Le Garçon et le Héron, le Ghibli le plus cher ?

Si vous avez un peu suivi la sortie du dernier film Ghibli, vous savez certainement que c'est un grand succès. Les Japonais se sont rué vers les salles de cinéma pour découvrir ce qui a été présenté comme le dernier film réalisé par Hayao Miyazaki. Le papa du Château dans le Ciel, du Voyage de Chihiro ou encore de Princesse Mononoké va tirer sa révérence et cette fois c’est pour de bon (enfin normalement). Forcément, cela a dû inciter les spectateurs à se rendre en salles où ils ont réussi à rassembler pas moins de 11,3 millions de dollars, et ce en seulement un week-end. Pour Ghibli, on parle du second meilleur lancement d’un film. Pour un studio aussi influent et respecté, ce n’est pas rien. Mais ça risque de ne pas suffire à rendre Le Garçon et le Héron (nom français du film) rentable.

Le producteur du film, Toshio Suzuki, a en effet laissé échapper, au détour d’une interview, qu’il avait coûté très cher. “Je pense que nous avons dépensé plus d’argent pour faire Le Garçon et le Héron que pour n’importe quel autre film jamais réalisé au Japon, probablement” s’est-il même risqué à supposer. Si ce vétéran du studio Ghibli se permet une telle supposition, cela veut très certainement dire que Le Garçon et le Héron est le film qui a coûté le plus d’argent au studio. Jusqu’ici, c’est Le conte de la princesse Kaguya qui détenait ce titre avec ses 5,15 milliards de yens (l’équivalent de 32,4 millions d’euros) investis. C’est du moins ce qu’avait indiqué Suzuki lors d’une précédente interview. Le Garçon et le Héron doit donc au moins dépasser ce budget. Mais de là à dire qu'il serait le film le plus coûteux jamais réalisé au Japon, n’est-ce pas un peu tiré par les cheveux ?

Le film le plus cher de l’Histoire du Japon, vraiment ?

Et bien, pas tant ! Si dans le monde occidental, on a plutôt tendance à miser sur des grosses productions avec effets spéciaux et tutti quanti (Marvel, Avatar…), au Japon la mentalité n’est pas la même. D’après le site Ghibli France, “le Japon se concentre davantage sur ce qu’il appelle les « drames humains », c’est-à-dire les films qui mettent l’accent sur les relations interpersonnelles entre les familles, les amis ou les collègues”, le tout en recherchant avant tout le réalisme et l’authenticité. Forcément, ces films sont moins coûteux que les grosses productions hollywoodiennes que l’on a l’habitude de voir. Et même pour les films d’action, le budget est moindre. Prenons par exemple Kubi, le prochain film de Takeshi Kitano. Cette “production à gros budget” (selon les standards japonais) a nécessité seulement 1,5 milliard de yens. Et pourtant, il s’agit du film le plus cher de Kitano.

Qui plus est l’animation, c’est loin d’être donné, surtout quand on mise sur une technique à l’ancienne. On le sait, Hayao Miyazaki ne jure que par l’animation à la main et a en horreur les méthodes numériques. Mais s’il est l’un des derniers dinosaures à camper sur ses positions, ce n’est pas pour rien. Le numérique, c’est moins coûteux et plus rapide. Et quand on sait qu'il a fallu sept longues années pour mettre sur pied Le Garçon et le Héron, on se dit que l'addition a en effet dû être particulièrement salée. De là à faire du dernier Miyazaki le film japonais le plus coûteux ? Pour l'instant, difficile d'en être sûr. Mais ce qui l'est en revanche, c'est que ce film est bien parti pour marquer l'Histoire du cinéma de son pays.