Les fans de City Hunter ne comptent plus les adaptations en prises de vues réelles du plus iconique des nettoyeurs japonais. Six ans après la tentative “louable” de Philippe Lacheau, Nicky Larson reprend du service, non pas au cinéma, mais sur Netflix le temps d’un long-métrage qui revient aux origines de ce personnage iconique de la culture populaire. Mission réussie pour Ryo Saeba ?
Tout savoir sur le film Netflix "Nicky Larson"
City Hunter est à l’origine un manga écrit et dessiné par Tsukasa Hojo, et prépublié entre 1985 et 1991 dans le magazine Weekly Shonen Jump aux éditions Shueisha. Riche de 35 tomes, le manga est adapté en anime dès 1987. En France, la série animée qui est diffusée sur le Club Dorothée devient rapidement célèbre pour ses doublages et sa censure qui dénaturent la saga nippone, mais rendent paradoxalement culte cette version “Made in France”.
Le film de Philippe Lacheau est d’ailleurs une adaptation de Nicky Larson - nom français de l’anime - et non de City Hunter. En effet, le cinéma français s’empare en 2018 de cette légende du manga et de l’animation japonaise avec plus ou moins de réussite. Salué pour son ton et sa propension à rester fidèle au matériau source malgré un changement de cadre évident (la France), Nicky Larson réalisé par Philippe Lacheau contente les fans à défaut de transcender l'œuvre “papier” et animée.
En 2024, les japonais reprennent le contrôle de leur franchise phare et se tournent vers Netflix pour produire un nouveau film. Réalisé par Yûichi Satô (Kasane, Kisagari, We Love) et scénarisé par Tatsuro Mishima (Yu Yu Hakusho), City Hunter est une comédie d’action se fixant pour principal objectif d’adapter les premiers tomes du manga tout en modernisant la saga sur certains points... dont l'humour qui tape souvent sous la ceinture.
Le synopsis du film Nicky Larson : Nicky Larson (Ryo Saeba), un redoutable nettoyeur tokyoïte connu sous le nom de City Hunter, est engagé par une mystérieuse femme pour retrouver sa jeune soeur disparue. Aidé par son acolyte Tony Marconi (Hideyuki Makimura), il se lance dans une course contre la montre pour sauver l’adolescente prise pour cible par une organisation criminelle. Derrière une simple affaire de fugue se cache un vaste complot aux retombées sanglantes.
Le casting du film Nicky Larson : Ryohei Suzuki (HK : Hentai Kamen - Abnormal Crisis), Misato Morita (Missing, Ikenie no dilemma), Masanobu Andô (Battle Royale, Sukiyaki Western Django), Asuka Hanamura (Radiation House), Fumino Kimura (The Fable: The Killer Who Doesn't Kill), Isao Hashizume (Le conte de la princesse Kaguya, Space Battleship)
Nicky Larson (City Hunter) sort le 25 avril 2024 en exclusivité sur Netflix.
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Une adaptation (trop) fidèle
Je suis un enfant de la génération Club Dorothée / Midi les Zouzous. Né en 1986, j’ai naturellement grandi en regardant Dragon Ball, Les Chevaliers du Zodiaque (Saint Seiya), Olive et Tom (Captain Tsubasa), Sailor Moon, Ranma 1/2 et bien entendu Nicky Larson (City Hunter). Bambin, je n’avais aucunement conscience que je regardais une version “wish” et édulcorée d’un anime bien plus irrévérencieux et “coquin” par essence. Je n’ai découvert le vrai City Hunter que bien des années plus tard, et ce fut une petite révolution pour moi.
Je ne suis donc pas un grand fan du film réalisé par Philippe Lacheau qui ne démérite pas, mais qui s’intéresse bien plus à Nicky Larson qu’à City Hunter de par la nature du projet... Une hérésie pour le fan que je suis. J’ai donc accueilli ce nouveau projet d'adaptation 100% japonais, qui plus est porté par une équipe créative investie, avec une joie non dissimulée. Le réalisateur et le scénariste ne sont en rien des débutants, et il en va de même pour les acteurs et actrices qui délivrent des performances dignes des personnages autrefois animés qu'ils incarnent désormais.
Ryohei Suzuki se voit confier la partition la plus difficile et son interprétation de Ryo Seaba tient (presque) du génie. Il joue les équilibristes entre humour potache et séquences stylisées à l’excès avec un talent certain, et porte à l’écran ce porte-étendard de la pop-culture japonaise sans que l’expérience cinématographique ne devienne “cringe”. Les autres acteurs et actrices, exception faite du méchant de l’histoire qui peine à se démarquer, donnent parfaitement la réplique au nettoyeur tokyoïte.
Ils parviennent par leurs mimiques et leur tempo comique à retrouver ce ton si singulier qui faisait de l’anime (et du manga) une aventure sans égale dans le paysage télévisuel de la fin des années 80. Je dois admettre que je craignais la censure, surtout pour tout ce qui touche à la dimension perverse de Ryo Saeba, et je fus agréablement surpris par le film. Le City Hunter de 2024 demeure envers et contre tout ce pervers au grand cœur capable des pires facéties à la seule vue d’un décolleté ou d’une cuisse. Les scènes de la “danse de la banane” et du show Cosplay impliquant un “cheval” valent le coup d'oeil. Elles m'ont fait mourir de rire.
Si l’humour est parfaitement dosé, l’action peine à toucher sa cible (à la différence de Ryo Saeba). Seule la première séquence face à de multiples sbires tire son épingle du jeu et propose son lot de moments “Over the Top” dignes de l’anime. Pour le reste, Nicky Larson ne s'impose jamais avec style. Le montage cut et le manque d’originalité rendent ces instants quelconque… Un comble quand "la justice qui s’appelle Nicky". Enfin, le film de Yûichi Satô souffre du syndrôme de “l”affaire de la semaine”. Nicky Larson par bien des aspects est bien moins un long-métrage qu’un épisode étiré sur 104 minutes sans que cela ne vienne ruiner son visionnage.
City Hunter plaira aux fans de l’anime et à tous ceux désireux de retrouver Nicky Larson en 2024. Loin d’être parfait (rien ne l’est en ce bas monde), cet Original Netflix respecte l'œuvre originale et en offre une vision “entre tradition et modernité” à l’image du Japon et de sa culture.