Ces derniers temps sur Tik Tok, j'ai vu passer plusieurs vidéos de joueurs qui se plaignent de ne plus prendre autant de plaisir qu'auparavant en jouant aux jeux vidéo. Ils expliquent qu'ils s'amusaient plus lorsqu'ils étaient plus jeunes et qu'ils sont nostalgiques de cette période. En écoutant un peu plus ce qu'ils reprochent aux jeux vidéo actuels, on se rend très vite compte qu'ils parlent d'une catégorie d'expériences en particulier : les jeux services.

Quand le jeu vidéo devient un second travail

Pour être honnête, j'étais dans un premier temps un peu exaspéré de voir le jeu vidéo contemporain résumé à ce seul genre d'expériences alors qu'on n'a jamais eu autant de diversité depuis des décennies. À une époque où le jeu narratif solo est roi et que les titres indépendants sont plus démocratisés que jamais, résumer l'industrie actuelle aux jeux services est assez réducteur, voire insultant. Certes, la formule a pris de plus en plus d'importance ces dernières années, notamment dans les AAA et les jeux mobiles, mais ce n'est pas pour autant que tous les joueurs ne jouent pas qu'à cela. Mais passons, ce n'est pas le coeur du sujet.

Pour en revenir à nos Tik Tok, ces joueurs se plaignent que les jeux vidéo sont devenus comme un travail pour eux, dans le sens d'une tâche qu'on est obligé de faire tous les jours et non comme une source de revenus. On comprend donc qu'ils parlent des jeux services qui proposent des missions ou des quêtes journalières, hebdomadaires ou mensuelles qui deviennent obligatoires dès lors que l'on veut rester à niveau. Cela concerne aussi bien les défis quotidiens de Fortnite que les quêtes de Genshin Impact qui sont un moment immanquable de la journée pour les joueurs qui veulent vraiment s'investir. Cela est vécu comme un second travail avec des tâches supplémentaires et c'est bien là qu'est tout le problème.

Peut-on encore parler de jeu si on ne s'amuse pas ?

Dans l'immense majorité des cas, ces contenus quotidiens sont rarement passionnants, voire vite répétitifs. Fort heureusement, certains jeux font en sorte qu'ils soient courts. Mais pour d'autres, cela peut devenir une vraie corvée et on se sent tout de même obligé de revenir régulièrement pour continuer de profiter de récompenses ou même d'un bonus de connexion affilée qui gagne en intérêt au fil du temps. Je ne vous apprends sûrement pas grand-chose en disant cela, mais c'est exactement le but que recherchent les développeurs. À notre époque où tout est facilement à portée de main, le temps est devenu la ressource la plus importante dont les géants du divertissement cherchent à s'accaparer. Cela a même un nom puisqu'on parle de rétention de l'attention. Dans ce contexte, Netflix a aussi bien pour concurrent Disney+ et Prime Video que Fortnite ou encore les réseaux sociaux en général.

Pour en revenir à nos jeux-services, ces missions quotidiennes obligatoires qui ne disent par leur nom sont souvent accompagnées d'un farm intensif, c'est-à-dire le fait de compléter en boucle le même contenu, ce qui n'est guère plus passionnant. Si on fait tout cela pour des objectifs à long terme, à court terme on en vient à se demander s'il y a vraiment un intérêt ludique. Est-ce qu'on joue par plaisir ou par habitude ? Si on se questionne pour savoir si on s'amuse vraiment, peut-on dire qu'on joue à un jeu ? C'est bien là toute la question. Le but premier des jeux services est de faire revenir régulièrement les joueurs pour augmenter les chances qu'ils fassent des microtransactions. Dans ce cas-là, les missions quotidiennes sont un moyen efficace d'y parvenir. Si les développeurs en ressortent gagnants, pas sûr que les joueurs le soient vraiment tant le sentiment de lassitude s'installe rapidement.

Fort heureusement, l'industrie du jeu vidéo moderne est loin de se résumer seulement aux jeux service, comme dit plutôt. S'ils représentent une partie importante des productions mainstream, le paysage vidéoludique est tellement varié aujourd'hui qu'on peut facilement les éviter et s'amuser. Ouf.