The Witcher : En attendant l'extension de Cyberpunk, Geralt assure

CD Projekt a récemment fait l'actualité en raison d'une étrange rumeur (démentie) de rachat par Sony, mais ce sont ici les résultats de la firme polonaise qui nous intéressent. Sans sorties majeures, sauf si on compte l'arrivée de la version next-gen de The Witcher 3 : Wild Hunt comme tel, il est normal de constater une baisse des revenus du développeur. Pour le premier trimestre 2023, CD Projekt enregistre une baisse de 19% de son chiffre d'affaires, qui s'établit à 38,7 millions d'euros.

L'entreprise maximise cependant ses résultats en présentant un bénéfice net de 15,4 millions d'euros, en hausse de 1%. Piotr Nielubowicz, directeur financier, a profité de la présentation des résultats pour indiquer que, comme les périodes précédentes, c'est Cyberpunk 2077 qui a le plus contribué au chiffre d'affaires, signe que le titre connaît poursuit son excellente vie commerciale à quelques mois de la sortie de son extension Phantom Liberty, qui sera présentée au Summer Game Fest la semaine prochaine.

Cependant, l'arrivée de The Witcher 3 sur consoles de nouvelle génération, associée à une grosse mise à jour PC, a permis à CD Projekt de présenter un bilan encore plus solide. Les aventures de Geralt de Riv se sont désormais écoulées à plus de 75 millions d'unités, dont 50 millions rien que pour le troisième épisode ! Oui, The Witcher 3 fait désormais partie du Top 8 des jeux les plus vendus de l'histoire, en se situant pile entre Red Dead Redemption II (53 millions) et la première génération de Pokémon (47,2 millions). Huit ans après sa sortie et bien aidé par la série et la mise à jour next-gen, The Witcher 3 ne semble pas prêt à prendre sa retraite. Pourtant, les projets sont nombreux chez CD Projekt, et on a eu droit à une petite mise à jour.

En mettant à jour son graphique en date du 30 avril, on sait désormais que le support pour Cyberpunk 2077 et The Witcher 3 Next-gen est désormais extrêmement limité, et que la part la plus conséquente des effectifs se concentre sur la fin du développement de Phantom Liberty. En parallèle, on note une très nette augmentation du nombre de développeurs au travail sur The Witcher : Polaris, qui lancera une toute nouvelle saga. Ils sont désormais au nombre de 220, et la taille de l'équipe devrait encore grandir.

Pour le reste, notons que le développement remake du premier The Witcher se poursuit chez Fool's Theory et que Sirius, un spin-off confié au studio interne The Molasses Flood, a récemment fait l'objet d'une réévaluation qui a conduit au licenciement de 29 employés. A ceux-là s'ajoutera le licenciement de 30 personnes supplémentaires, CD Projekt ayant décidé de dissoudre l'équipe dédiée au Gwent.

Microsoft entame son bras de fer face à la CMA

L'annonce de la décision de bloquer le rachat d'Activision Blizzard King par Microsoft par la CMA a fait grand bruit. Alors que les analystes annonçaient une validation, le régulateur britannique en a décidé autrement en pointant du doigt le risque que représente ce rachat pour le jeune marché du cloud gaming. Microsoft avait pourtant apporté un certain nombre de garanties, qui ont été beaucoup plus favorablement reçues par la Commission Européenne.

Il aura ensuite fallu attendre un peu, mais Microsoft a fini par officiellement faire appel de la décision, espérant que la procédure se lance avant l'ouverture du procès face la FTC en août. Aujourd'hui, face à la Cour d'Appel de la Concurrence, Microsoft a présenté ses arguments et émis ses souhaits quant au calendrier de la procédure. La CMA souhaitait la retarder le plus possible, mais le juge a plutôt donné raison à Microsoft : la deuxième audience dédiée à l'étude du dossier aura lieu le 12 juin, et les audiences officielles débuteront pour 6 à 10 jours à partir du 24 juillet. Pour appuyer sa demande, Microsoft a plusieurs fois pointé ce qu'elle estime être des erreurs de la CMA.

La firme américaine a listé toutes les validations, dont l'accord très récent de la Corée du Sud, pour monter que seule la CMA s'opposait réellement au rachat, et ce à cause d'un marché du cloud gaming encore tout petit. La CMA n’aurait donc pas suffisamment tenu compte des contraintes, ce qui a conduit à une « évaluation erronée de la position de l’entreprise dans le secteur des jeux en cloud ». Autrement dit, la CMA aurait très largement exagéré l'importance du cloud sur le marché des jeux. De plus, la CMA n'aurait pas tenu compte des accords signés avec divers acteurs du cloud gaming, qui ont reçu un « soutien massif » de l'industrie et du public.

La décision de la CMA est erronée pour de multiples raisons, notamment parce qu’elle surestime le rôle de la diffusion cloud sur le marché des jeux et notre position sur ce marché, et parce qu’elle ne veut pas prendre en considération des solutions qui ont reçu un soutien massif de la part de l’industrie et du public. Nous sommes confiants dans la force de notre appel et dans les engagements contraignants que nous avons pris pour accroître la concurrence et le choix pour les joueurs d’aujourd’hui et de demain.

La procédure est cependant encore longue et, plus important encore, elle ne garantit rien. Si la CMA perd en appel, elle devra mener une nouvelle enquête, mais pourrait très bien arriver aux mêmes conclusions et bloquer le rachat. Microsoft devrait alors abandonner l'opération de rachat, ou aller au bout en quittant le territoire britannique.

De God of War à Netflix

Le mercato des développeurs est quasi-constant, mais il y a quelques noms qui nous font redresser la tête. Lorsque Joseph Staten de chez 343 Industries quitte définitivement Microsoft pour Netflix Games, que Raphaël Colantonio quitte Arkane pour fonder WolfEye (Weird West) ou encore que Mac Walters quitte BioWare, c'est remarqué. Et il en va de même pour Rafael Grassetti, qui, le 19 mai dernier, avait annoncé son départ de Sony Santa Monica. Après avoir oeuvré sur God of War, le directeur artistique a eu envie découvrir autre chose. Son CV est particulièrement solide, puisqu'on le retrouve aux crédits de Mass Effect 3 mais aussi du côté de chez CD Projekt et Ubisoft. Le développeur brésilien travaillait à Santa Monica depuis près de 10 ans, et c'est désormais chez Netflix Games qu'il officiera !

Je suis heureux d'annoncer que j'ai rejoint Netflix pour développer un nouveau jeu AAA sur une licence originale. Je suis très enthousiaste à l'idée de constituer une équipe et de travailler avec les formidables Joseph Staten, Jerry Edsall et Chacko Sonny pour donner vie à un nouveau monde.

Vous l'aurez compris, il ne s'agit pas d'aller développer un jeu mobile ou une petite expérience interactive, mais un gros jeu, avec un gros budget et une équipe conséquente. Avec l'annonce de l'arrivée de Rafael Grassetti, Netflix confirme une fois de plus ses intentions, qui, dans le cas présent, prendront forme dans quelques années. Reste que la division gaming du géant est en train de constituer une véritable "dream team" de vétérans. Rappelons toutefois qu'empiler les talents et les personnes expérimentées ne garantit en rien la sortie d'un jeu qui prétendra au titre de jeu de l'année. On se donne rendez-vous dans plusieurs mois voire des années pour découvrir la vision créative derrière cette licence inédite.

Redfall : dans les coulisses de l'échec

Le 2 mai dernier, Arkane Austin, studio auquel on doit Prey, sort Redfall. Un jeu de tir coopératif en monde(s) ouvert(s) teinté d'éléments de shooter-looter et d'immersive sim. A la croisée des chemins entre un Left 4 Dead et Far Cry 5, le titre n'a malheureusement pas convaincu grand-monde. La critique a globalement eu la dent dure au sujet du jeu, et les joueurs ont globalement fait les mêmes retours. Problèmes techniques, structure floue, éléments de jeu-service qui semblent à part, nombreuses ont été les critiques. Au final, Redfall s'est retrouvé avec un maigre 54 / 100 sur Metacritic, et Microsoft a même déclaré avoir été surpri de l'accueil par rapport à son étude interne.

On s'est donc naturellement demandé ce qu'il s'est passé pour ce studio à la réputation si solide, que ce soit du côté de Lyon ou d'Austin, se loupe. Les premières éléments de réponse viennent évidemment de Jason Schreier, qui a mené l'enquête pour le compte de Bloomberg. D'après les témoignages d'une dizaine de personnes témoignant de façon anonyme, le jeu aurait souffert d'une direction peu claire et d'un manque continu de personnel. Zenimax aurait poussé à la création d'un jeu-service, tandis qu'Arkane voulait tenter l'aventure du jeu de tir en coopération.

Au cours du développement, les différentes équipes auraient été guidées par différentes références, allant de Far Cry à Borderlands, et auraient donc travaillé de façons différentes sans trop savoir comment fonctionnait le rapport entre l'aspect solo et multi. En associant cela à des difficultés de recrutement, il était difficile d'avancer de façon claire. Pourtant, Harvey Smith y croyait, pensant que la magie opèrerait une fois que les différents éléments allaient être rassemblés et optimisés. Une idée de "magie" qui animait également les équipes de chez BioWare, qui ont fini par se heurter à un mur avec Mass Effect Andromeda puis Anthem.

Le rachat de Zenimax par Microsoft n'a visiblement pas eu de grosses conséquences, puisque l'entreprise aurait appliqué son principe non-interventionniste. Une erreur d'ailleurs reconnue par Phil Spencer lors de sa récente interview accordée à Kinda Funny Games, qui déclarait qu'Xbox n'a pas fait du bon travail lors de l'intégration d'Arkane à cette grande galaxie que sont les Xbox Games Studios. Il ressort également que les développeurs (moins de 100 au sein de la core team), n'ont jamais été pleinement convaincus par l'idée du multijoueurs. On comprend donc qu'une multitude de facteurs ont conduit à la situation de Redfall.

En bref dans l'actualité business de la semaine

• Dans une interview (qui fait déjà débat) accordée à Variety, Bobby Kotick a révélé qu'Activision Blizzard avait envisagé de racheter Time Warner si l'opération d'acquisition par AT&T avait échoué.
• Il a aussi nié les accusations de harcèlement systémique au sein de l'entreprise, invoquant une volonté de déstabiliser l'entreprise la part de "groupes ouvriers" et une incompréhension. Il ajoute que le Conseil d'Administration (dont il a choisi les membres), ne l'aurait pas laissé en poste si "tout cela était vrai". Reste à voir comment les jeunes syndicats ainsi que le personnel réagiront à ces déclarations
• Après 24 ans d'existence, studio Vanpool, qui a oeuvré sur Kirby et le Monde Oublié, Freshly-Picked : Tingle's Rosy Rupeeland ou encore Paper Mario : Color Splash, a fermé ses portes. Les raisons n'ont pas été dévoilées.
• Des anciens de CD Projekt lancent le studio Blank, qui rejoint donc Rebel Wolves et Dark Passenger dans la liste des studios fondés par des anciens du studio polonais. Ils sont actuellement 10 et vont recruter pour arriver à 60.
• Sans surprise, la 20e semaine de l'année (15-21/05) a été dominée en France par les ventes physiques et en valeur de The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom. Le titre de Nintendo est suivi par la version PS4 de Hogwarts Legacy : l'Héritage de Poudlard, et par l'indétrônable Mario Kart 8 Deluxe. A la quatrième place, revoilà Tears of the Kingdom avec cette fois-ci l'édition collector, tandis que la 5e place du top est occupée par The Legend of Zelda : Breath of the Wild, qui bénéficie évidemment de la sortie de sa suite.

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