“Une porte dérobée” sur les messagerie chiffrées : le souhait de Gérald Darmanin

Lors d’une interview réalisée par BFM TV, le ministre de l’intérieur a exprimé son désir de voir les messageries privées devenir un peu moins privées en permettant dans le cas d’une enquête d'accéder aux conversations des suspects. Il avait déjà suggéré cette idée en 2021, en 2022 et à nouveau il y a quelques jours suite à l’attentat d’Arras.

Pour rappel, des messageries comme WhatsApp utilisent un chiffrement de bout en bout pour garantir une totale confidentialité. Lorsqu'un message est envoyé, WhatsApp chiffre son contenu avant de le transmettre. De cette manière, il devient illisible pour toute autre personne et même WhatsApp n’y a pas accès. Ainsi pour le voir, une personne tierce devrait avoir en sa possession une clé de chiffrement, mais cela s’oppose totalement au principe du chiffrement de bout en bout.

Ce système fait d’ailleurs partie des principaux arguments de ces messageries. Il faut dire qu’à l’ère numérique, il devient de plus en plus difficile d’être certain de ne pas voir nos messages privés dévoilés sur le net. En passant par WhatsApp, Signal, Messenger, Google Message ou Telegram, la confidentialité est à priori garantie.

On est des millions à utiliser chaque jour ce genre de messagerie. Alors, forcément, dans le lot on peut compter des personnes malveillantes. Il est toutefois tout de même possible de lire les messages de suspects lors d’une enquête en passant directement par leur appareil.

"L'un des problèmes des services de renseignement sont les messageries cryptées" déclare Darmanin. Il regrette l’absence de “porte dérobée” qui permettrait en cas de soupçon d’attaque terroriste ou autre menace sur demande d’un juge ou d’un préfet d’accéder à ces messages privés. Toutefois, cela risquerait de créer une faille dans le système de cryptage de bout en bout et d’ainsi permettre à des hackeurs d’également accéder à ces données et les employer comme bon leur semble… Il est difficile de créer une exception sans mettre en danger le système de cryptage en entier.

Les Français s’opposent massivement à cette potentielle brèche dans le respect de la vie privée

Les propos de Gérald Darmanin engendrent un important questionnement sur le respect de la vie privée, une liberté durement acquise pendant la révolution française. Beaucoup de français n’ont d’ailleurs pas manqué de réagir sur les réseaux sociaux suite à la prise de parole de Darmanin.

“Installez directement des caméras chez nous ça ira plus vite.”

“Il veut un double de nos clés aussi ?"

“Pour quand est l'installation obligatoire de caméras et de micros chez les gens?”

Si combattre le terrorisme est une préocupation majeure et nécessaire, les potentiels moyens utilisés et envisagés sont toujours sujets à débat, surtout avec les technologies numériques qui se multiplient et prennent de plus en plus de place dans notre quotidien. Lorsqu’une brèche prend forme, il est difficile de définir les limites. À partir de quel moment est-on considéré comme suspect ? Faut-il directement installer des caméras dans chaque domicile comme le suggère un internaute pour débusquer des criminels ?

Pour le moment, aucun pays, y compris les États-Unis, n'a réussi à imposer une porte dérobée et contraindre les messageries privées comme WhatsApp à donner accès aux conversations privées et ce n’est pas faute d’avoir essayé…