Peut-on dissocier l'œuvre de l’intelligence artificielle ? Sur les réseaux sociaux, l’utilisation de l’IA dans un film provoque la colère de certains passionnés.
Le diable est dans le détail… de l’IA
Le sujet de l’intelligence artificielle dans les longs-métrages et dans les séries télévisées est un sujet brûlant à Hollywood, surtout depuis la récente grève des acteurs et des scénaristes. Ces derniers ont réussi à imposer leurs revendications après un long bras de fer contre les studios. Les nouveaux accords stipulent que le contenu généré par l'IA ne peut pas être utilisé pour miner le crédit d'un scénariste, tandis que l’IA pour reproduire l'image d'un acteur doit être soumise à des directives de consentement et de rémunération. Tout est bien qui finit bien ? Presque.
Un film d’horreur est en train de faire couler beaucoup d’encre. Late Night With the Devil, réalisé par les frères australiens Cameron et Colin Cairnes, compte dans son contenu des images générées par de l’IA, directement intégrées dans le long-métrage. Malgré leur présence relativement courte à l’écran, elles ont choqué une partie des fans de cinéma qui l’ont fait savoir sur X/Twitter. “Nombreux sont ceux qui disent que ‘c'est juste 3 images IA, c'est quoi le problème ?’. Le problème, c'est que l'on commence toujours par de petites images (...) afin de réduire les coûts et de diminuer la rémunération des artistes. Des gestes anodins pour payer moins les gens pour leur travail” s’indigne un utilisateur. Sur Letterboxd, un autre spectateur dit “ne pas pouvoir profiter des performances étonnantes et de la fin intelligente” du film à cause de cette histoire d’IA.
Many chiming in on Late Night With the Devil with variations of “it’s just 3 AI images, what’s the big deal?”
— Matt Bellissimo (@MattBellissimo) March 21, 2024
The big deal is that it always starts with small images and TV show intros to cut corners and undercut artists. Innocuous moves to pay people less for work. pic.twitter.com/K8jvFEyTjb
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“En collaboration avec notre formidable équipe de graphistes”
Sur Internet, les commentaires négatifs deviennent rapidement visibles. “Mon petit cœur s'est brisé en regardant Late Night With the Devil ce soir, en voyant qu'ils ont utilisé l'art de l'IA” lit-on. Face à la grogne grandissante, les réalisateurs ont choisi les colonnes de Variety pour clarifier la situation. “En collaboration avec notre formidable équipe de graphistes et de concepteurs de production, qui ont tous travaillé sans relâche pour donner à ce film l'esthétique des années 70 que nous avions toujours imaginée, nous avons expérimenté l'IA pour trois images fixes que nous avons ensuite montées et qui apparaissent finalement comme de très brefs interstitiels dans le film” déclarent-ils. Avant d’ajouter : “nous nous estimons extrêmement chanceux d'avoir pu compter sur des acteurs, une équipe et une équipe de production aussi talentueux et passionnés, qui se sont surpassés pour nous aider à donner vie à ce film. Nous avons hâte que tout le monde puisse le voir de ses propres yeux”.
Late Night With the Devil raconte l’histoire de Jack Delroy (interprété par David Dastmalchian), un animateur de talk-show, qui cherche ce qui permettra à son émission d’écraser les autres. Le soir d’Halloween, les choses dérapent sur le plateau quand les caméras capturent un incident satanique en plein direct. Malgré la houle causée par cette histoire d’IA, les retours sont très bons : Late Night With the Devil décroche en effet un 96 % sur Rotten Tomatos, avec un score du public s’élevant à 83 %.