Qu'est ce qu'un "génie" ?

Bien entendu, on ne tranchera pas cette question en deux paragraphes. Des tonnes de thèses de recherche sont consacrées à l'intelligence et les experts ont toujours du mal à bien cerner le truc.

De manière générale, retenez que la définition du génie varie en fonction de la personne à qui l'on pose la question et du contexte historique. Un prodige de la Renaissance ne serait pas nécessairement considéré comme tel au XXIᵉ siècle. Selon Craig Wright, docteur en histoire de la musique, qui a passé plus de deux décennies à étudier les personnes les plus brillantes de l'histoire, « un génie est une personne dotée de capacités mentales extraordinaires, dont les œuvres ou concepts originaux transforment la société de manière significative, en bien ou en mal, dans toutes les cultures et à travers le temps », comme il l’expliquait à la BBC.

Wright est professeur à l'université de Yale, où il enseigne le cours "Exploring the Nature of Genius" (Explorer la nature de la génialité). Il est également l’auteur du livre The Hidden Habits of Genius (Les habitudes secrètes des génies). Pour cet expert, « le quotient intellectuel et les notes académiques sont surestimés ». Alors où regarder ?

Dans son livre et ses différentes interventions, Wright met en lumière certaines habitudes que les personnes les plus intelligentes ont souvent, avec des explications scientifiques à l’appui. Cela ne signifie pas que l'absence de ces habitudes exclut l'intelligence, ni que leur présence en garantit une. Ceci étant dit, voici quatre comportements fréquemment observés chez les personnes à haut potentiel intellectuel :

1. Ils sont obsessionnels

Comme l’explique Wright dans son livre, le coup de génie n'existe pas. Il dit : « Le moment "eureka" est en réalité l'aboutissement d'une longue période de maturation cérébrale », c'est-à-dire le fruit d’un travail acharné motivé par une obsession tenace. Lors d’une interview à la BBC, Wright déclare : « La passion est un moteur qui se traduit par un travail intense, et cela peut aller de l’amour pour quelque chose à une véritable obsession. » C'est l'obsession qui pousse les individus exceptionnels à atteindre des sommets.

Wright critique également les parents qui forcent leurs enfants à se spécialiser dans une activité dans l’espoir qu’ils deviennent, par exemple, le meilleur nageur olympique ou le prochain prix Nobel de physique. En version plus contemporaine, vous avez peut-être entendu parlé de ces papas qui appellent leurs propres fils des "projets Mbappé". La science est formelle : ça craint.

Dans un chapitre de son livre, Wright illustre cette idée à travers la fable du renard et du hérisson : le renard connaît beaucoup de choses différentes, tandis que le hérisson excelle dans un seul domaine. « La plupart des génies ont une pensée latérale : ils perçoivent simultanément différentes choses grâce à leur richesse d’expériences et peuvent ainsi combiner des éléments qu’un esprit plus linéaire ne verrait pas comme compatibles. » Encourager des passions variées est donc souvent la meilleure voie pour exceller dans un domaine particulier.

2. Ils se rongent les ongles

L’onychophagie, ou le fait de se ronger les ongles de façon chronique, est considérée comme un trouble pathologique lié à l’anxiété, selon Psychology Today. Ce comportement, bien qu’associé à la nervosité, pourrait aussi être un signe de perfectionnisme selon cette étude. Un perfectionnisme qui, d'après Sylvia Sastre-Riba, professeure de développement cognitif à l’Université Internationale de La Rioja (UNIR), contribue souvent à l'excellence chez les personnes très intelligentes.

« Tout le monde comprend que la motivation est essentielle pour développer son potentiel, mais l’idée que le perfectionnisme joue un rôle clé dans la transformation d’une simple graine en un arbre mature reste sous-estimée », explique-t-elle. Le perfectionnisme, en tant que concept psychologique, est donc lié à l’excellence et constitue une expression optimale des capacités intellectuelles élevées.

Se ronger les ongles peut également être une forme d’auto-stimulation, permettant de se concentrer et de canaliser son énergie mentale, ce qui favorise parfois la créativité. Toutefois, ce comportement peut également être lié à des troubles comme le TDAH, les troubles anxieux ou les tics, selon les experts.

3. Ils préfèrent travailler seuls

Plusieurs papiers de recherche montrent que les personnes à haut potentiel intellectuel ont souvent une sensibilité accrue aux stimuli sensoriels. Cette caractéristique, selon une étude de l’Institut Karolinska en Suède, pourrait expliquer pourquoi elles se sentent souvent submergées par des bruits forts, des lumières vives ou des foules, et pourquoi elles choisissent fréquemment de travailler seules dans des environnements calmes.

L’étude suggère que les individus plus intelligents traitent l’information sensorielle de manière plus approfondie, ce qui peut être une force, mais aussi une source de stress dans des contextes peu adaptés à leur sensibilité.

4. Ils parlent seuls

Albert Einstein avait l’habitude de répéter ses phrases à haute voix, et ce comportement est fréquent chez les génies. Parler seul pourrait refléter des compétences avancées en matière de pensée, de mémoire et de perception, selon une étude des universités du Wisconsin et de Pennsylvanie.

L’étude a montré que les participants parvenaient mieux à trouver ou mémoriser des objets lorsqu’ils disaient leur nom à haute voix. Cela active les propriétés visuelles associées à ces objets dans le cerveau, facilitant leur localisation.

En psychologie, ce phénomène est appelé « discours autodirigé » ou « discours privé ». Selon les experts d’Élice Psychologie, ce type de dialogue interne aide à organiser les pensées, renforce la mémoire, clarifie les objectifs, améliore le processus de réflexion et peut également motiver. Un dialogue intérieur positif agit même comme un boost pour l’estime de soi.