J’ai grandi en regardant TF1, France 5 et M6. A bien des égards, les émissions Club Dorothée, Midi Les zouzous et M6 Kid furent des baby-sitters attentionnés toujours prompts à enjailler mes mercredis confortablement posé dans mon canapé. Je fus particulièrement marqué comme beaucoup de bambins de mon âge par les séries animées japonaises, et même si je conserve un amour presque transi pour Dragon Ball, Saint Seiya, Sailor Moon et Captain Tsubasa, je me suis fait une raison. Après 650 animes et 5000 épisodes, je peux l’affirmer sans trembler. Ce ne sont pas les meilleurs animes de tous les temps.
Ma vie en anime
Je regarde des animes depuis mes 6 ans à quelques mois près, mes souvenirs étant forcément flous concernant cette période de ma vie. Cela fait donc 32 ans (je suis né en 1986) que je suis avec plus ou moins d’assiduité l’actualité autour des animes. Depuis mon arrivée chez JV, ma passion pour la japanimation n’a fait que se renforcer et gagner en vigueur, et les chiffres de MyAnimeList parlent pour moi. Selon ce réseau social spécialisé dans les animes, j’ai passé 98,1 jours de ma vie devant une série animée ou un film d’animation japonais (ou chinois).
Mon profil MAL revendique le 13 mars 2024 près de 5000 épisodes regardés (4893 pour être précis) répartis sur 386 séries animées terminées, 28 en cours, 20 en pause et 215 abandonnées. J’ai donc une vision, certes non exhaustive, mais assez précise de la japanimation entre le milieu des années 80 et aujourd’hui (mars 2024). Mon cœur balance entre plusieurs animes qui ont bercé mon enfance et ceux plus récents qui ont marqué l’Histoire de ce média. Toutefois, je dois vous confesser une chose. Je suis un éternel nostalgique et mon choix reflète cette tendance. Ma série animée et mon film d’animation préférés datent respectivement de 1995 et 1988.
Statistiques et classement MyAnimeList (13 mars 2024)
Ma meilleure série animée de tous les temps
Le TOP 3 des meilleures séries animées de tous les temps est occupé sur MyAnimeList par Frieren (Sousou no Frieren), Fullmetal Alchemist : Brotherhood, et Steins;Gate. Bien que je comprenne l’engouement autour de ces animes que j’apprécie énormément, je suis en désaccord avec ce classement. Mon anime favori se hisse difficilement à la 213e place alors qu’il a révolutionné l’animation japonaise à sa sortie en 1995. Je veux bien entendu parler de Neon Genesis Evangelion réalisé par Hideaki Anno et produit par les studios Gainax.
Il faut bien comprendre que cet anime a créé un précédent au sein d’une industrie nippone encore jeune. Première différence et non des moindres avec la concurrence, Shinseiki Evangelion de son titre japonais est une création originale et non l’adaptation d’un manga préexistant. Puis Neon Genesis Evangelion sort à une période charnière de la japanimation qui connaît un ralentissement significatif suite au crash économique qui a frappé le Japon dans les années 80. La création de Hideaki Anno prouve alors qu’un anime peut être lucratif tout en étant profondément personnel et réalisé avec talent.
Neon Genesis Evangelion installe surtout plusieurs archétypes de personnages qui encore aujourd’hui peuplent les productions japonaises modernes. A titre d'exemple, Asuka est la première tsundere de l'histoire de la japanimation. De plus, le fameux triangle amoureux poncé jusqu’à l’os au cours des trois dernières décennies est né des relations complexes tissées entre Shinji Ikari, Rei Ayanami et Asuka Langley Soryu tout au long des 26 épisodes que comptent la série animée. D’ailleurs, cette structure a été reprise par tous les studios au point de devenir une norme sur l’archipel.
Evangelion est la raison pour laquelle bon nombre d’animes développent leur intrigue sur 24 épisodes (ou 12 épisodes) tandis que leur diffusion coïncide avec les “saisons” (hiver, printemps, été, automne). Au-delà de ces raisons purement factuelles, Neon Genesis Evangelion est un pur chef d'œuvre prouvant que l'animation n’a rien à envier aux productions en prises de vues réelles. Au contraire, elle transcende les limites d’un monde physique entravé par des lois. Shinji pleure à chaudes larmes et moi avec face à un anime qui est la parfaite synthèse de tout ce que la science-fiction a à offrir, et bien plus encore.
La saga Neon Genesis Evangelion est disponible sur Netflix :
- Neon Genesis Evangelion
- The End of Evangelion
- Evangelion Death (True)2
Le remake Rebuild of Evangelion est disponible sur Prime Video :
- Evangelion : 1.11 You are (not) alone
- Evangelion : 2.22 You can (not) advance
- Evangelion : 3.33 You can (not) redo
- Evangelion : 3.0 + 1.01 Thrice Upon a Time
Voir Rebuild of Evangelion sur Amazon Prime Video
Mon meilleur film d'animation de tous les temps
Le premier film d’animation japonais (non lié à une série) se hisse à la 17e place du classement MyAnimeList des meilleurs animes de tous les temps, ce qui me paraît fort surprenant. Je saisis l’attirance des fans pour une série animée qui de par son format exige d'eux bien plus de temps et fait donc naître un attachement plus fort. Cependant, voir A Silent Voice (Koe no Katachi) si bas est un crève-cœur, sans même mentionner la 412e place du long-métrage animé que je considère comme le meilleur de tous les temps.
Adapté du manga éponyme écrit et illustré par Katsuhiro Otomo, Akira sort en 1988 au Japon et marque de facto un tournant majeur dans la japanimation et dans l’industrie cinématographique au sens large. C'est un fait indéniable. Il y a un avant et un après Akira. Le genre de la science-fiction lui-même est transformé à jamais alors que le cyberpunk devient un véritable phénomène à travers le monde. Ce mouvement encore balbutiant s’installe comme un sous-genre majeur de la SF introduit en occident par Blade Runner de Ridley Scott en 1982 et Neuromancien de William Gibson en 1984, et au Japon par Akira en 1988.
Akira est une prouesse visuelle et technique qui encore aujourd’hui met à l’amende certains films produits avec des outils modernes, l’assistance par ordinateur en tête. En 1988, c’était tout simplement du “jamais vu”, et ce sentiment reste encore vivace 36 ans après sa sortie au cinéma. La mise en scène ne trouve pas son pareil en 2024 et se met au service d’une histoire intemporelle. Les thématiques abordées dans Akira font écho avec celles d’un XXIe siècle empêtré dans les luttes de classe, la quête de pouvoir des Hommes politiques et la course aveugle au progrès technologique.
Le film réalisé par le mangaka Katsuhiro Otomo en personne est à l’origine de l’expansion en occident, et notamment en France, de la culture japonaise et a pavé la voie pour l’arrivée en force des animes. L’influence des aventures de Shōtarō Kaneda et Tetsuo Shima n’est plus à prouver. Akira fut l’une des visions de science-fiction les plus importantes de son époque au même titre que 2001, l’odyssée de l’espace (1968) de Stanley Kubrick. Sans Akira, le film Ghost in the Shell réalisé par Mamoru Oshii en 1995 n’aurait jamais vu le jour… du moins pas sous la forme que nous lui connaissons.
Le film Akira est disponible sur Netflix
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