La semaine d’information sur la santé mentale vient de commencer le 9 octobre. L’occasion de se poser la question sur l’impact d’Internet sur celle-ci. La science tente ainsi d’y répondre.
C’est à l’occasion de la semaine d’information sur la santé mentale que nous nous posons la question de savoir l’impact sur notre cerveau d’Internet et ainsi notre bien-être. Les recherches dans ce domaine apportent des éclaircissements sur cette question complexe. Penchons-nous sur les différentes facettes de cette problématique pour comprendre le bon et le mauvais. La nuance est ainsi de mise.
Internet a du positif pour notre santé mentale
Commençons par les aspects positifs qu'Internet apporte à notre santé mentale. Cet outil a bouleversé notre accès à l'information et notre capacité à rester en contact avec nos proches, même à des kilomètres. Les réseaux sociaux, notamment, jouent un rôle essentiel en nous permettant de maintenir des liens avec des personnes éloignées. En effet, certaines études ont montré que la connexion en ligne peut avoir des effets bénéfiques sur notre bien-être mental, en particulier chez les filles. C'est le résultat d'une étude du Professeur Daniel Fernández-Kranz. Cela se traduit par une amélioration de notre sentiment d'appartenance à une communauté virtuelle et par extension, une augmentation de notre estime de nous-mêmes. Pouvoir partager nos succès, nos joies, mais aussi nos peines avec nos amis et notre famille en ligne renforce nos liens sociaux, même lorsque la distance physique nous sépare. Cela peut évidemment être un argument à double tranchant…
Dans une étude publiée pour la Royal Society for Public Health au Royaune-Uni , Shirley Cramer, ancienne directrice générale explique le rapport étroit entre santé mentale et Internet :
Les médias sociaux sont devenus un espace dans lequel nous formons et construisons des relations, façonnons notre identité, nous exprimons et découvrons le monde qui nous entoure ; elle est intrinsèquement liée à la santé mentale
De plus, la toile offre un accès à des ressources en santé mentale. Des applications et des sites web mettent à notre disposition une mine d'informations, des conseils, voire des thérapies en ligne, démocratisant ainsi l'accès au soutien psychologique. Par exemple, des applications de méditation et de relaxation sont largement disponibles et permettent aux individus de gérer leur stress et leur anxiété de manière efficace. De plus, les forums de soutien en ligne et les groupes de discussion offrent un espace sûr pour partager des expériences et des conseils en matière de santé mentale. Cela peut être particulièrement précieux pour ceux qui cherchent un soutien ou une compréhension en période de détresse émotionnelle. Trouver des gens qui vivent la même chose permet ainsi de se sentir moins seul et isolé.
La contrepartie d’Internet
Cependant, il est crucial de ne pas minimiser les risques liés à Internet pour notre santé mentale. L'une des préoccupations majeures est la dépendance. Des études ont révélé que passer un temps excessif en ligne, particulièrement sur les réseaux sociaux, peut entraîner une baisse de la satisfaction de vie et des symptômes de dépression. La surconsommation d'Internet peut entraîner une perte de productivité, des problèmes de sommeil et une diminution de l'interaction sociale en face à face. Pour certains, la toile devient un refuge qui les isole du monde réel, ce qui peut avoir des conséquences néfastes sur leur santé mentale. C’est là que l’argument à double tranchant arrive. En excès, Internet peut être néfaste, malgré tous ses bienfaits.
De plus, le cyberharcèlement est devenu un fléau, surtout pour les plus jeunes. Les conséquences sur la santé mentale des victimes sont loin d'être négligeables. Être harcelé en ligne peut entraîner une anxiété sévère, une dépression et parfois même des pensées suicidaires. Les plateformes en ligne doivent prendre des mesures pour lutter contre la cyberintimidation et protéger la santé mentale des utilisateurs, en particulier des plus vulnérables.
Les chercheurs soulignent la nécessité de l'autorégulation, c'est-à-dire la prise de conscience de notre temps passé en ligne, de nos activités sur la toile, et de l'impact que cela peut avoir sur notre humeur et notre bien-être. Il est recommandé de définir des limites personnelles en matière de temps d'écran et de respecter des périodes de déconnexion pour préserver notre équilibre mental.
La qualité du contenu en ligne joue également un rôle majeur. Éviter les informations toxiques et les interactions négatives est un choix judicieux pour préserver notre santé mentale. Il est important de cultiver un environnement en ligne positif en suivant des comptes qui diffusent des informations constructives et en évitant les débats toxiques qui peuvent générer du stress inutile. Cela ne veut évidemment pas dire d’ignorer le négatif, mais de ne pas se focaliser dessus. Une information négative a plus d’impact qu’une positive. Car celle-ci amène au débat et par extension à plus de négativité.
Difficile donc de trancher la question de savoir si Internet est un bienfait ou un préjudice pour notre santé mentale. Tout dépend de la manière dont nous utilisons cette ressource et de notre capacité à gérer notre interaction en ligne. Les avantages sont indéniables, mais les risques existent. Il est primordial de rester informé, conscient, et d'utiliser Internet de manière éclairée pour préserver notre bien-être mental.
Sources :
- Étude novembre 2022 de l'IZA (Institute of Labor Economics) : High Speed Internet and the Widening Gender Gap in Adolescent Mental Health: Evidence from Hospital Records
- Étude mai 2017 de la Royal Society for Public Health : Social media and young people's mental health and wellbeing
- Étude octobre 2018 publiée à la National Library of Medecine (entité du gouvernement américain) : Associations between screen time and lower psychological well-being among children and adolescents: Evidence from a population-based study
Pour plus d’informations sur la semaine de la santé mentale, rendez-vous sur cette page