devoir se la jouer un peu plus fine par moment pour ne pas se faire trop remarquer au milieu d'une foule. Les deux environnements dévoilés lors de la Games Convention étaient particulièrement bien choisis pour illustrer l'ambiance du jeu. Dans le premier, l'objectif consistait à traverser un night-club plein à craquer pour kidnapper une femme avant de la conduire au dernier étage de l'immeuble. Grâce à un énorme boulot sur le son, sur les animations de la foule se dandinant en rythme sur le dance-floor et ne s'écartant pas toujours devant notre passage, l'immersion est quasi totale. Les lumières, les grosses basses, le volume qui monte petit à petit à chaque nouveau couloir, tout est fait pour nous faire entrer dans le jeu. Il n'y a d'ailleurs pas grande indication à l'écran. Pas de jauge de santé (si l'écran devient rouge pendant une fusillade, alors il faudra se soigner), pas de points ou de plan non plus. Tout est épuré afin de donner l'impression de suivre une histoire comme on suivrait un film.
Que ce soit en solo, ou en coopératif (chaque joueur contrôlant l'un des deux personnages), il sera souvent question de diriger une poignée d'hommes nous accompagnant. Les ordres sont basiques (va là-bas, donne-moi ton arme, planque-toi) mais suffisent à rendre l'action encore plus nerveuse dans les affrontements. Et pour ceux qui ne souhaitent pas s'embêter avec ça, le mode de difficulté le plus facile permettra de terminer le jeu sans avoir jamais à donner un seul ordre. Un système de mimétisme a effectivement été adopté pour que les équipiers s'adaptent à l'attitude du joueur. S'il marche, ils marcheront, s'il se met à couvert, ils se mettront à couvert. Grâce à une réalisation déjà très prometteuse, du moins sur cette pré-version Xbox 360, chaque scène parvient à nous tenir en haleine nous donnant envie d'en voir toujours plus. Voilà en tout cas un jeu que nous attendons impatiemment. Mais il va falloir être patient car il n'est pas prévu avant l'année prochaine aussi bien sur la console de Microsoft que sur PC et Playstation 3.
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