La scène finale de The Last of Us fut, à l'époque en 2013, l'un de ses meilleurs arguments et l'est encore toujours aujourd'hui, dix ans plus tard. Et cela vaut autant pour le jeu vidéo que pour la série HBO : justement, la tête pensante du projet télévisé s'est exprimé sur le sujet.
Attention, spoilers !
Tout est dans l'intertitre : si vous n'avez pas fait le jeu vidéo The Last of Us ou vu son adaptation en série télévisée fraîchement sortie, alors tournez les talons et déguerpissez, sous peine de vous spoiler sévèrement. Sans ça, vous êtes au bon endroit puisque nous sommes là pour parler de la toute fin de l'aventure. Enfin, pas nous, plutôt Craig Mazin, l'homme à la tête de la série HBO.
Pour rappel, vers la fin du jeu/de la série, Joel parvient enfin à ramener Ellie chez les Lucioles. Ces dernières lui avouent néanmoins que pour s'octroyer un potentiel remède contre l'infection au cordyceps, il est nécessaire d'opérer mortellement Ellie, chose que ne supporte pas notre protagoniste qui s'engage alors dans un massacre absolu pour sauver coûte que coûte sa protégée. Bien consciente que Joel lui casse quelque chose d'horrible lors de son réveil, Ellie lui demande la vérité… vérité masquée par son mentor, qui opte pour le mensonge.
Une fin puissante et subtile, qui repose essentiellement sur un jeu de regards hésitants et un timbre de voix fébrile qui trahissent les intentions de l'un et la volonté de l'autre : encore aujourd'hui, le souhait finalement très égoïste (mais humain... ?) de Joel fait débat et d'autant plus depuis la série HBO qui a remis de l'huile sur le feu avec une très belle fidélité au jeu vidéo.
Une décision approuvée par le boss
Co-créateur et showrunner de la série aux côtés de Neil Druckmann (le co-scénariste du jeu vidéo), Craig Mazin est récemment revenu sur ce final lors de son passage dans le podcast Happy Sad Confused. Et pour lui, la décision de Joel est définitivement compréhensible.
On a tendance à encourager les personnes violentes à faire des choses violentes lorsque nous approuvons leurs objectifs. Et je pense que beaucoup de gens - c'est un grand débat qui a lieu depuis la sortie du jeu et c'est pourquoi c'est une fin si formidable - beaucoup de gens croient fermement que Joel a fait ce qu'ils auraient eux-mêmes. Que si c'est leur enfant qui avait été dans cette position, ils auraient fait la même chose et beaucoup de parents en particulier ressentent cela, ce qui est compréhensible.
Alors bien sûr, tout le monde n'est pas Joel. Annihiler de sang froid tout une escouade armée jusqu'aux dents jusqu'à exécuter des chirurgiens innocents, qui plus est dans un monde qui ne regorge plus tellement de spécialistes de la santé, c'est un acte moral assez ténébreux : pour Mazin, c'est même "choquant" et "terrifiant".
Quand vous avez un enfant, la profondeur, l'irrationalité de votre lien avec lui ne peut être estimée. Donc, oui, il (Joel) arrive à cet endroit et fait quelque chose d'assez choquant et terrifiant dans une certaine mesure et je soupçonne que la plupart des gens se disent que c'est "OK".
Jouer avec l'esprit
Auteur du scénario de The Last of Us avec Bruce Straley, Neil Druckmann a fait fort et a d'ailleurs surenchéri avec The Last of Us Part II, certainement encore plus clivant comme tous les joueurs du jeu le savent. D'une certaine manière, on peut dire que l'Américain aime torturer l'esprit des gens, mais avec une volonté précise : les faire réfléchir sur des thèmes précis et les emmener sur des terrains insoupçonnés. Une gymnastique psychologique que souligne Craig Mazin.
Ce dans quoi Neil a toujours excellé, c'est sa capacité à forcer les gens à affronter un sentiment, puis à s'interroger et à se remettre en question jusqu'à ce qu'ils ne se sentent plus aussi certains de ce sentiment précis. Et c'est quelque chose que nous nous efforçons de faire également.
On rappelle qu'une saison 2 débutera son tournage probablement en 2024 et que celle-ci adaptera une partie de The Last of Us Part II. Elle devrait être plus sombre et plus violente et quand on connait le déroulé scénaristique du jeu vidéo… on comprend pourquoi.