Selon un psychiatre allemand, les personnes qui passent énormément de temps devant leurs écrans et qui abusent des médias numériques s’exposent à des gros problèmes cognitifs. Et cela porte un nom : la « démence numérique ».
Le fait que l’abus d’écran puisse entraîner des désordres cognitifs n’est pas spécialement nouveau : on peut notamment le voir lorsque de jeunes enfants sont exposés trop tôt à la TV, à la tablette ou encore au smartphone. Mais il ne faut pas croire que les effets ne se font pas ressentir sur les utilisateurs plus âgés.
Manfred Spitzer est le chef de la clinique psychiatrique universitaire d’Ulm, en Allemagne. Cela fait déjà de longues années qu’il étudie les conséquences d’une surexposition aux écrans. Dès 2012, il s’expliquait dans un livre : « Il y a cinq ans, des médecins en Corée du Sud ont indiqué enregistrer, chez les jeunes adultes, une fréquence croissante des troubles de la mémoire, de l’attention, de la concentration, ainsi qu’une augmentation des états d’émotions atténués et d’abrutissement global. Ils ont nommé ce syndrome “démence digitale” ». Démence Digitale est d’ailleurs le titre de son ouvrage.
Une théorie décriée, mais…
Il faut préciser qu’à la sortie du livre de Manfred Spitzer, ce dernier a été critiqué par de nombreux observateurs, qui jugeaient certains de ses arguments « superficiels » et basés sur « des études rouillées », comme l’expliquait à l’époque le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung. Par ailleurs, la fameuse « démence digitale » ou « démence numérique » n’a pas de fondement scientifique : il ne s’agit que d’un concept.
Mais cela ne signifie pas qu’il n’existe pas un syndrome de ce type. Il est avéré qu’un abus d’écran peut entraîner différents effets, comme une altération de la mémoire à court terme, une difficulté à être multitâches ou encore à se rappeler de certains mots. Autant de symptômes que l’on retrouve dans certains cas de démence, d’où l’expression utilisée par Manfred Spitzer, et régulièrement jugée abusive.
En somme, il faut peser les mots qui sont utilisés pour désigner les problèmes liés à l’abus d’écran. Mais il ne faut pas non plus oublier que les écrits du psychiatre datent de 2012 et qu’en 13 ans, beaucoup de choses ont changé. On peut d’ailleurs souligner que lorsqu’il estime que l’usage intensif d’Internet évite d’avoir à « emmagasiner » de l’information dans notre cerveau, il émet une critique que beaucoup font, aujourd’hui, à l’égard des intelligences artificielles. Tout cela ressemble à un éternel recommencement…
Un usage régulier d’Internet peut avoir du bon
Notons enfin que certaines études contredisent ces constats. En 2023, le site Psypost publiait les résultats d’une expérience menée par le Journal of the American Geriatrics Society. L’étude en question a démontré que dans un groupe composé de personnes âgées, celles qui avaient une utilisation régulière d’Internet avaient deux fois moins de risque de développer une démence que les autres.
Ainsi, l’étude démontre tout le contraire de l’analyse de Manfred Spitzer… Tout du moins, sur une catégorie d’âge spécifique, à savoir celle des seniors. Mais cela tend tout de même à prouver qu’il ne faut pas stigmatiser les écrans : l’idéal serait plutôt d’en faire un meilleur usage, et surtout, de ne pas en abuser. Plus facile à dire qu’à faire, on en convient.