La coupe du monde 2030 dans 6 pays et sur 3 continents

Organiser une coupe du monde, ce n'est pas un enjeu sportif, c'est surtout un enjeu économique et donc politique. Alors qu'en 2026, la caravane mondiale se déplacera du côté des Etats-Unis, du Canada et du Mexique, l'édition 2030, celle du centenaire, reste à désigner. Deux candidatures s'affrontent : la candidature « méditerranéenne » avec l'Espagne, le Portugal et le Maroc et la candidature sud-américaine avec l'Uruguay, le Paraguay, l'Argentine et le Chili.

Que ça serait chouette de revenir là où tout a commencé, en 1930, sur les bords du Rio de la Plata, et vivre cette ambiance si particulière d'un match dans une zone du monde où le football n'est plus vraiment un sport mais une religion, comme on l'avait vu en 2014 au Brésil ou comme on le voit chaque semaine dans chaque championnat/compétition sud-américaine.

La victoire de l'Uruguay en 1930 face à l'Argentine

Mais voilà, le président tout puissant de la FIFA, Gianni Infantino en a décidé autrement : 3 matchs en Uruguay, Argentine et Paraguay pour marquer le coup du centenaire (adios le Chili !) et le reste sur les bords de la Méditerranée. 6 pays, 3 continents : la coupe du monde écologique au meilleur de sa forme.

Une coupe du monde, ça rapporte mais ça coûte surtout

Même si on ne sait pas comment va se répartir le calendrier entre les 6 pays, l'Espagne pourrait rafler une grande partie. Le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a salué la nouvelle et s'est montré fier d'avoir été choisi. Le gouvernement a aussi fait les comptes de l'organisation d'un tel événement et avait étudié la chose il y a déjà quelques mois.

Du côté des dépenses, la coupe du monde coûterait 1,430 milliard d'euros à organiser, en tablant sur 750 millions d'investissements en infrastructures et 683,2 millions pour les dépenses d'organisation. Du côté des recettes, l'étude montre que cela rapporterait 5,120 milliards d'euros et générerait plus de 82 000 emplois. Des secteurs se verraient gonfler à bloc avec la venue d'un tel événement comme le tourisme, la culture, les loisirs, la publicité, la communication ...

Mais on le sait tous aussi, comme le montre chaque événement de ce type (coupe du monde de foot, jeux olympiques), les coûts prévus sont souvent éloignés de la réalité et la facture grimpe très vite. En 2010 en Afrique du Sud, cela avait coûté presque 4 milliards. Et le chiffre n'a cessé d'augmenter au fil des éditions : Brésil 2014 15 milliards, Russie 2018 11 milliards, Qatar 2022 200 milliards.

Le Lusail Stadium pour la coupe du monde au Qatar 2022

Des stades modernisés et d'autres … vieillissants

Pour tenter de faire baisser la facture, l'Espagne compte s'appuyer sur ses stades rénovés ou en passe de l'être, des stades aux normes FIFA (40 000 places pour la phase de poules, 60 000 pour les demi-finales, 80 000 pour la finale). En 2026, il y a 16 stades retenus. Sachant qu'il faudra se partager les matchs avec le Portugal et le Maroc, tous les stades espagnols qui ont postulé ne seront pas retenus.

Et ça, ça risque faire des déçus, beaucoup de déçus. Beaucoup veulent avoir une part de ce gâteau immense et pouvoir bénéficier de l'investissement en infrastructures pour moderniser leur stade qui pour certains en aurait bien besoin. Il en va de l'avenir de certains clubs, en difficulté financièrement et qui voient la coupe du monde comme un miracle.

Si Madrid (Bernabeu et Wanda Metropolitano), Barcelone (Camp Nou), Bilbao (San Mames) et Séville (La Cartuja) semblent bien placés sur la grille de départ, il va falloir faire des choix et surtout, il va falloir savoir combien de matchs sont répartis dans chacun des pays (sachant que l'Argentine ne dirait pas non pour accueillir plus qu'un match comme l'a annoncé Matias Lammens, minitre du tourisme). Ce qui va influer sur le nombre de stades sélectionnés. Le point fort de la candidature espagnole est le chiffre de 3 milliards, qui correspond à la somme d'argent investi dans les nombreux projets de rénovation de stades lors des dernières années.

Des villes voient la coupe du monde comme un mirage en espérant être sélectionnées et ainsi avoir un stade moderne. A Valence, le nouveau Mestalla est en chantier depuis 15 ans et on estime un coût entre 300 et 350 millions d'euros pour qu'il soit disponible à partir de 2024. Saragosse mise sur 150 millions pour La Romareda quand par exemple Gijon veut investir 40 millions pour El Molinon. Ce mondial qui s'annonce sera soit une porte de salut ou la ruine pour le football espagnol.