Il croyait être bien caché dans le chat de sa Xbox ... il avait tort.
Un ancien employé de Wall Street est accusé de crimes finanicers. D'après des enregistrements, il affirme avoir réalisé certains de ces crimes en utilisant sa console de jeu Microsoft !
Un délit d'initié réalisé grâce à une Xbox
Dans un retentissant scandale financier, Anthony Viggiano, ancien analyste chez Goldman Sachs, fait face à des accusations de délit d'initié (grossièrement le fait d'utiliser délibérément des informations sensibles et confidentielles à son avantage financier ou celui d'autrui). Notamment, il aurait utilisé une Xbox pour transmettre des informations confidentielles à ses amis proches. Les procureurs fédéraux affirment que le groupe d'amis a réalisé plus de 400 000 $ de gains illicites. Le FBI a inculpé Viggiano et son présumé complice, Christopher Salamone, pour fraude sur valeurs mobilières. Salamone a déjà plaidé coupable.
"Le chat Xbox 360, pas moyen de tracer ça !"
Après avoir été interrogés par le FBI en juin, Viggiano et Salamone ont discuté de qui, dans leur entourage, pourrait se retourner sous la pression de l'agence fédérale. Salamone a enregistré la conversation, à l'insu de son complice, et a confié l'enregistrement aux enquêteurs. C'est ainsi qu'on peut lire dans l'acte d'accusation publié le 28 septembre, le contenu de cette conversation, dans laquelle Salamone est surpris d'entendre qu'un certain Steve Forlano pourrait parler. Mais Viggiano est confiant, il n'y a aucune trace des conversations dans lesquelles il donnait des informations confidentielles à Forlano, puisqu'il les a réalisées sur :
Signal, ou genre le chat Xbox 360, pas moyen de tracer ça, bonne chance pour trouver !
Viggiano affirme donc qu'en utilisant le chat Xbox (et le service de messagerie cryptée Signal), il s'est assuré que toutes les preuves incriminantes échappaient à la portée du FBI. Il n'est pas clair s'il parlait véritablement d'une Xbox 360 en 2023, ou si Viggiano confondait le nom de la Xbox 360 avec celui de la Xbox One ou des Xbox Series. Il est possible qu'ils utilisaient effectivement un ancien système, en croyant y être mieux protégés ou moins attirer l'attention. Qu'importe, Viggiano avait tort. L'acte d'accusation cite en effet deux fois clairement des informations confidentielles au sujet de sociétés cotées en bourse délivrées via "la plateforme de communication d'une console de jeu vidéo" et "le chat audio d'une console de jeu vidéo".
Les jeux vidéo en ligne, la messagerie cryptée du pauvre ?
Cette affaire rappelle que même les plateformes destinées aux loisirs peuvent être utilisées pour des activités illégales. C'est un phénomène que l'on observe de plus en plus avec la démocratisation du gaming et l'accélération du débit Internet : l'utilisation par les criminels de systèmes de communication initialement dédiés au jeu vidéo pour dissimuler leurs activités. Que ce soit à travers les MMORPG, les chats vocaux et écrits des autres jeux en ligne, ou d'autres moyens de communication in-game, certains pensent pouvoir échapper à la surveillance en utilisant ces plateformes. Soit parce qu'ils espèrent être mieux dissimulés, ou bien moins surveillés sur celles-ci. Mais évidemment, ces systèmes ne sont pas imperméables. De plus, les propriétaires des plateformes renforcent leurs efforts pour surveiller les comportements inappropriés. Microsoft utilise même maintenant l'IA pour détecter et traquer les comportements toxiques et illégaux.
Anthony Viggiano est confronté à huit chefs d'accusation de fraude sur valeurs mobilières, chacun pouvant entraîner jusqu'à 20 ans de prison, ainsi qu'à un chef d'accusation de conspiration pouvant ajouter cinq ans supplémentaires (165 ans de prison au maximum, donc). Ses complices aussi risquent des années de prison, mais la sentence pourrait être réduite par leur coopération avec les autorités.