Si vous avez suivi la communication de Sony PlayStation ces dernières années, vous avez sûrement aperçu Jim Ryan, qui a récemment annoncé son départ à la retraite. Mais avant lui, les conférences étaient animées par un autre homme, et c'est de ce dernier ainsi que de sa récente prise de position que l'on va parler.
L'ancien visage de PlayStation réagi à l'acquisition d'Activision Blizzard King par Microsoft
En décembre 2016, les joueurs et la presse suivent attentivement la PlayStation Experience, un événement organisé par la marque pour présenter ses nouveautés. Marvel vs. Capcom Infinite, Nex Machina, Uncharted : The Lost Legacy, Nioh et Knack II sont de la partie, mais sur scène, un certain Shawn Layden laisse entendre qu'il reste une annonce. Un teaser se lance, et le public assiste à l'annonce de The Last of Us Part II.
Shawn Layden, c'est quelqu'un qui est rentré chez Sony en 1987 au département des communications, et qui a tranquillement progressé au sein de l'organigramme. Il a d'abord dirigé le développement international du studio Sony Computer Entertainement de Londres, avant de devenir vice-président de SCE Europe. En 2007, il est nommé président de SCE Japan, puis fait partie des fondateurs de de Sony Network Entertainment International. En 2014, Shawn Layden succède à Jack Tretton en tant que président de Sony Computer Entertainment of America. C'est durant les quatre années qui ont suivi qu'il a participé aux conférences du constructeur éditeur, et c'est pour cela qu'il était sur scène pour annoncer The Last of Us Part II.
En 2018, il lui est demandé de se concenter sur les studios, puis, en 2019, il a annoncé son départ suite à de supposées tensions avec Jim Ryan sur la manière de développer Sony Interactive Entertainment. De son côté, Shawn Layden invique un épuisement professionnel et un départ calé sur le début de la préparation du lancement de la PS5. Depuis septembre 2022, il est conseiller stratégique pour Tencent, et a récemment été interrogé dans le podcast Lan Parties au sujet du rachat d'Activision Blizzard par Microsoft, conclu mi-octobre :
Ce qui me préoccupe à propos de la consolidation, c'est qu'elle a souvent un impact sur la créativité. (...) Je suis également inquiet lorsque des studios sont rachetés et qu'au lieu de permettre la création de leur jeu, ils se retrouvent peut-être absorbés par une entreprise plus grande qui crée un jeu plus important. (...) Je suis simplement préoccupé par l’effet que cela a sur le besoin de créativité à l’intérieur des studios. peuvent-ils maintenir ce genre de créativité indépendante en vie ou sont-ils simplement absorbés dans un tout plus vaste ?
Pour Shawn Layden, l'industrie du jeu vidéo doit faire beaucoup plus pour préserver son patrimoine
Par la suite, la conversation s'est déplacée vers un sujet qui préoccupe de plus en plus au fur et à mesure que la vente dématérialisée progresse : la conservation du patrimoine vidéoludique. La préservation des documents de travail, du code source, des copies ou du matériel est un vrai enjeu. Il est très difficile de maintenir les jeux et les consoles en état de fonctionnement au fil des décennies, et les studios / éditeurs n'ont, jusqu'à récemment, que très peu préservé leur travail. Un état de fait qui parle à Shawn Layden, qui exhorte, avec des mots forts, les éditeurs à préserver le patrimoine :
La préservation est importante. J'espère que davantage de personnes dans l'industrie, et certainement les grands acteurs, commenceront à réaliser qu'il existe une obligation et une responsabilité. Ce ne sont pas des produits jetables que nous fabriquons. C'est quelque chose qui doit pouvoir exister pendant longtemps, parce que les générations futures en profiteront de la même manière que nous et il est criminel que nous ne fassions pas plus pour protéger cela.
En France, le dépôt légal est une obligation depuis 1537. Cela a commencé par tout document publié, importé ou diffusé en France, et a été remanié au fil des siècles pour englober les nouveaux types de documents produits. Depuis 1992, les éditeurs de jeux distribuant leurs productions dans l'Hexagone ont l'obligation de déposer une copie auprès de la Bibliothèque Nationale de France et, depuis 2006, le dépôt légal numérique est une obligation pour les sites web, les logiciels et les bases de données. Les conservateurs et les chercheurs de la BnF sont confrontés à toutes les problématiques de préservation, et font autorité dans le monde entier dès lors qu'un programme de conservation des logiciels est mis en place.