À l'occasion de la sortie de Killers of the Flower Moon l'an passé, Martin Scorsese a pu évoquer l'un des plus grands film hollywoodiens, une référence qui selon lui a inspiré la génération dorée dont le cinéaste fait partie.
Une référence américaine
Martin Scorsese fait partie de cette génération dorée de cinéastes émergents à la fin des années 70 qui ont marqué la naissance du Nouvel Hollywood. Cinéaste cinéphile au même titre que son ami Steven Spielberg, Scorsese évoque souvent ses influences et partage également tout son savoir cinématographique. L'an passé, à l'occasion de la sortie de son film Killers of the Flower Moon, le réalisateur a notamment cité un film en particulier qui aurait justement marqué toute cette génération : La prisonnière du désert, un western sorti en 1956 réalisé par John Ford avec John Wayne en tête d'affiche. Et si Scorsese évoque ce long-métrage qui est "une inspiration" pour tous les cinéastes de cette époque bénie, c'est parce qu'il a décidé d'extraire toute la haine du protagoniste pour l'insuffler au sein de ses différents personnages.
Une inspiration prégnante
Avec Killers of the Flower Moon, Scorsese a décidé de mettre en scène toute la perfidie d'hommes avides de richesse et de pouvoir qui s'en prennent aux Osage, une tribu amérindienne. Pour y parvenir, le cinéaste a justement puisé dans les westerns hollywoodiens et dans la prisonnière du désert, film auquel il a même emprunté une réplique.
La nature de la colère, de la haine et du racisme d’Ethan Edwards est si profonde dans ce film que c’est choquant. C’est un film choquant. Et il a eu une énorme influence sur nous tous. (...) Le grand problème de ce film, la raison pour laquelle nous le regardons à plusieurs reprises, au-delà de la poésie qu’il contient, c’est Ethan Edwards et la profondeur de sa colère et de sa haine, c'est ce qui est fascinant. Au point que nous sommes stupéfaits lorsqu’ils trouvent l’Amérindien enterré et qu’ils lui retirent la pierre, et qu’il est étendu là, mort. Et soudain, Ethan Edwards, sur son cheval, fait tournoyer son arme et lui tire une balle dans la tête.
Le cinéaste, qui s'est toujours interrogé sur la complexité de la morale et a constamment façonné des personnages ambivalents, voit en Ethan Edwards - le protagoniste de la prisonnière du désert - un personnage plein de haine qui incarnait en son temps une Amérique vieillissante, mais bien réelle.
Cette profondeur de haine, de racisme, est là. Et c’est l’histoire américaine, le film, de cette façon. (...) Ce personnage a tout son sens dans l’Amérique d’après-guerre. Et qu’essayaient-ils de nous dire avec cette histoire, en VistaVision, en grand écran et en Technicolor ? Il est tellement rempli de haine qu'il doit finalement partir et ne peut plus faire partie de la communauté, parce que l'Amérique doit changer. Et je pense que c'est une bonne façon de voir les choses, et une façon positive.
Au vu du portrait du personnage que dresse le cinéaste et la morale qu'il choisit de voir dans ce film, il paraît clair maintenant que La prisonnière du désert est l'une des principales inspirations de Scorsese pour Killers of the Flower Moon, mais aussi pour l'ensemble de sa carrière. Si vous avez manqué ce rendez-vous en salles l'an passé, sachez que Killers of the Flower Moon est disponible dès maintenant sur Canal +.