Le Seigneur des Anneaux n’a pas encore révélé tous ses secrets. Entre la série Amazon, les nouveaux films et les nombreux jeux vidéo, les fans vont crouler sous les adaptations. On a pu découvrir le tout dernier jeu, intitulé Le Seigneur des Anneaux : Gollum. Avec lui, le ciel s’assombrit sur la Terre du Milieu.
Sommaire
- Histoire
- Graphismes
- Gameplay
- Scénario
- Contenu
Histoire
L’univers du Seigneur des Anneaux est probablement l’un des plus riches de l’Heroic-Fantasy, voire de la fiction tous genres confondus. Il faut dire que J. R. R. Tolkien, puis son fils Christopher ont enrichi le lore durant des décennies. Une dizaine d’ouvrages racontent ainsi l’Histoire de la Terre du Milieu, de sa création par les Dieux à la destruction de l’Anneau unique, un artefact bien connu des fans et des cinéphiles. Pour vous faire une idée, on parle de plus 12 mille ans d’histoire imaginés par deux auteurs britanniques inspirés et à l’imagination débordante. Le père a même inventé une langue - l’elfique - et posé les bases de plusieurs autres dont celle des Nains. Petit tip pour briller dans les dîners mondains… la trilogie Le Seigneur des Anneaux réalisée par Peter Jackson se déroule au Troisième Âge des Années du Soleil. La série produite par Amazon Studios s’intéresse quant à elle au Second Âge.
Revenons au sujet du jour. Le Seigneur des Anneaux : Gollum se focalise sur le personnage du même nom devenu célèbre grâce à la performance “capture” de l’acteur Andy Serkis. Avant toute chose, il est toujours bon de rappeler que ce jeu d’action-aventure développé par Daedalic Entertainment n'est canon ni aux films de Peter Jackson, ni aux romans de Tolkien et encore moins à la série Amazon Les Anneaux de Pouvoir. Pour faire simple, il s’intercale entre Le Hobbit et La Communauté de l’Anneau, et couvre partiellement les 70 ans séparant les épopées de Bilbon Sacquet et de son neveu Frodon, mais seulement du point de vue de Gollum, un semi-homme autrefois appelé Sméagol. Le jeu de Daedalic s’intéresse en particulier à ses années passées en captivité dans les geôles de Barad-dûr, la demeure de Sauron qu’il finira par fuir. Ses errances sur les terres sombres du Mordor commencent ici et le mènent à faire la rencontre du nouveau porteur de l’anneau… Frodon.
Graphismes
Le Seigneur des Anneaux : Gollum cherche à s’émanciper d’un imaginaire imposé par les œuvres cinématographiques de Peter Jackson, et c’est tout à son honneur. Les artistes renouent ici avec l’univers papier, trop longtemps délaissé, et s’inspirent ouvertement des illustrations qui subliment les romans. Nous devons ces premiers visuels de la Terre du Milieu à John Howe et Alan Lee. Ces deux artistes sont à l'origine du cachet si particulier qui se dégage visuellement de la saga, et c’est ce fameux cachet que Daedalic espère transposer dans son jeu.
Si les intentions sont là, la mise en pratique laisse encore à désirer. Le jeu de Daedalic Entertainment est clairement à la traîne vis-à-vis de la concurrence et semble d’une certaine manière appartenir à l’Histoire. Et ce n’est pas un compliment. L’expérience est trop souvent entachée par de multiples bugs et des errances techniques qui font du Seigneur des Anneaux : Gollum une production d’un ancien temps avant même sa sortie. Corriger le tir va demander énormément d’effort, de temps et donc d’argent. L’éditeur peut-il vraiment se permettre une telle débauche de moyens ? Pour rappel, le développement de Gollum a commencé il y a 6 longues années, soit une éternité dans le monde du jeu vidéo.
Gameplay
Nous pourrions passer outre la technique, si seulement le gameplay était à la hauteur. Le Seigneur des Anneaux : Gollum s’inspire d’une saga qui a fait ses preuves, celle des Styx avec Master of Shadows et Shards of Darkness des studios Cyanide. La comparaison peut sembler facile, mais dans les faits… un jeu d’action-aventure linéaire qui met l’accent sur l’infiltration au sein d’un univers d’Heroic-Fantasy… ça ne vous rappelle rien ? Et en même temps, ce genre colle parfaitement au personnage de Gollum, loin d’être une force de la nature. Pour survivre, il ne peut compter que sur sa roublardise, sa discrétion et son agilité, ce que propose Daedalic, les finitions en moins.
L’expérience “Gollum” repose fondamentalement sur l’exploration et l’infiltration avec tout ce que cela implique en termes de mécaniques de gameplay. Les développeurs n’inventent rien dans ce domaine. Ils essayent surtout d’appliquer leur formule avec plus ou moins de réussite. Et au jeu des PLUS et des MOINS, c’est pour le moment le MOINS qui l’emporte. Gollum peut supposément grimper, se suspendre et explorer les environnements comme le ferait un Nathan Drake ayant perdu ses aptitudes en Parkour. Car notre héros est en réalité bridé par un gameplay contre-intuitif, mais aussi par des animations bien trop rigides. Les phases de plateforme finissent par devenir laborieuses et coupent l’envie de découvrir l’univers de Tolkien.
Même les séquences d’infiltration et d'éliminations discrètes peinent à donner le change. Tout paraît encore trop “mécanique”, trop “rigide”, trop “guidé” pour permettre aux joueurs de s’épanouir manette en mains. L'intelligence artificielle des ennemis repose pourtant sur la vue ET une ouïe extrêmement fine qui ne parvient pas encore à faire oublier les défauts cités précédemment. Mais il y a encore de l’espoir. Gollum se démarque des autres personnages de la saga par sa schizophrénie. L’ancien Hobbit vit pour ainsi dire en colocation avec le chétif et lâche Sméagol. Deux êtres que tout oppose ou presque dans un même avatar, la promesse de Daedalic est alléchante d’autant plus que cela se traduit en jeu par des séquences dédiées, des débats, des meurtres et des décisions à prendre. Remporter lesdits débats permet d’imposer ses choix à son alter-ego et donc de décider de la fin de l’aventure. Le Seigneur des Anneaux : Gollum innove peu et transforme avec difficulté ses idées en expérience ludique séduisante.
Scénario
Il est encore trop tôt pour juger du scénario surtout que la session de jeu - d’une durée de 45 minutes - couvrait partiellement les chapitres 3 et 7. Pour faire simple, nous avons été parachutés en plein Mordor puis dans le Royaume Sylvestre en compagnie de Gollum ce qui ne permet pas de se forger une opinion sur les qualités ou non du récit. Le Seigneur des Anneaux : Gollum cherche clairement à plaire aux fans des romans et à les surprendre. Sur ce point en particulier, les scénaristes ont une vraie carte à jouer. Attention tout de même ! Daedalic veut nous offrir une histoire originale jamais contée et surtout portée par des personnages inédits. Cette prise de risque peut payer ou au contraire attiser la colère des puristes.
Malheureusement, la mise en scène n’est pas au niveau. Les élans narratifs et les tentatives de rendre l’aventure épique se heurtent à une dure réalité. La réalisation n’a en sa possession ni les outils ni les moyens de mettre en images les ambitions des studios. Seules quelques cinématiques dont celle de l’introduction sont dignes de l’univers de Tolkien. Pour le reste, à commencer par les scènes de dialogues charcutées par des champs contrechamps d’un autre temps, la copie est presque intégralement à revoir.
Contenu
Le Seigneur des Anneaux : Gollum est un jeu d’action-aventure linéaire qui ne propose qu’une campagne solo. Il n’est aucunement question de modes multijoueurs ou bien alternatifs ici, mais bien d’une aventure dont la durée devrait avoisiner la vingtaine d’heures. Ces chiffres restent à confirmer une fois la version définitive entre les mains. Daedalic promet tout de même une feature qui devrait emballer les joueurs. Gollum proposera à termes plusieurs fins par chapitre, mais aussi plusieurs fins une fois l’aventure arrivée à son terme. La mort de certains personnages justement créés pour l’occasion, mais aussi les décisions prises par le duo Gollum - Sméagol auront de vraies conséquences sur la destinée de cet être schizophrène corrompu par le Précieux. Pour rappel, le jeu n’est pas canon. Ces multiples fins n’impacteront jamais l’univers imaginé par Tolkien.
Gollum est encore loin d’avoir retrouvé son Précieux. Ce jeu d’action-aventure Le Seigneur des Anneaux ne manque pas de passion, mais pêche par manque de maîtrise. Il a encore tout à prouver. La route vers la Montagne du Destin sera longue !