Depuis sa sortie officielle le 3 août, Baldur's Gate III ravit certains joueurs... et en laisse d'autres sur la touche. Après une dizaine d'heures de jeu, il faut se rendre à l'évidence : je fais partie de la seconde catégorie, et ça me désole un peu.
En un mot comme en cent, Baldur's Gate III est la quintessence du C-RPG, nom couramment donné aux jeux de rôle pour PC. Le titre est si complet qu'il apparaît comme l'aboutissement de la formule que Larian Studios a perfectionné avec les deux Divinity : Original Sin. Parmi les nombreuses louanges, beaucoup de joueurs vantent la liberté offerte par le jeu, aussi bien dans les choix que dans les actes et les builds possibles. Et c'est bien là tout mon problème.
Une liberté parfois vertigineuse
Dans Baldur's Gate III, le joueur peut se sortir de plusieurs façons de chaque situation, que ce soit par la parole, les compétences de ses personnages ou les combats. Si cela offre un sentiment de liberté pour que chacun vive sa propre expérience, il y a de quoi avoir la sensation d'être dépassé par l'étendue des choix disponibles. Que ce soit dans un dialogue ou en affrontement, on peut se sentir assez bête d'avoir pris une décision que l'on considère comme simple, car proposé directement par le jeu au lieu d'avoir cherché une solution improbable de son côté. Et c'est là qu'entre en jeu un facteur qui peut freiner la créativité des nouveaux joueurs peu habitués au C-RPG : le manque d'explications.
Baldur's Gate III est un jeu qui prend place dans le monde de Donjon & Dragon, une franchise qui existe depuis les années 1970. Au fil du temps, certains codes propres à cet univers sont devenus une habitude pour ceux qui le côtoient depuis des années... mais pas pour tous. Par exemple, on vous a parlé récemment d'un streamer qui a découvert que les mages pouvaient apprendre des sorts grâce à des parchemins, et non s'en servir qu'une seule fois. Si cela peut paraître une évidence pour les habitués de D&D, c'est loin d'être le cas pour tout le monde.
Dans Baldur's Gate III, on retrouve ce sentiment de passer à côté quelque chose qui est pourtant logique pour les autres. De mon point de vue, cela peut être dû au fait que le titre explique finalement peu de choses aux joueurs. Par exemple, je n'ai pas souvenir d'avoir croisé un tutoriel évoquant qu'on pouvait pousser ses adversaires, alors que c'est une mécanique centrale pour exploiter la verticalité des arènes. Cependant, je ne suis pas à l'abri d'avoir raté le didacticiel ou bien d'avoir eu un bug à ce moment-là. Malgré tout, sans pour autant les prendre par la main, le jeu aurait gagné à montrer plus clairement un aperçu des options qu'il propose pour permettre aux joueurs de s'amuser avec après. Typiquement, c'est ce que faisaient Breath of the Wild et Tears of the Kingdom avec le Plateau et l'Île Céleste du Prélude, et force est de constater que cela fonctionne vraiment bien.
Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise façon de jouer
Pour toutes ces raisons, en jouant à Baldur's Gate III, j'ai le sentiment d'effleurer la surface par rapport à tout ce que le jeu a à proposer en choisissant une simple option de dialogue ou en déclenchant un combat. Et même durant un affrontement, à cause du build sélectionné, je me dis que j'aurais pu trouver quelque chose de plus ingénieux à faire que ce que j'ai décidé. S'il est clair que le jeu pourrait comporter plus de tutoriels et d'explications pour présenter ses mécaniques, on peut se demander si ce sentiment de frustration n'est pas dû aux réseaux sociaux. À force de traîner sur ces plateformes, on en vient à comparer ce qu'on a fait dans sa partie et on se trouve moins malin que ce que les autres ont fait. Cependant, cette vision des choses est biaisée car ce sont évidemment des séquences extraordinaires qui sont mises en avant, ce qui n'est pas pour autant représentatif de ce que vive la majorité des joueurs.
Avec tout ça, on peut donc se demander d'où vient réellement ce sentiment de frustration face au potentiel de Baldur's Gate III. Est-ce le jeu qui ne présente pas assez bien ses mécaniques, les joueurs comme moi qui ne sont pas habitués à ce genre d'expérience et qui ont le sentiment d'être dépassé ou bien les réseaux sociaux qui nous font sentir moins malins que les autres ? Si la réponse se retrouve au croisement de ces trois pistes, ce billet a avant tout pour but de vous faire prendre conscience qu'il n'y a pas de bonne ni de mauvaise façon de jouer à Baldur's Gate III. Regardez nos guides pour faire de puissants builds si vous le souhaitez, mais sachez que le titre est pensé pour que l'aventure continue, peu importe vos choix, avec des événements uniques et inattendus qui en font tout son charme. Et comme le disait Michael Douse, directeur de l'édition chez Larian Studio : faites-vous confiance et faites confiance aux dés.