Encore aujourd’hui, certains réalisateurs de renom ne se remettent pas de la popularité grandissante de Netflix et des autres plateformes de SVOD. Pour eux, elles font du tort au cinéma qu’ils ont connu et auquel ils ont donné vie à plus d’une reprise. Comme à son habitude, le réalisateur David Lynch ne se retient jamais de dire ce qu’il pense. Si vous avez l’habitude de regarder de grands films sur votre écran de téléphone et que vous évitez les salles de projection, eh bien, il vous plaint !
Netflix fait de la place aux grands noms du cinéma… mais ne plaît pas à tous
Quoi qu’on en dise, l’arrivée des smartphones a révolutionné nos rapports à la technologie et Netflix, de son côté, en a profité pour casser les codes du divertissement et notre manière de le consommer sous différentes formes (longs-métrages, séries, documentaires, émissions en tout genre). En faisant cela, Netflix a ouvert une brèche dans laquelle de nombreux concurrents se sont engouffrés : Amazon avec Prime Video, Disney avec Disney+, Apple avec Apple TV, HBO avec MAX, … Bref, on répertorie des tonnes d’exemples. Alors forcément, pour le « vrai » cinéma, celui qui nous vient d’Hollywood et que l’on prend plaisir à découvrir sur grand écran dans les salles obscures, on a vite eu l’impression d’être confronté à une concurrence potentiellement dévastatrice.
Malgré tout, ce ne serait pas vraiment pertinent d’opposer ces deux mondes tant la frontière qui les sépare est poreuse. Depuis quelques années maintenant, le géant américain de la SVOD fait du charme à certains des plus grands réalisateurs de ce monde, leur octroyant parfois des sommes faramineuses — on peut citer les 160 millions de dollars de The Irishman de Martin Scorsese — tout en bénéficiant de leur statut de cadors du 7ème Art pour attirer un public peut-être un peu plus pointu. D’ailleurs pour ces derniers et pour éveiller les jeunes générations aux films de patrimoine, le catalogue de Netflix se développe régulièrement en accueillant des collections d’anciens films (collection François Truffaut, Agnès Varda, …) et en instaurant des catégories comme « Cinéma d’auteur » ou « Classique » qui mettent en lumière quelques-unes des grandes productions du cinéma.
Comédies Netflix, smartphones, … L’art de la punchline selon David Lynch
En dépit de toutes ces actions qui vont dans le bon sens pour la préservation du cinéma et l’accessibilité et la richesse cinématographique à destination du plus grand nombre, certains cinéastes tels que David Lynch n’ont pas Netflix à la bonne. À quelques semaines du lancement de la nouvelle édition du festival de Cannes où il y apparaîtra en tant que conférencier, l’iconique réalisateur de la série Twin Peaks (qu’on a eu le plaisir d’apercevoir dans The Fabelmans le temps d’un caméo) s’est entretenu auprès de la rédaction des Cahiers du Cinéma, partageant ses craintes pour l’industrie et cassant du sucre sur le dos de plusieurs coupables. Coronavirus, technologies, les comédies Netflix avec Adam Sandler (en référence à Murder Mystery 1 et 2) : David Lynch n’y est pas allé de main morte.
Les longs métrages se portent mal, les séries les ont remplacés. Les gens vont moins au cinéma qu'avant, à cause du coronavirus notamment. Avant, les films étaient conçus pour le grand écran, pour de bonnes enceintes (…) Mais tout ça, c'est de l'histoire ancienne ! C'est inquiétant. Maintenant, plein de projets sont vus sur des téléphones et des tablettes. Les gens pensent avoir vu le film, alors qu'ils n'ont rien vu du tout : c'est triste.
Pour lui, l’utilisation des smartphones ne permet pas de saisir toute l’essence d’un long-métrage, à l’exception peut-être des comédies que peut produire Netflix auxquelles il n’a pas pu s’empêcher de mettre un petit taquet en faisant référence à la récente parution de Murder Mystery 2. Néanmoins, Lynch n’est pas aussi virulent qu’il le laisse imaginer puisqu’il a assez rapidement enchaîné sur son expérience personnelle, lui qui durant ses jeunes années découvrait des classiques sur une télévision bien moins performante que nos écrans plats. Et puis, il ne faut pas oublier que le réalisateur a tout de même un petit passif avec Netflix puisque la plateforme lui a notamment permis de produire un court-métrage en noir et blanc, baptisé Qu’a fait Jack ? Aigri, David Lynch ? Pas vraiment, disons plutôt qu’il ne mâche pas ses mots et défend sa vision du cinéma.
Cela dit, j'ai grandi en regardant des classiques sur une assez petite télévision (…) Il me fallait juste une image et un son correct. Le scénario et les performances étaient perçus à travers ce tout petit écran. Tout ce qui comptait alors, c'était qu'une bonne histoire soit racontée. Mais si vous pouvez regarder quelque chose sur un écran de télévision, vous n'avez pas d'excuse. (…) Sauf, bien sûr, si on parle d'une comédie Netflix avec Adam Sandler. Dans ce cas de figure, allez-y, rien ne sera perdu. »