Un an à peine après le premier Monkey Island, Ron Gilbert et son équipe nous gratifiaient d'une suite encore plus aboutie, plus longue, plus barge, et plus drôle. Comme dans toutes les séries, le premier épisode avait servi à poser les bases, et à introduire les personnages. Maintenant que tout était en place, on pouvait se lâcher, creuser plus profondément dans l'univers de Monkey Island, et même exploiter les nombreuses idées écartées dans le précédent volet. Le jeu s'ouvre par un Guybrush Threepwood en bien mauvaise posture. Suspendu à une corde dans un énorme trou, il est rapidement rejoint par Elaine, visiblement intriguée de le trouver ici. Comment est-il arrivé là ? Que renferme le gros coffre qu'il ne semble pas vouloir lâcher ? Guybrush va nous raconter tout cela. Retour en arrière... Il est assis au bord du feu en compagnie de deux autres pirates. Comme tous les soirs, il raconte à son auditoire comment lui, Guybrush Threepwood, est venu à bout du célèbre pirate LeChuck, et comme tous les soirs, personne ne le croit. Qu'est ce qui cloche avec lui, pourquoi personne ne veut gober ses hauts faits ? Et puis pourquoi personne ne le prend réellement pour un pirate ? Pourtant, il a bien grandi depuis ses premières aventures. Désormais, c'est un grand, sa barbe est là pour le prouver ! Et puis bon, tant pis si personne ne souhaite le croire. Guybrush sait qu'il est devenu un pirate, ses poches pleines de doublons sont là pour le réconforter dans cette idée. Malheureusement, cette auto-satisfaction ne durera pas. Rapidement déposédé de sa fortune par une teigne du nom de Largo LaGrande, un ancien compagnon de LeChuck qui tente d'imposer sa loi, Guybrush devra aussi faire face à l'embargo qui règne sur l'île et qui l'empêche de quitter les lieux. Comme d'habitude, Threepwood trouvera un moyen de se dépétrer de cette situation, mais comme d'habitude il fera une gaffe pour tout gâcher. Dans ce cas, au lieu de faire fuir Largo, comme il le prévoyait initialement, il parvient à ressuciter son pire ennemi, le pirate LeChuck. Sans un sou, poursuivi par LeChuck, Guybrush n'aura d'autre choix que de partir à la recherche du trésor de Big Whoop, la seule chose capable de le sortir de ce mauvais pas.
Monkey Island 2 s'organise essentiellement autour de la recherche du fameux trésor. Alors que Guybrush doit réunir quatre morceaux d'une même carte, on navigue à ses côtés dans plusieurs îles en rencontrant de nouveaux personnages, et en en croisant d'anciens tout droit tirés du premier volet. Lady Vaudoo est là, tout comme le trio de pirates qui squatait l'île de Mélée, où encore Elaine, dont le père détenait un morceau de la carte. Plus vaste que son prédécesseur, le jeu nous offre encore plus d'événéments totalement invraisemblables tel que le bal costumé dans lequel Guybrush doit se rendre affublé d'un tutu rose. Il y a aussi la fameuse séquence où les parents du héros viennent le voir sous la forme de squelettes pour lui chanter une chanson, ou encore le concours de crachats, bien crade.
Mais il ne faut pas oublier que ce jeu est la suite du Secret de l'Ile au Singe et que le secret n'a toujours pas été dévoilé. LeChuck's Revenge se permet d'apporter quelques éléments nouveaux au mystère. Sombrant peu à peu dans une folie presque incontrôlable (la folie, pas le jeu), Monkey Island 2 distille des éléments de réponses, sans jamais être clair à ce sujet, jusqu'à la séquence finale, qui ne laisse plus vraiment de doute sur ce fameux secret, que nous garderons nous aussi secret. Toujours est-il que de nombreux joueurs seront restés sur leur séant à la fin du jeu, déroutante mais finalement pas si étrange quand on prend le temps de l'assimiler.
En ce qui concerne sa réalisation, Monkey Island 2 nous montrait des graphismes largement supérieurs à ceux du premier titre. Les décors étaient plus fournis, plus détaillés, plus colorés aussi. Les animations des personnages gagnaient quant à elles en fluidité, même si la version Amiga crachait ses tripes pour afficher tout ça (11 disquettes tout de même !). On pouvait aussi noter de réels progrès au niveau du son. Grâce au principe Imuse, les ambiances sonores parvenaient à s'enchaîner sans cassures et à instaurer des rythmes reggae tout au long du jeu. Le système de verbe en bas de l'écran n'avait pas bougé, mais l'inventaire était tout de même plus gai grâce à la présence d'objets dessinés et non plus seulement listés comme auparavant. Grâce à son scénario laissant plus de place à la folie de certains personnages, grâce aussi à sa durée de vie rallongée et à sa réalisation de haute volée, ce second épisode de Monkey Island reste très probablement comme l'un des plus appréciés des fans de la série. Si ce n'est LE plus apprécié. Assurément l'un des meilleurs jeux d'aventure.
Jihem