Steven Spielberg peut être fier de sa filmographie. Pourtant, il a toujours un gros regret, pas en ce qui concerne la qualité d'un de ses films, mais les conséquences qu'il a engendrées...
Le film Les Dents de la Mer a-t-il eu un véritable impact sur notre écosystème ? C'est ce que semble penser, et regretter, le réalisateur du film, Steven Spielberg.
Le réalisateur et l'auteur de Les Dents de la Mer regrettent tous les deux ...
Le réalisateur culte Steven Spielberg s'est exprimé sur son profond regret concernant l'impact de son film iconique Les Dents de la Mer sur la population mondiale de requins. Lors d'une interview avec BBC Radio 4, dans l'émission Desert Island Discs, Spielberg a déclaré :
C’est l’une des choses dont dont j'ai toujours peur : non pas d’être mangé par un requin, mais plutôt que les requins soient d'une certaine manière en colère contre moi à cause de l'appétit frénétique des pêcheurs sportifs fous qui est apparu après 1975. Je regrette vraiment la décimation de la population de requins à cause du livre et du film.
Le film, sorti en 1975, a créé une véritable ruée vers le requin, chez les pêcheurs sportifs américains, menant à une chasse au trophée des grands requins blancs. Peter Benchley, l'auteur du livre qui a inspiré le film, a également exprimé des regrets similaires avant de devenir un conservateur, fervent défenseur de la protection des requins. Il déclarait au London Daily Express, en 2006 :
Les requins ne ciblent pas les êtres humains, et il est certain qu'ils ne sont pas rancunier. Il n’existe pas de requin qui soit un criminel mangeur d’hommes. En fait, les requins prennent rarement plus d’une bouchée de chaie humaine, parce que nous sommes si maigres et peu appétissants à leurs yeux.
Les experts estiment qu'on donne beaucoup trop de crédit au film
Pendant des années, Les Dents de la Mer a été pointé du doigt pour sa représentation sensationnaliste des requins et son impact sur l'opinion publique. Cependant, les experts estiment que blâmer uniquement le film pour le déclin des requins est simpliste, soulignant la surpêche comme la principale menace pour ces animaux. Paul Cox, chef exécutif du Shark Trust, affirmait dans The Guardian qu'on donne beaucoup trop de crédit au film pour la décimation des requins, alors que c'est très clairement l'élimination de leur alimentation - à la suite de la surpèche - qui en est le principal facteur. Selon une étude publiée dans la revue Nature en 2021, la population mondiale de requins océaniques a chuté de 71 % depuis les années 1970 en raison de la surpêche. D'après la liste rouge des espèces menacées de l'International Union for Conservation of Nature, 75 % des espèces de requins océaniques sont menacés d'extinction.
Un film qui a aussi engendré de vraies phobies !
Ce film cultissime a également créé une phobie des requins chez de nombreuses personnes. L'une des raisons pour lesquelles Les Dents de la Mer reste si terrifiant réside dans le fait que le spectateur voit rarement le grand requin blanc à l'écran. Plus qu'un choix de réalisation, c'était surtout un moyen de contourner des limites techniques. En effet, l'animatronique utilisé pour représenter l'animal a eu divers problèmes techniques au cours du tournage. Cette absence d'images contribue à l'angoisse et à la terreur que le film suscite, alimentant la squalophobie (la peur des requins). Christopher Paul Jones, spécialiste des phobies, explique que beaucoup des phobiques des requins qu'il rencontre citent le film comme la base de leur peur incontrôlable. En grande partie, parce que la plupart des gens n'ont jamais vu de requin en liberté, le film étant donc leur première rencontre avec l'animal. Il déclarait à The Guardian :
Dans Les Dents de la Mer, vous ne pouvez pas voir sous l’eau et la musique crée un sentiment de peur. Les films sont très efficaces pour stimuler tous les sens (vue, ouïe) et peuvent avoir un impact considérable sur ce que nous ressentons.
Les Dents de la Mer est donc un chef d'oeuvre cinématographique dans l'émotion qu'il fait ressentir à ses spectateurs. Mais, malgré les regrets de Spielberg et de l'auteur Peter Benchley, il serait injuste de blâmer le film pour la décimation des requins, imputable avant tout à la surpèche.