
Qui aurait cru que l’homme derrière Tesla et SpaceX avait débuté comme organisateur de boîtes de nuit improvisées ? Avant de rêver de conquête spatiale et de révolution des transports, Elon Musk avait déjà le sens des affaires… sur le campus de l’Université de Pennsylvanie pendant ses études entre 1992 et 1995.

La soirée clandestine la plus convoitée de Penn
Philadelphie, 1993. Sur le campus verdoyant de l’Université de Pennsylvanie, la nuit est tombée mais une maison victorienne s’illumine de mille feux. Des rythmes endiablés s’échappent des fenêtres vibrantes. Dehors, une file d’étudiants frissonnants attend impatiemment d’entrer. Bienvenue dans la pseudo-frat house la plus célèbre de Penn – la boîte de nuit clandestine d’Elon Musk et Adeo Ressi.
Dans l’embrasure de la porte, Elon Musk – 21 ans, étudiant en économie – tient la caisse. À ses côtés, son colocataire et complice Adeo Ressi arbore un large sourire. L’entrée coûte 5 $, une somme dérisoire pour une soirée open bar. Et ce soir encore, la vieille maison louée par les deux amis est prise d’assaut. On se bouscule pour avoir le droit de danser dans “le club de Musk”, devenu un secret de Polichinelle sur le campus. Certains soirs, jusqu’à 500 fêtards entassés font trembler le parquet. Le salon a été vidé de ses meubles pour faire piste de danse, un stroboscope improvisé clignote, et des packs de bière bon marché remplissent des baignoires transformées en glacières.
Une organisation bien rodée
Adeo, en parfait maître de cérémonie, motive tout le monde et s’assure que la fête bat son plein. Elon, lui, est plus réservé. D’un œil vigilant, il surveille que personne ne saccage rien – après tout, c’est chez lui ici. L’ironie veut que le coorganisateur des soirées soit lui-même peu fêtard. Certains soirs, alors que la fête battait son plein, Elon restait seul dans sa chambre pour jouer aux jeux vidéo casque sur la tête.
Alors pourquoi le futur homme le plus riche du monde s'est-il embarqué là dedans ? Puisqu'il semble mépriser l'alcool et la musique trop forte, ce premier business n'a, a priori, aucun sens. Pas besoin de réfléchir bien loin : si Elon Musk a participé à organiser des grosses soirées, c'est simplement parce qu'il y avait de l'argent facile à se faire. L’objectif pour Musk n’est pas tant de s’amuser que de financer son loyer et ses projets. « Quelqu’un devait bien rester sobre pendant ces soirées », plaisantera-t-il plus tard.
À l’aube, la maison est sans dessus dessous. Des gobelets en plastique rouge jonchent le sol collant, quelques âmes groggy émergent des canapés. Elon fait un rapide calcul mental en ramassant les déchets : les comptes sont bons, et aucun dégât sérieux à signaler. En une seule nuit, avec environ 500 entrées à 5 $, les deux compères peuvent couvrir le loyer mensuel de leur vieille maison d'un seul coup. La machine à cash fonctionne et tout le monde est gagnant : les étudiants ont leur night-club officieux, Elon a la tranquillité financière pour se concentrer sur ses études (et ses futures entreprises), Adeo profite de la vie universitaire à fond.
L’envers du décor : mythes et privilèges
À première vue, cette période bohème et entrepreneuriale dépeint un Elon Musk débrouillard, pragmatique, malin, ambitieux... vous voyez l'idée. Si l'on retrouve l'anecdote dans plusieurs biographies du personnage, ce n'est pas pour rien. Comme souvent, les récits des milliardaires sont maîtrisés. Ne vous y trompez pas : cette petite histoire est plus un "fun fact" à ressortir à vos amis en soirée qu'autre chose. Il serait maladroit d'en tirer de grandes leçons sur le personnage qu'est devenu Elon Musk aujourd'hui.
Aux États-Unis, le mythe du « self-made man » – le fameux rêve américain qui valorise la réussite individuelle à force de travail acharné – occulte souvent le fait que certains héritent de situations privilégiées. Musk ne fait pas exception : il a pu compter sur un contexte familial et des ressources considérables dès le départ. Alors, faut-il pour autant nier son talent ? Pas nécessairement. L'homme le plus riche du monde a forcément travaillé dur et trouvé pas mal de solutions créatives à ses problèmes pour en arriver là où il en est. Le fait est que ces facteurs ne doivent pas être considérés comme étant les seuls critères de la réussite économique du milliardaire.
- Miniature générée par IA
- Source principale : “Elon Musk: Tesla, SpaceX, and the Quest for a Fantastic Future” d'Ashlee Vance