Dans les années 70, le studio de production de films japonais Toei tente de faire son propre Star Wars pour surfer sur le succès du film de George Lucas. Mais loin d'être une pâle copie, le long-métrage a fait l'objet d'un soin particulier avec à la tête un cinéaste de renommée et un budget conséquent qui l'ont rendu culte au fil du temps.
Un pur blockbuster des années 70
Le cinéma a toujours traversé de grandes ères tout au long de son histoire. Après plusieurs décennies, l'Âge d'Or d'Hollywood arrive à son terme dans les années 60 avec des projets toujours plus faramineux mais qui ne trouvent plus leur public. Face à ce déclin, une nouvelle vague de cinéastes tentent de renouveler la façon de faire des films ce qui donne lieu au Nouvel Hollywood en plein dans les années 70. Les grands noms de ce mouvement, vous les connaissez car ils ont marqué l'histoire du septième art : Brian de Palma, Francis Ford Coppola, Martin Scorcese... Parmi tous ces grands noms, deux ressortent particulièrement alors qu'ils vont paradoxalement mettre fin à cette ère pour qu'Hollywood revienne à un mode de production plus traditionnel avec de gros budgets pour réaliser des blockbusters. Si vous connaissez bien l'histoire du cinéma, vous avez bien compris qu'on parle de Stephen Spielberg et surtout de George Lucas qui va nous intéresser aujourd'hui.
Au milieu des années 70, George Lucas travaille sur le premier Star Wars qui va rencontrer le succès que l'on connaît aujourd'hui et relancer la mode des blockbusters. Face à la popularité du projet, la science fiction revient à la mode et certains s'inspirent, avec plus ou moins de subtilité, du phénomène. Récemment on vous avait parlé de Dünyayı Kurtaran Adam, littéralement L’homme qui sauva le monde mais que l'on connaît plutôt sous le nom de Turkish Star Wars. Il faut dire que le film de Cüneyt Arkın plagie allègrement le long-métrage de George Lucas en n'hésitant pas à intégrer carrément des extraits d'Un Nouvel Espoir tels quels. S'il s'agit là d'un véritable nanar, un film tellement mauvais que le visionnage en devient involontairement comique, d'autres longs-métrages ont surfé sur la vague engendrée par Star Wars avec beaucoup de plus subtilité et d'intelligence.
Un film inspiré par Star Wars... vraiment ?
Après la diffusion d'un Nouvel Espoir, la Toei, l'un des plus grands studios de productions japonais, décide de faire son propre Star Wars qui ne sera ni un nanar, ni un pur plagiat. Preuve de cela, la compagnie met le paquet avec un budget faramineux de six millions de dollars et place à la tête du projet un réalisateur de renom : Kinji Fukasaku. Si ce nom ne vous dit rien au premier abord, vous le connaissez sûrement pour quelque chose qu'il a réalisé bien plus tard : Battle Royale. Tiré du roman du même nom, le principe du long-métrage a donné naissance à un genre que l'on retrouve partout aujourd'hui dans le jeu vidéo. Mais à l'époque, Kinji Fukasaku est connu pour ses films de Yakuza qu'on appelle alors Yakuza eiga, autrement dit des oeuvres d'une certaine violence.
Sorti en 1978, Les Évadés de l'Espace ressemblent beaucoup à Star Wars au premier abord. Des rebelles qui se battent contre un Empire, avec une princesse interprépide, des comic reliefs, des soldats impériaux, un personnage qui se bat au sabre ou encore une planète qui prend la forme d'une forteresse... Bref, les ressemblances sont nombreuses. Mais en réalité, l'oeuvre de Fukasaku ne ressemble pas à Star Wars... qu'aux références qui ont inspirés Star Wars. Aujourd'hui, c'est assez connu mais pour son long-métrage, George Lucas s'est beaucoup inspiré de l'oeuvre d'Akira Kurosawa, réalisateur japonais cultissime que l'on connaît pour ses films de samurai entre les années 50 et 60. Ainsi, les deux projets s'inspirent aussi bien des Septs Samurais que de Rashômon, ce qui explique ces nombreuses ressemblances. Mais Fukasaku apporte aussi sa propre touche avec des séquences plus violentes et des moments où l'esprit de groupe prend le pas sur le reste. Pour toutes ces raisons, Les Évadés de l'Espace reste divertissant malgré son esthétique typique de son époque, et ce, même aujourd'hui.