Avec la sortie récente de Prince of Persia The Lost Crown, qui a fait l’objet d’un accueil critique très favorable, le genre du metroidvania est toujours autant d’actualité. Ce savant mélange d’action, d'aventure et de plateforme est né de la rencontre de Super Metroid et de Castlevania : Symphony of the Night, deux classiques du jeu vidéo sortis dans les années 1990. Il se compose de plusieurs critères : une expérience “vue de côté”, l’exploration d’un monde aux zones interconnectées et l’acquisition de pouvoirs qui permettent - à terme - d’atteindre des endroits auparavant inaccessibles. Une formule qui n’a presque pas bougé en 30 ans et qui ne semble pas prête de s’arrêter.

Un genre que l’on peut adapter à sa sauce

Vous l’aurez compris, c’est un genre qui ne date pas d’hier, et pourtant, il symbolise le renouveau de la licence Prince of Persia. Dans une interview accordée à GameRant, les deux têtes pensantes de The Lost Crown évoquent plusieurs inspirations : d’abord le premier Prince of Persia, Les Sables du Temps (2003) et bien sûr Super Metroid et Symphony of the Night. Selon Ubisoft, le but était ici de partir de la base du metroidvania et d’apporter des ajouts “uniques”. Par exemple, pour faciliter la navigation du joueur, les développeurs ont intégré des “Memory Shards”, permettant d’épingler une capture d’écran sur la carte pour se souvenir d’un passage encore inaccessible. Il y a aussi un système d’indices au travers d’une petite fille que l’on peut croiser un peu partout dans l’aventure.

Car oui, malgré son socle quasi-inamovible, le metroidvania offre une grande liberté de création, et c’est d’ailleurs ce que préconise le développeur d’Axiom Verge, Tom Happ, chez Game Developer. “Je pense que le genre fournit une base solide où vous pouvez vous diversifier et essayer de nouvelles choses.” En effet, le titre se démarque par pas mal de points. Déjà au niveau des armes, plus d’une vingtaine sont disponibles, ce qui est impressionnant, et contrairement à Super Metroid, la plupart ne sont pas nécessaires pour progresser et servent juste à enrichir les combats. Mais la plus grosse originalité, c’est que Tom Happ a ajouté des bugs "utiles" qu'on peut manipuler avec différents outils. Ils font partie de cet univers qui “tombe en ruine”. Le titre est connu pour être en grande partie inspiré de Super Metroid, jusque dans ces graphismes, pourtant son créateur ne manque pas d’imagination.

Une démarche qui fait mouche dans les succès du genre. Drinkbox Studios, les développeurs de Guacamelee!, l’a bien compris et chaque membre de l’équipe a voulu rajouter son petit grain de sel - si bien qu’ils définissent leur jeu comme un “Frankenstein”. Par exemple, “quelqu’un voulait faire un Beat’em up, tandis qu’un autre voulait faire un jeu d’exploration”, peut-on lire sur GamingTrend. Miser sur la difficulté et un gameplay action très précis, comme dans Hollow Knight et Blasphemous, est un autre levier. À tel point que l’on parle parfois de “Soulsvania” - contraction de metroidvania et du Souls-like (les jeux inspirés de Dark Souls)

Bref, avec finalement “pas grand chose” et des codes bien installés, les créateurs peuvent faire tout ce qui leur passe par la tête, d’où le succès du genre chez les indépendants. Aujourd’hui, il existe même des solutions “clé en main” pour créer son metroidvania. Tomasz Chabora, un développeur Polonais, a notamment créé “metroidvania System”, une boite à outils open source avec tout ce qu’il faut pour créer un jeu de ce type.

Tout est affaire d’exploration

Qui plus est, le metroidvania autorise quelque chose qui semble incompatible avec de la 2D (et donc avec un scrolling horizontal) : de l’exploration. C’est notamment cet élément qui a poussé les développeurs de The Lost Crown à opter pour le genre. “Dans Prince of Persia, l’immersion dans un monde est centrale, la possibilité d’explorer et de voyager librement dans divers biomes nous semblait importante et respectueuse de la liberté que nous voulions donner aux joueurs”, peut-on lire sur GameRant.

Même pour Koji Igarashi, papa de Castlevania : Symphony of the Night, “l’exploration est très importante”. “On permet ainsi aux joueurs d’arpenter la carte, de prendre leur temps. Cela me paraît important, et chacun peut y prendre plaisir”, explique-t-il sur Le Monde. Pour le créateur japonais, c’est aussi le moyen de créer des aventures plus longues, en rupture avec les side scroller de l’époque.

Une exploration au service d’une progression. Dans un metroidvania, vous obtenez petit à petit des compétences inédites puis revenez sur vos pas pour accéder à de nouveaux recoins. Une boucle nécessaire pour les deux hommes à la tête du projet Prince of Persia : The Lost Crown mais qui, selon eux, peut changer dans le futur pour faire “évoluer le genre”.