L’intelligence artificielle continue de s’immiscer dans le quotidien de tout le monde, parfois de manière un peu intrusive. La preuve, avec le test réalisé le mois prochain par la ville de Paris au niveau de sa vidéosurveillance.
En Chine, la vidéo surveillance à base d’intelligence artificielle est en place depuis plusieurs années déjà : elle permet notamment aux autorités d’effectuer une reconnaissance faciale approfondie des usagers, et dans un pays qui cherche à « noter » ses citoyens façon Black Mirror, cette démarche fait froid dans le dos.
Paris marche-t-elle dans les traces de Pékin ? On peut le dire, puisque la capitale française accueillera les Jeux olympiques d’été dans quelques mois, à l’instar de la capitale chinoise qui a eu cet honneur en 2008. Mais c’est aussi le cas en ce qui concerne la vidéosurveillance boostée à l’IA.
Des caméras de surveillance algorithmiques à Paris
Les 3 et 5 mars prochains, un ensemble de six caméras algorithmiques va être testé à l’Arena de Bercy, dans le cas des deux concerts du groupe Depeche Mode. Ces caméras sont dotées du logiciel Wintics, développé par une start-up parisienne : il permet de détecter huit types d’événements différents, à savoir le non-respect du sens de circulation, le franchissement d’une zone interdite, la présence ou l’utilisation d’une arme, un départ de feu, un mouvement de foule, une personne au sol, une densité trop importante ou un colis abandonné.
Ici, il n’est donc pas question d’utiliser de la reconnaissance faciale, mais d’effectuer une reconnaissance de situation pour favoriser une intervention rapide en cas de besoin. Cependant, dans l’immédiat, il s’agit d’un test. Interrogée par BFM TV, la préfecture de Paris a expliqué que « les caméras ne seront pas utilisées pour “détecter des événements” ni pour “des interpellations”, mais pour “tester et paramétrer les solutions logicielles” dans des conditions réelles ».
Un test autorisé dans le cadre d’une loi
En pratique, cependant, le test de ces caméras de surveillance dotées d’une intelligence artificielle a été rendu possible par un vote réalisé dans le cadre de la loi relative aux jeux olympiques et paralympiques de 2024. Dans le communiqué publié à ce sujet l’année dernière, on peut lire que « le texte met en place une expérimentation permettant l’utilisation de la “vidéo protection intelligente”. Celle-ci, assistée par l’intelligence artificielle, permettra aux opérateurs de la sécurité d’effectuer un contrôle dans les enceintes sportives, à leurs abords ainsi que dans les transports en commun. »
À quelques mois des JO, les tests vont donc clairement se multiplier. D’autres sont d’ores et déjà prévus en partenariat avec la SNCF et la RATP « à l’intérieur et autour des gares à l’occasion d’événements précis ».
On peut s’attendre que la vidéosurveillance boostée à l’intelligence artificielle s’installe dans les sites les plus importants des JO de Paris 2024. Le ministère de l’Intérieur s’attend à « des contentieux », mais « reste serein ». On n’a probablement pas fini d’en entendre parler dans les mois à venir.