Le compteur Linky a beau être intelligent et connecté, il n’est pas inviolable pour autant : face à de très nombreux actes de fraude destinés à faire baisser le montant des factures d’électricité, Enedis, gestionnaire du réseau, a décidé de durcir le ton.
L’actualité autour des compteurs connectés Linky n’est pas particulièrement au beau fixe : alors qu’Enedis a récemment décidé de taxer sans négociation les foyers français qui refusent toujours de s’équiper du fameux compteur jaune fluo, le gestionnaire du réseau de distribution d’électricité français doit désormais s’attaquer à un nouveau problème. Et pas des moindres : il s’agit de celui des fraudeurs, qui ont trouvé différents moyens de ne pas payer toute l’électricité qu’ils consomment.
Snapchat, Telegram et imprimante 3D, les armes des fraudeurs
Les méthodes qui permettent de « pirater » un compteur Linky ne sont pas forcément à la portée de tout le monde. Mais comme souvent, des fraudeurs s’en sont fait une spécialité sur les plateformes de communication comme Snapchat ou Telegram. Il ne faut que 2 minutes à une personne expérimentée pour trafiquer un compteur Linky en l’ouvrant et en y plaçant un système de dérivation. Cependant, pour procéder ainsi, il faut briser le scellé mis en place par le technicien d’Enedis au moment de l’installation. Pas de problème : une imprimante 3D suffit à en fabriquer un nouveau. Certains fraudeurs en ont même des authentiques, volés chez Enedis.
La manipulation est généralement facturée quelques centaines d’euros. Mais comme elle permet de limiter fortement la détection de la consommation électrique du logement, donc le montant de la facture peut chuter de 75%. Pas étonnant que certains se laissent séduire par cette pratique aussi dangereuse qu’illégale.
Un délit passible de 10 ans de prison
Enedis tire la sonnette d’alarme pour deux raisons. La première est liée à la sécurité du réseau électrique et des logements qui utilisent ces méthodes de fraude : « La modification non conforme d’une installation électrique présente un risque sérieux pour la sécurité des biens et des personnes, tant pour les clients que pour les techniciens intervenant sur les installations », souligne le gestionnaire. La deuxième est financière, puisque l’électricité consommée doit forcément être payée par quelqu’un, et cette fraude massive représente donc « un surcoût financier pour l’ensemble des clients ».
Et si ces différents points n’alertent pas les fraudeurs, il faut également savoir que trafiquer un compteur Linky est passible d’une amende qui peut monter jusqu’à un million d’euros ainsi que d’une peine de prison pouvant monter jusqu’à 10 ans. Il s’agit de la peine maximale qui pourrait surtout viser les gros trafiquants, mais les particuliers qui s’adonnent à ces démarches illégales pourraient tout de même recevoir une amende salée.
Enedis affirme avoir déjà répertorié plusieurs milliers de cas de compteurs trafiqués. Il faut dire que l’identification n’est pas particulièrement compliquée : il suffit, bien souvent, de constater une chute drastique et inexpliquée de la consommation électrique d’un foyer. Pas la fraude la plus discrète, en somme…