Sam Altma, PDG d’OpenAI, cherche depuis des années un moyen de réduire l’impact de l’IA sur l’économie et la société. Le revenu de base universel pourrait être la réponse
Le revenu de base universel : une solution à l'ère de l'automatisation ?
Notre société actuelle repose sur un échange fondamental : nous mettons nos compétences et notre temps au service d'un travail rémunéré, et en échange, nous accédons à des biens et services qui améliorent notre qualité de vie. Mais qu'adviendrait-il si ce système venait à s'effondrer, si les machines et l'intelligence artificielle (IA) devenaient capables d'accomplir la plupart des tâches que nous effectuons aujourd'hui ?
C'est cette question cruciale pour l'avenir de l'humanité que s'est posée Sam Altman, PDG d'OpenAI, et l'une des solutions envisagées est le revenu de base universel (RBU). Menée par OpenResearch et financée par Altman lui-même, une étude inédite sur huit ans a cherché à comprendre les effets d'un versement mensuel d'une somme d'argent à tous les participants, sans condition d'emploi.
Si le concept du RBU existe depuis plusieurs décennies, il a gagné en importance ces dernières années, porté par des figures influentes de la Silicon Valley comme Sam Altman et Elon Musk. Ces derniers y voient une solution potentielle au chômage de masse que pourraient engendrer l'automatisation et les progrès de l'IA.
Dès 2014, Sam Altman publiait sur le blog de Y Combinator un plaidoyer pour la mise en place de ces revenus récurrents : "Nous aimerions financer une étude sur le revenu de base. Je suis intrigué par l'idée RBU depuis un moment, et bien qu'il y ait eu beaucoup de discussions, il y a très peu de données sur la façon dont cela fonctionnerait." Elon Musk, quant à lui, affirmait lors d'une interview pour CNBC en 2016 : "Cela va être nécessaire. Il y aura de moins en moins de tâches qu'un robot ne pourra pas faire mieux qu'un humain."
45 millions de dollars versés pour une étude inédite
Afin de mener une étude aussi rigoureuse et impartiale que possible, OpenResearch a sélectionné 3 000 participants résidant dans les États du Texas et de l'Illinois, issus de milieux socio-économiques variés et dont les revenus étaient inférieurs à 28 000 dollars annuels. Un tiers d'entre eux a reçu 1 000 dollars par mois pendant trois ans, sans aucune condition, tandis que le groupe témoin a perçu 50 dollars par mois.
Au total, 45 millions de dollars ont été distribués, dont 14 provenaient directement d'Altman lui-même. Ce dernier s'est également chargé de lever 60 millions de dollars supplémentaires pour financer le versement des aides et l'étude en elle-même, dirigée par la chercheuse Elizabeth Rhodes, directrice de recherche chez OpenResearch.
Les données de l'étude OpenResearch révèlent que les bénéficiaires des paiements de 1 000 dollars par mois ont effectivement augmenté leurs dépenses mensuelles d'environ 310 dollars. Cette augmentation a toutefois été principalement consacrée à des besoins essentiels tels que l'alimentation, le loyer ou les transports. Fait notable, les membres de ce groupe ont également montré une plus grande propension à aider les personnes dans le besoin que ceux du groupe témoin.
Sur le plan de la santé mentale, les chercheurs n'ont trouvé "aucune preuve directe d'un meilleur accès aux soins de santé ou d'une amélioration de la santé physique et mentale" chez les bénéficiaires du RBU. Ils ont toutefois observé "des réductions significatives du stress, de la détresse mentale et de l'insécurité alimentaire au cours de la première année du programme, ces effets s'estompant cependant au cours des deuxième et troisième années." Les chercheurs soulignent également que "l'argent liquide ne peut à lui seul résoudre des problèmes tels que les problèmes de santé chroniques, le manque de services de garde d'enfants ou le coût élevé de l'accès au logement."
Enfin, le RBU apparaît comme une solution de subsistance pour les individus risquant d'être exclus du marché du travail en raison de l'automatisation et de l'IA, permettant à la valeur ajoutée générée par ces technologies de subvenir aux besoins des personnes qu'elles remplacent.
Jaron Lanier, informaticien et pionnier de la réalité virtuelle, se montre cependant très critique vis-à-vis du RBU. Dans une interview accordée au Guardian, il explique notamment que le revenu de base universel éveillerait un sentiment de détachement chez ceux qui perçoivent ce revenu sans travailler.