La Corée du Sud négocie avec le Mozambique et la Tanzanie pour mettre la main sur le graphite que la Chine lui refuse.
La Chine n’est pas prêteuse
La domination de la Chine sur le marché du graphite est quasi absolue. En 2021, elle a produit pas moins de 820 000 tonnes de ce minéral, tandis que le Brésil, deuxième pays de ce classement, a à peine atteint 68 000 tonnes. Quant au Mozambique, troisième de la course, il s'est contenté de 30 000 tonnes. Le leadership de la Chine ne fait aucun doute et le gouvernement dirigé par Xi Jinping profite de sa position dominante pour faire pression sur les États-Unis et leurs alliés.
Par ce geste, la Chine s'attaque simultanément à deux fronts. Le premier est évident : fermer le robinet du graphite est une manière de répondre aux sanctions américaines sur les semi-conducteurs. Toutefois, cette mesure vise également à renforcer la position déjà solide de la Chine sur le marché des voitures électriques. Depuis un peu plus de deux ans, le silicium est considéré comme une alternative possible au graphite dans le développement des batteries, mais pour l'instant, cette technologie semble loin d'atteindre la voiture électrique. D'où le rôle essentiel du graphite dans cette industrie. Ce qui est intéressant, c'est que cette décision de la Chine ne nuit pas seulement aux États-Unis. La Corée du Sud est l'un des pays dont l'économie pourrait être gravement affectée.
Pour la Corée du Sud, il n’est pas question de perdre son temps
Le gouvernement sud-coréen ne perd pas de temps. L'enjeu est trop important. L'industrie de la voiture électrique est stratégique pour ce pays asiatique, tout comme l'industrie des semi-conducteurs ou des téléviseurs OLED. La première mesure prise par le gouvernement sud-coréen a été de discuter avec son homologue chinois pour négocier et maintenir ouvert le commerce du graphite entre les deux pays. Les contrôles chinois sur les exportations de ce minéral entreront en vigueur le 1er décembre, ce qui laisse peu de temps à la Corée du Sud pour s’adapter.
La probabilité que le gouvernement chinois cède aux exigences de l'administration sud-coréenne et autorise le flux de graphite entre les deux pays est minime. En effet, la Corée du Sud est alignée sur les États-Unis en ce qui concerne les circuits intégrés et soutient leurs interdictions. Samsung, SK Hynix et d'autres entreprises sud-coréennes ne vendent pas certains de leurs produits les plus sophistiqués à des entreprises chinoises, et rien n'indique que cela changera à court ou moyen terme. Mais le gouvernement sud-coréen ne peut pas renoncer au graphite et il a déjà pris des mesures pour anticiper la fermeture imminente de la Chine.
Le continent africain est l'endroit à privilégier pour s'approvisionner en graphite en dehors de la Chine. Le Mozambique, comme nous l'avons vu, à une production très correcte, bien qu'elle soit loin de celle du pays dirigé par Xi Jinping. Le Brésil est également une alternative possible à la Chine, mais son rôle dans ce contexte n'est pas encore clair. Outre ces derniers, le gouvernement sud-coréen négocie avec la Tanzanie. De plus, la Corée du Sud est en train de mettre en place une usine de fabrication de graphite synthétique. Elle devrait entrer en production en 2024, et ce pourrait être son salut si l'on garde à l'esprit que l'on ne sait toujours pas quand il sera possible d'utiliser le silicium dans le processus de fabrication des anodes pour les batteries des voitures électriques.