« On se fait un p’tit (EA Sports) FC 24 ? », ça passe moins bien qu’un « FIFA », c’est sûr…

« On s’fait un FIFA ? » : l’exemple est tout bête, mais il en dit long. Au fil des années, c’est devenu l’une des questions les plus balancées à la volée lors de soirées entre amis amateurs de football. Tout ça est d’ailleurs tellement devenu un réflexe qu’elle s’est même transformée, sous l’impulsion d’Electronic Arts pour la promotion de FIFA 15, en un clip musical porté par Squeezie et Cyprien sur leur chaîne YouTube commune, Bigorneaux & Coquillages. Huit ans après sa publication sur la plateforme de Google, cette vidéo a tout de même généré plus de 33 millions de vues : un outil marketing qui n’a fait que renforcer l’ancrage du nom « FIFA » dans le paysage vidéoludique francophone. Oui, on a tous FIFA en tête, et notre langue peut rapidement fourcher !

Même au niveau mondial, le terme « FIFA » a laissé son empreinte dans le domaine des jeux de sport : 30 jeux vidéo en un peu moins de 30 ans, une lutte intestine entre lui et son concurrent direct Pro Evolution Soccer — une bataille finalement gagnée par FIFA au vu des choix effectués par Konami —, une appellation qui renvoie directement à l’une des instances majeures du ballon rond, si ce n’est la plus importante dans la discipline footballistique… Bref, ce qu’il faut comprendre, c’est que la dénomination « FIFA » est devenu un inconscient collectif pour désigner un produit, et tout cela pourrait être difficile à contrebalancer pour l'éditeur Electronic Arts, plus particulièrement en raison des habitudes des consommateurs.

Il ne faut pas se méprendre : changer de nom est bien plus compliqué qu’il n’y paraît. En faisant ce choix, quand bien même l’éditeur s’estime conscient des efforts à fournir, Electronic Arts s’est peut-être tiré une balle dans le pied. Grâce à l’outil Google Trends, on est en mesure de déterminer la fréquence à laquelle un terme a été saisi sur le moteur de recherche. À n’en pas douter, vous nous voyez venir. Sur l’ensemble des pays, et durant les douze derniers mois, le terme de recherche « FIFA 24 » supplante totalement celui de « EA Sports FC 24 ». Il faut dire que ce nouveau nom ne sonne pas aussi percutant à l’oreille que pouvait l’être FIFA et puis, en affinant les paramètres, on se rend compte que la tendance se poursuit (lors des 90 derniers jours, des 30 derniers, des 7 derniers).

Ni la révélation du 13 juillet dernier, ni la présentation générale du gameplay, postée sur YouTube en même temps que notre preview du 18 juillet, ne sont parvenues à inverser le rapport de force. Par conséquent, cela sous-entend qu’Electronic Arts va encore devoir batailler pour imposer sa nouvelle identité et, surtout, l’inculquer auprès des futurs clients. Ce qui peut grandement aider le jeu dans cette démarche, c’est l’apport des réseaux sociaux et des plateformes de diffusion de contenu. Pour prendre l’exemple de YouTube, celles et ceux qui sont abonnés à la chaîne EA Sports FC (renommée depuis l’époque de FIFA 23, bénéficiant quasiment de 4,8 millions d’abonnés) tomberont forcément sur les prochains extraits du jeu qui passeront en revue, un par un, les différents aspects de la version finale. Il reste donc un peu plus de deux mois à EA pour bien faire passer le message : le seul « FIFA » (pour l’instant), c’est bel et bien EA Sports FC 24 !

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FC 24 et Electronic Arts économisent 1 milliard de dollars, mais à quel prix ?

Comme chacun le sait, un tel changement de nom n’arrive pas par pur hasard (la première mention de cette modification remonte au mois d’octobre 2021), et encore moins lorsqu’il est lié à un domaine aussi lucratif que le football. Vous l’aurez compris, l’argent a eu raison de la relation entre Electronic Arts et la FIFA (Fédération Internationale de Football Association). Pendant de nombreuses années, Electronic Arts devait mettre la main au portefeuille pour arborer cette dénomination sur la jaquette de son jeu, mais également pour bénéficier des compétitions internationales placées sous la juridiction de la FIFA. Un budget qui pèse lourd dans la balance puisque l’on évoquait pas moins de 150 millions de dollars chaque année ! Si un tel montant pouvait déjà faire tiquer l’éditeur américain, le fait que la FIFA veuille revaloriser son nom en faisant grimper l’addition (un passage à 250 millions de dollars par an, soit 1 milliard par tranche de Coupe du Monde) l’a convaincu de couper les ponts.

Malgré tout, est-ce une véritable épine dans le pied d’Electronic Arts ? On aurait tendance à le penser mais la réalité est tout autre puisque la FIFA n’a pas la mainmise sur l’ensemble du monde footballistique. Néanmoins, si l’on devait citer un problème majeur, c’est l’impossibilité d’exploiter les compétitions organisées par cette entité telles que la Coupe du Monde, aussi bien dans sa version masculine que féminine. Tout récemment, une mise à jour a été déployée sur FIFA 23 puisque le célèbre jeu se met au diapason de la neuvième édition de la Coupe du Monde féminine de football : un privilège dont devra se passer Electronic Arts à l’avenir ! Certes, cette perte est plus que regrettable mais il convient de rappeler qu’il s’agit d’un mode introduit une fois tous les quatre ans : un nom sur une jaquette et une activité supplémentaire à 250 millions, on comprend que cela ait fait réfléchir Electronic Arts.

Là où EA Sports FC 24 a les moyens de rebondir sans compter sur les relations de la FIFA, c’est grâce aux liens que l’éditeur américain a lui-même tissés à travers l’ensemble de la planète football. On pense, bien évidemment, aux nombreuses autres compétitions qui innervent la pratique du ballon rond. En soi, c’est avec la FIFA qu’Electronic Arts a coupé les ponts et non avec l’UEFA, même si les deux instances sont affiliées l’une à l’autre. Par conséquent, EA Sports FC 24 peut toujours compter sur l’iconique compétition de la Ligue des Champions pour encourager les joueurs à se lancer, une fois de plus, à l’assaut de la plus prestigieuse des compétitions européennes. Ce qui permet aussi à Electronic Arts d’avancer sereinement, c’est d’être en bons termes avec les différentes ligues mondiales : l’éditeur américain n’a pas seulement exhibé tout un tas de coupes (MLS, NWSL, Ligue 1, D1 Arkema, Copa Libertadores, Ligue des Champions, Premier League, LaLiga, …) lors de la soirée d’annonce consacrée à EA Sports FC 24 dans l'unique but d’agrémenter son lieu de réception, il s’agissait bien évidemment d’un message envoyé aux joueurs du monde entier !

Compte tenu de ses relations, de ses partenariats et de ses contrats à travers le monde — notamment avec la FIFPRO qui lui permet d’avoir un casting de joueurs et joueuses toujours aussi riche (19 000 athlètes, en plus des 700 équipes et 30 championnats !) —, EA Sports FC 24 (et les suivants) n’a donc pas spécialement à s’en faire et puis, comme l'éditeur le sait, les amitiés sont parfois plus concluantes lorsque l’on sait gâter (financièrement) son prochain. En février dernier, on apprenait qu’Electronic Arts venait de multiplier son contrat avec la Premier League par deux afin de conserver ses droits d’exploitation de la licence dans EA Sports FC 24, signant un chèque à près de 500 millions de Livres Sterling. Certes, cela contraint l’éditeur a mettre beaucoup d’argent sur la table mais, d’un autre côté, les équipes de développement gagnent en marge de manœuvre car la FIFA n’était pas du genre à faciliter la tâche d’Electronic Arts, allant même jusqu’à être qualifiée « d’obstacle » à l’innovation, aux nouveautés et aux tournois e-sports par le PDG, Andrew Wilson. Ce nouveau départ change donc la donne et devrait permettre à EA de se « diversifier dans les domaines que les joueurs veulent », au fur et à mesure des itérations d’EA Sports FC.

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La FIFA peut filer droit au but avec un nouveau concurrent, EA devrait se méfier !

Libéré de ses entraves, EA Sports FC 24 devrait donc courir vers le progrès dans les années à venir, tel un buteur qui engloutit les derniers mètres face au but adverse. Toutefois, il lui serait préférable d’avoir une bonne longueur d’avance car si la FIFA se fait relativement discrète pour le moment, cela pourrait être une autre paire de manches, tôt ou tard, et l’éditeur américain pourrait se faire méchamment tacler. On se souvient, en parallèle des déclarations d’Electronic Arts, que la FIFA avait annoncé qu’elle continuerait à développer ses propres jeux de foot en compagnie d’un nouveau partenaire. En mars dernier, comme pour en remettre une couche au sujet du prochain duel de jeux de foot qui se prépare, Gianni Infantino, président de la FIFA, avait déclaré que les prochains FIFA — qui devraient reprendre avec l’opus 25 — « seront toujours les meilleurs jeux vidéo pour toutes les filles et les garçons ». Certes, la formule donne l’impression de s’adresser à un jeune public mais elle n’est pas à prendre à la légère car la FIFA pourrait effectivement entamer un partenariat avec un autre dangereux éditeur, à savoir 2K.

En termes de jeux de sport, l’éditeur 2K a prouvé à de nombreuses reprises qu’il était en mesure d’adapter bon nombre de disciplines (NBA, NHL, Baseball, WWE, PGA, MLB, …) et quand on saisit l’ampleur qui se développe autour du football de l’autre côté de l’Atlantique, on se dit que 2K ne raterait cette opportunité pour rien au monde ! Quoi qu’il en soit, c’est une perspective qui agite les rumeurs les plus folles puisqu’un certain nombre d’initiés y vont là un potentiel candidat pour reprendre la place laissée vacante par Electronic Arts. Il faut dire que le grand patron de 2K avait donné du grain à moudre aux internautes en se disant « très intéressés d’élargir nos opportunités en matière de sport », sans pour autant confirmer des ébauches de contact entre les deux parties. Pour le moment, Electronic Arts fait donc cavalier seul mais cette tranquillité pourrait être de courte durée si un concurrent tel que 2K est amené mettre son grain de sel dans son business. Enfin, même si 2K a les épaules solides, il lui faudra tout de mettre en place un vaste chantier, et il serait en effet colossal étant donné que l’éditeur commencerait de zéro, là où EA Sports FC 24 peut s’appuyer sur ce qu’il fait depuis des années. FIFA vs EA Sports FC sera-t-il le combat qui succèdera à celui qu’on a tous connu entre FIFA et PES ? C’est probable, mais d’autres sont prêts à tout pour exister.

Oui, il vaut mieux qu’EA Sports FC garde un oeil dans son rétroviseur car la concurrence ne pourrait pas seulement provenir de la FIFA et de 2K. De plus en plus de studios de développement sentent le vent tourner et se disent que c’est peut-être le bon moment pour tenter quelque chose : FIFA et EA ne travaillent plus ensemble, EA Sports FC doit faire comprendre qu’il détient toujours l’âme des jeux FIFA et qu’il en est le digne successeur, Konami et son eFootball peinent à convaincre… Bref, il y a en ce moment une accumulation de facteurs qui ouvre la porte à de nouveaux challengers, comme on a pu le voir avec le projet de Strikerz Inc. baptisé « UFL », présenté comme un jeu de football à la fois « fair to play » et « free to play ». Annoncé à la Gamescom 2021, le jeu poursuit son développement et alimente, de temps à autre, sa page YouTube avec quelques vidéos. On se doute qu’il ne reléguera pas la concurrence sur le banc, mais il pourrait tirer son épingle du jeu.

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Quoi qu’il en soit, et pour en revenir à EA Sports FC 24, le jeu de football d’Electronic Arts n’est pas spécialement dans une position inconfortable, vis-à-vis de la rupture de sa collaboration avec la FIFA. Toutefois, l’épreuve qui attend l'éditeur, entre marketing, progrès et compétitivité, n’est pas non plus une mince affaire. Actuellement, EA Sports FC 24 a un boulevard devant lui s’il a l’intention de s’installer comme étant la référence du jeu de football, sauf qu'il va falloir être rapide. On ne veut pas presser l’éditeur américain, cependant il faudra frapper vite et fort pour transformer l’essai de cette nouvelle mouture car les équipes adverses, elles, avancent tranquillement dans le tunnel qui mène au centre de la pelouse, là où tout se joue et se jouera dans les prochaines années.

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